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Militantisme en politique : Les jeunes victimes de leur prudence

Publié le jeudi 26 juin 2014 à 00h43min

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Militantisme en politique : Les jeunes victimes de leur prudence

‘’Les jeunes ne s’intéressent pas à la politique sous nos tropiques’’ dit-on. Ils semblent se méfier de s’afficher politiquement, ou se veulent prudents dans leur militantisme au sein de partis ou formations politiques. Du coup, ils sont accusés d’être des ‘’incapables’’.

Les critiques acerbes à l’endroit de la jeunesse qu’on trouve être en retrait de la politique, sont légion. Ils sont nombreux, ces ‘’vieux’’ leaders politiques qui dénigrent publiquement les jeunes perçus comme étant des ‘’ politiquement inaptes’’. Le professeur Laurent Bado fait partie de ces ‘’papis piqueurs-soufleurs’’ de la jeunesse. A l’occasion d’une conférence publique à Ouagadougou le 17 mai dernier, ce dernier a précisé que « la jeunesse est un mollusque, un invertébré », quant à la participation citoyenne, particulièrement en politique. En clair, les jeunes s’abstiennent à être des acteurs politiquement engagés. Ce qui, à notre avis, n’est pas faux. Mais pourquoi cela ?

Le comportement de nos ‘’aînés’’ acteurs politiques y est fondamentalement pour quelque chose. Ils affichent des attitudes qui emportent l’indignation. Eux-mêmes se savent faux. En témoignent la qualification de « planeurs » collée par Paramanga Ernest Yonli aux ex-dinosaures du parti au pouvoir. Dans son allocution à l’occasion du meeting du CDP le 21 juin 2014, M. Yonli a relevé – sans donner de nom – qu’il y a « des gens qui ont oublié leur hier ». Des gens qui ont bu le lait avec les tenants actuels du parti, « des gens qui, selon lui, connaissaient le berger qu’est le président Blaise Compaoré, qui connaissaient la vache qui n’est rien d’autre que le CDP ; et qui aujourd’hui, ne reconnaissent plus, ni le berger, ni la vache ; et pire, ils disent que le lait n’est plus de bonne qualité ». Et de préciser, « ces gens-là, ce sont des planeurs ».

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on a affaire à une génération de politiciens à comportement peu catholique. Toute chose qui fonde la prudence de la jeunesse vis-à-vis du militantisme politiquement affiché.

Il faut aussi venir à l’évidence que dans nos pays, les leaders politiques n’hésitent pas à user de leurs capacités de nuisance contre ceux qui viendraient à militer activement dans un parti opposé au leur. Or, aucune âme normale ne peut vouloir se faire éliminer à l’âge de la productivité où l’on savoure – le plus souvent prématurément – un avenir radieux. Il y a malheureusement des cas où des jeunes ont quitté ce monde à la suite de menaces proférées par des vieux leaders politiques qui ont vu en eux des adversaires à éliminer par tous les moyens. Il faut en effet, regretter le fait que le jeu politique dans nos contrées rompt avec la rationalité qui le sous-tend ailleurs. Le mysticisme, le maraboutage, et de nombreuses autres forces occultes interfèrent dans le jeu politique. C’est cela aussi la réalité du terrain. Mais ce n’est pas pour faire peur que ne le disons.

Il y a également que l’offre politique pour la jeunesse est très maigre. Très peu de jeunes militants sont à des postes de responsabilité au sein des instances décisionnelles de leur formation politique. Même engagés, on veut les tenir à l’écart. Un des premiers leaders politiques du Burkina – qui n’est plus - aurait même dit qu’un vieillard, même assis, voit plus loin qu’un jeune débout. Inutile donc d’associer les jeunes, encore moins de les mettre devant, semblait-il dire.

Autant de facteurs qui ont fini par instaurer le désintérêt des jeunes vis-à-vis de l’activisme politique. Mais, disons-le aussi, ils ne doivent pas se laisser enfermer dans cette situation. Ils doivent plutôt se donner les moyens d’être à côté de ces politiciens jaloux de leur capacité d’influence et en même temps accusateurs. Dans ce sens, et pour Laurent Bado, « C’est aux jeunes de se lever, de s’engager en politique, avec discernement sans jamais se laisser tromper » ; mais en se laissant guider par la définition purement juridique de la démocratie, selon laquelle la démocratie est le régime dans lequel, tous les citoyens possèdent à l’égard du pouvoir, un droit de participation (chaque citoyen est électeur et éligible) et un droit de contestation (chaque citoyen peut contester les décisions du pouvoir). Et cela semble commencer à être compris. En effet, il y a de plus en plus de partis politiques créés par des jeunes, même s’ils végètent encore dans l’ombre. La création tout azimut de mouvements de jeunesse se réclamant de la société civile, participent aussi de cette dynamique d’engagement des jeunes. Le militantisme de la jeunesse en politique, nous y reviendrons dans nos prochaines livraisons, en donnant la parole à des jeunes à Ouagadougou.

Fulbert Paré

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 26 juin 2014 à 01:50, par Henry sebgo En réponse à : Militantisme en politique : Les jeunes victimes de leur prudence

    Les politiciens d’hier et d’aujourd’hui (surtout l’elite dirigeante, bourgeois issus de l’accumulation primitive de nos deniers publiques pour se constituer en pre-capitalistes) par leur attitude et comportements, par leur agissement montrent à la jeunesse dans son ensemble que la politique est faite pour les êtres fourbes, menteurs, mesquins, et trompeurs. Par la ruse ces bourgeois affames d’argent et la chose matérielle nous montrent que la politique est faite pour pour les tirans, les pantheres et autres. Des politiciens qui n’ont aucun ideal politique, aucune ideologie, comment voulez-vous que dans ces conditions la jeunesse ne soit pas desorientee ? Comment militer dans ces conditions ? Certains jeunes font du suivisme et non du militantisme. Parce que c’est le chemin le moins difficile. Or, pour être militant il faut du courage, être honnete, etre critique et être autocritique, il faudra forcement avoir un ideal dans la vie, avoir une orientation ideologique bien definie, accepter se sacrifier pour ces convictions et son orientation. Se battre dans le cadre de son orientation pour l’epanouissement du peuple de sa nation. Nonobstant, les verites que vous et moi admettons sur le non militantisme des jeunes, force est de constater qu’au burkina faso il y a une fraction de la jeunesse qui est consciente des enjeux politiques actuels. Heureusement pour le Burkina que l’espoir est permis, que l’on pourra compter cette jeunesse qui deviennent de plus en plus consciente de la situation actuelle.

    • Le 26 juin 2014 à 11:24, par Tifis En réponse à : Militantisme en politique : Les jeunes victimes de leur prudence

      Vous vous trompez d’année mon ami, vous vous trompez de génération. Celle de 2014 est plus qu ’engagée, elle est déterminée a faire entendre sa voie. Le train de 2015 ne décollera pas sans nous. Nous serons tous abord de ce train et on descendra à la même destination. C’est le moment de la jeunesse.

    • Le 26 juin 2014 à 18:08, par djoukèla En réponse à : Militantisme en politique : Les jeunes victimes de leur prudence

      effectivement que les éléments du mpp sont des planeurs .d’abord ,ils n’ont rien de convaincant car ils n’ont pas de preuves concrètes qui puisse incité des militants conscients de les suivre .les gars du mpp sont des éléments du cdp égarés qui dans la nature ne savent pas comment s’orienter .en un mot ce sont des planeurs .

    • Le 26 juin 2014 à 19:32, par la fille du capo En réponse à : Militantisme en politique : Les jeunes victimes de leur prudence

      Petit a petit les jeunes sont en train de comprendre l’enjeu de la politique au Burkina Faso et je suis convaincu que la jeunesse finira par prendre la place qu’il faut au pays des hommes intègres.

  • Le 26 juin 2014 à 05:13, par king En réponse à : Militantisme en politique : Les jeunes victimes de leur prudence

    Merci monsieur PARE pour votre écrit. L’une des causes également du désintérêt des jeunes à la politique se traduit aussi, par le fait que beaucoup de nos politiciens ne cultivent pas ou manquent même de charisme pour attraire. Ils ont des réactions circonstanciées ou occasionnelles quand les échéances électorales approches. Apres celles-ci la vie politique de certains partis ou politiciens se résume à leurs noms : pas d’activités ;pas de formation continue des militants...Bref,c’est un cas de décès politique par inaction. Comment vouloir qu’un jeune s’engage à fond dans ces conditions ?

    • Le 26 juin 2014 à 07:27, par Kalil En réponse à : Militantisme en politique : Les jeunes victimes de leur prudence

      "Un des premiers leaders politiques du Burkina – qui n’est plus - aurait même dit qu’un vieillard, même assis, voit plus loin qu’un jeune débout. Inutile donc d’associer les jeunes, encore moins de les mettre devant, semblait-il dire".

      M. Paré, vous n’avez pas compris le sens de cette phrase de feu le prof JKZ. Cette pensée ne fait nullement allusion à une quelconque incapacité des jeunes, mais signifie tout simplement que les aînés sont plus sages que les jeunes ; les jeunes quant à eux sont très actifs, mais il leur manque souvent la retenue face à certaines situations. D’où l’auteur de cette phrase disait-il qu’il faille combiner les atouts des jeunes et des aînés pour remporter les luttes que ces deux générations menaient et mènent encore et toujours ensemble.

      • Le 26 juin 2014 à 17:20 En réponse à : Militantisme en politique : Les jeunes victimes de leur prudence

        Monsieur Paré, chez les mossé ont dit que "l’oeil de l’enfant est blanc mais il ne voit pas" ou encore que "la bouche du vieux pue le tabac mais ses paroles ne puent pas". Mais çà, le vrai mooré des vrai mossé. Pas celui de Samorogouan.

    • Le 26 juin 2014 à 09:14, par Amy la Star En réponse à : Militantisme en politique : Les jeunes victimes de leur prudence

      Yonli est très mal placé car lui aussi oublié son "hier"
      C’est Salif Diallo qui l’ a sorti du néant et fait de lui ce qu’il est sinon il poirosser au cedres et quémander les bons d’essence chez salif
      Quelle honte pour ce monsieur qui pendant que sa femme accidentée était entre la vie et la mort, tournait dans la tapoa pour distribuer des tee shirts cdp
      Stp paré tu peux parler de tout le monde sauf yonli qui est vomi à l’est

      • Le 26 juin 2014 à 17:19, par Caro En réponse à : Militantisme en politique : Les jeunes victimes de leur prudence

        Amy la Star, tu prends ton Salif Diallo pour un faiseur de "Rois", un faiseur de leaders politiques ? Je te fais remarquer que ton Salif n’a intégré la scène politique que quand il était étudiant. Il n’a jamais occupé une fonction administrative, il a toujours été nommé et une nomination ne fait pas forcement référence à une compétence. A bien voire, ton Salif c’est quelqu’un qui l’a fait, ce ne sont donc pas ses compétences qui l’ont amené là ou il est arrivé.

  • Le 26 juin 2014 à 09:43 En réponse à : Militantisme en politique : Les jeunes victimes de leur prudence

    Le désintérêt des jeunes pour la politique est une réalité dans les 4 coins de la planète pour tout un tas de raison dont quelques unes sont seulement évoquées ici.
    Quant aux propos de Yonli en prenant comme image la vache avec son pis est un exemple malheureux car il ne sait sans doute pas qu’une vache passée un certain âge (15/18 ans) n’est plus productive et qu’elle doit être réformée. Pour le cas du CDP, il doit se réformer rapidement s’il ne veut pas finir dans le cimetière des partis politiques de ce pays ou devenir une particule comme il en existe des myriades. L’exemple malheureux du stade du 4 août au 3/4 vide lors du meeting du CDP montre qu’il est à un stade avancée de la déchéance liée à l’usure du pouvoir et qui ne fait plus rêver personne.

  • Le 26 juin 2014 à 14:22, par ATTA En réponse à : Militantisme en politique : Les jeunes victimes de leur prudence

    Les jeunes se battent pour les hommes politique,une fois au affaire mettent devant leurs portails //ATTENTION CHIENS MÉCHANT// D ou le désengagement des jeunes a la politique.

  • Le 26 juin 2014 à 16:12, par HEHE !!! En réponse à : Militantisme en politique : Les jeunes victimes de leur prudence

    Tant que le militantisme des jeunes ne se fondera pas sur les idéaux de valeurs universelles d’un parti on assistera toujours à leur mise "apparemment" à l’écart. On ne va pas dans un parti politique à cause des "bons" que ce parti offre mais plutôt à causes des valeurs de justice , de travail, de tolérance, ...nobles secrétées par celui-ci. Il faudrait que les anciens acceptent faire de la place à ces jeunes, à leur éduquer dans ce sens.

    "Si vous refuser d’éduquer vos enfants, ils refuseront d’être vos enfants" disait Hamadou H BA.
    Tolérance, paix et démocratie au FASO !

  • Le 26 juin 2014 à 17:08, par almamy En réponse à : Militantisme en politique : Les jeunes victimes de leur prudence

    affirmation non fondée . Montrez moi quelque part ou les jeunes sont intéressés par la politique.La jeunesse est par définition la phase de la vie ou l’on s’occupe plus à chercher une situation de stabilisation que perdre son temps dans les débats creux et inutiles de gros bonimenteurs de la politique. La jeunesse préfère la rébellion à la politique politicienne. Ne pas débattre ne signifie pas ne pas connaitre. beaucoup de jeunes en savent plus que de nombreux briscards de la politique mais préfèrent attendre un meilleur moment économique et social pour servir et non se servir.Il en a été toujours comme ça sous tous les cieux.Les jeunes ne sont pas indifférents mais préfèrent garder leurs énergies pour des luttes plus nobles

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