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Journée mondiale du Réfugié : faire en sorte que chaque réfugié retourne chez lui

Publié le lundi 23 juin 2014 à 03h00min

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Journée mondiale du Réfugié : faire en sorte que chaque réfugié retourne chez lui

A l’instar de plusieurs autres pays, le Burkina Faso a commémoré la Journée mondiale du réfugié, ce vendredi, 20 juin 2014. C’est le camp de Goudoubo situé à 20 kilomètres à l’est de la ville de Dori, dans la région du Sahel, qui a accueilli cette édition. Placée sous le thème « Une seule famille déchirée par la guerre, c’est déjà trop », la journée a été une occasion pour le gouvernement et ses partenaires de communier avec les milliers de réfugiés qui vivent dans les camps.

« Etre forcé de quitter sa terre natale, c’est laisser son âme derrière soi ». « La paix est un trésor, il nous faut la paix. Quel que soit ce que vous allez apporter à un réfugié, il ne sera jamais heureux loin de chez soi. Notre combat est, certes, de faire en sorte qu’ils (réfugiés, ndlr) vivent heureux, mais le principal combat du Burkina Faso, c’est faire en sorte qu’il y ait la paix au Mali pour que chacun retourne chez soi », a déclaré le ministre de l’action sociale et de la solidarité nationale, Alain Zougba.

Selon lui, le choix de la région du Sahel pour commémorer cette journée traduit la volonté affichée du gouvernement d’être constamment sur le terrain pour partager des instants de communion directe avec les réfugiés qui vivent dans les camps depuis l’avènement de la crise au nord du Mali.

« Ces personnes, contraintes de fuir au-delà des frontières de leur pays, ont souvent abandonné leurs souvenirs, leurs amis, leurs biens et pire, leurs familles : le socle de la vie en société », a compati Alain Zoubga.
A l’en croire, le retour progressif au calme et à la normalité constitutionnelle au Mali augure de bonnes perspectives et la prochaine signature de l’accord tripartite Burkina Faso-Mali-UNHCR sur le rapatriement volontaire, le rapatriement facilité entamé depuis peu et la reprise du dialogue politique, finissent de convaincre que le Mali est sur la bonne voie, la voie de la paix, de la concorde et de la réconciliation. Aussi, a-t-il relevé que l’actualité du moment, dominée par la crise malienne ne doit pas occulter le fait que le Burkina accueille d’autres réfugiés de plusieurs autres nationalités appelés « réfugiés urbains ». Il a affirmé la volonté du Burkina à œuvrer à toujours trouver des solutions, tant sur le plan humanitaire que sur le plan politique, pour permettre aux réfugiés de vivre comme chez eux.

Les réfugiés, satisfaits mais attendent plus

Les réfugiés, à travers le président de l’association des réfugiés au Burkina (ARBF), Joseph Ngourouziza et le secrétaire général du comité directeur des réfugiés du site de Goudoubo, Ag Alhader Mohamed, ont salué le gouvernement burkinabè et ses partenaires pour « la restauration de la dignité du réfugié au Burkina ». « Les réfugiés souhaitent que le gouvernement continue la recherche de solution durable à leur situation », a appelé M. Ngourouziza, énumérant les actions dont ils ont bénéficié au niveau des services sociaux de bases. « Nous lançons un appel à la communauté internationale et au Burkina à poursuivre l’assistance car, l’espoir de vivre dans la sécurité et dans la dignité, l’espoir de construire notre vie un jour et d’entrer au pays anime chacun des réfugiés maliens présents ici », a ajouté Ag Alhader Mohamed. Il a également insisté sur le souhait des réfugiés de bénéficier de formations professionnelles des jeunes suivies d’un financement des activités génératrices de revenus (AGR).

Environ 3 millions de réfugiés en Afrique subsaharienne

Selon le coordonnateur résident du Système des Nations-Unies au Burkina Faso, Pascal Karorero, le thème de cette 14ème édition interpelle chaque individu de la société à œuvrer pour une solidarité et une justice sociale porteuses de paix. Une nécessité pour éviter tout spectre de guerre et de conflits fratricides. Plus de 50 millions de personnes sont affectées par diverses crises dans le monde, à la fin de l’année 2013, dont 33 millions déplacées à l’intérieur de leur pays et près de 17 millions de réfugiés à travers le monde. L’Afrique figure parmi les continents les plus affectés par les conflits armés. L’Afrique subsaharienne compte environ 3 millions de réfugiés. Les pays comme la Somalie, la République Centrafricaine, la République démocratique du Congo, le Sud Soudan, le Nigeria et le Mali sont les pays d’Afrique les plus concernés en matière de pays pourvoyeurs de réfugiés. « La liste des dégâts causés par la guerre est très longue et les conséquences sont désastreuses et irréparables », a regretté la représentante du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), Gogo Hukportié. Selon Mme Hukportié, le Burkina enregistre 34085 réfugiés dont 31781 réfugiés maliens. « Imaginez que vous vivez paisiblement chez vous, entourés de vos proches et que, soudain, tout bascule. Votre famille, vos amis, vos collaborateurs ont tous disparu et sont partis vers des destinations inconnues parce qu’il y a la guerre et que chacun tente de se mettre à l’abri comme il peut. Vous vous retrouvez brusquement dans un pays que vous n’avez jamais connu auparavant, dans un camp de réfugié, au milieu de nulle part. Vous êtes désemparé, bouleversé, désespéré. Vous perdez vos points de repère bref, vous êtes déchiré par la guerre », a caricaturé la représentante du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

Pour Gogo Hukportié, la paix est aujourd’hui en déficit grave et les solutions politiques s’imposent de façon cruciale. C’est pourquoi a-t-elle interpellé tout le monde, du niveau individuel à celui sociétal en passant par le niveau étatique, sur la nécessité à œuvrer pour dire « non » aux ingrédients de déchirement des familles : la guerre, les conflits.

Oumar L. OUEDRAOGO

Lefaso.net

Encadré :

Message de Rokia Traoré, artiste musicienne malienne, Ambassadrice de bonne volonté de l’UNHCR

La crise du Mali s’est calmée. Mais, malheureusement, il est plus facile de créer un conflit, plus facile de faire en sorte que les gens quittent leur milieu naturel, plus facile de se mettre en colère et de laisser l’orgueil parlé, que de réparer les dégâts d’un conflit. (…). Cela va nous prendre encore quelques années. J’ai entendu, ici, parler de fraternité, d’égalité, d’accueil, de paix. Avec tout ce qui se dit ici, il est difficile de comprendre encore, qu’il y ait autant de place faite à l’orgueil et à la colère qui n’ont pour autre résultat que la violence. Il est temps que nous soyons capables de voir nos différences comme une richesse : différences d’opinions, différences culturelles, différences dans la manière de vivre, nos différences dans la manière d’adorer ce Dieu unique qui a créé un monde unique fait de diversité. (…). Il est temps que nous soyons en mesure de voir la diversité en Afrique comme un moyen de faire de ce continent, aussi grand qu’il est, par nous, africains d’abord.

Mon message, en tant que malienne, à tous mes compatriotes ici, croyez-moi ; ma tristesse est profonde depuis le début de la crise au Mali. Pour la simple raison que déjà, elle était une crise de plus, après celle de la Guinée-Conakry et de la Côte d’Ivoire. En tant qu’africaine, je me suis retrouvée déchirée et profondément attristée et perdue. En tant que malienne, j’étais surprise de voir ce pays, là où il en est arrivé. Et aujourd’hui, tout autant que vous, il y a une chose et une seule chose que je souhaite ; c’est que nous puissions, enfin, commencer à travailler à la postérité de notre pays, à travailler à construire un pays où nous pourrons tous nous épanouir ensemble. Car, notre sort est uni ; que nous le voulons ou non. Nous sommes voisins, nous sommes du même pays, nous avons à coopérer, nous avons à nous comprendre, à nous écouter et à comprendre une chose : il n’y a pas de culture supérieure, il n’y a pas de race supérieure.

Oumar L. OUEDRAOGO

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