LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Le Burkina en vedette au « Game Fair » de Chambord en France

Publié le samedi 21 juin 2014 à 12h57min

PARTAGER :                          
Le Burkina en vedette au « Game Fair » de Chambord en France

Pays invité d’honneur à la 33ème édition du salon de la chasse de Chambord, en France, le Burkina n’a pas lésiné sur les moyens pour promouvoir ses potentialisés fauniques et touristiques.

Pour les amoureux et les professionnels de la chasse, le salon dénommé « Game Fair » est un rendez-vous à ne pas manquer. Organisé chaque année dans le Domaine national de Chambord, dans le département du Loir-et-Cher (Centre de la France), il rassemble sur une aire de 14 000 m², tous ceux qui s’intéressent à ce loisir-business : vendeurs de carabines, de lunettes de tirs, de jumelles, dresseurs de chiens, équipementiers vestimentaires, concessionnaires de zones de chasse, etc.

Plus grand salon de la chasse en Europe exclusivement réservé aux professionnels du secteur, le « Game Fair » constitue pour les uns, une vitrine exceptionnelle pour faire connaitre les nouveautés de leurs produits et autres accessoires nécessaires à la chasse, et pour les autres, l’occasion de recruter de nouveaux clients et nouer des contacts. Durant trois jours placés sous le signe de la passion de la nature et la chasse, les 13, 14 et 15 juin, le « Game Fair » a accueilli plus de 70 000 visiteurs venus d’autres régions de France, mais aussi d’Europe, d’Amérique, du Moyen-Orient et d’Afrique, représentée cette année par le Burkina, pays invité d’honneur de la 33ème édition.

Dès l’entrée du parc, on est accueilli dans le « village burkinabè » par des mannequins habillées en Faso Dan Fani et coiffées de fouloir « Luili Pendé » ; dans leur tenue traditionnelle perlée d’amulettes, les Dozos, ces chasseurs traditionnels réputés détenir des « pouvoirs mystiques », font apprécier leurs vocalises et font de temps en temps parler la poudre. Un biotope reconstitué pour la circonstance donne à voir les variétés des espèces fauniques dont regorge le « Pays des hommes intègres ». Des mets burkinabè à base de produits non ligneux tels le zamnè, du riz au soumbala, le déguè ou le zom koom sont proposés en dégustation.

Le Burkina, l’une des plus grandes concentrations de faune sauvage d’Afrique de l’ouest

« Le Burkina est un pays aux fabuleuses richesses naturelles préservées, abritant une faune variée et dense. C’est l’une des plus grandes concentrations de faune sauvage d’Afrique de l’ouest avec des parcs nationaux, des réserves et forêts classés couvrant 14% du territoire », explique Patrick Casanovas, président du comité d’organisation. Ceci justifie le choix du Burkina comme pays invité d’honneur.

Ayant senti tout le bénéfice que le pays pouvait tirer de cette vitrine, les autorités ont mobilisé les moyens humains et matériels pour vendre au mieux la destination Burkina. Forte de 80 personnes, la délégation burkinabè était conduite par le ministre de l’Environnement et du développement durable, Salifou Ouédraogo et comprenait aussi bien ses collaborateurs directs, les institutions et services chargés de la gestion durable de l’environnent comme l’Office national des aires protégées (Ofinap) qui gère six aires protégées, que les gérants de concessions de chasse, les cadres de l’Office national du tourisme et le Village artisanal.

Diplomatie économique oblige, l’ambassadeur du Burkina en France, Eric Tiaré et une partie du personnel diplomatique sont allés renforcer l’équipe venue de Ouagadougou. « A chaque fois qu’une l’opportunité se présente, nous devons la saisir pour promouvoir les potentialités de notre pays et mettre en avant les actions menées dans les secteurs prometteurs pour nous et pour les générations futures », explique le ministre

Ouédraogo au cours d’un point presse le samedi, journée consacrée au Burkina. Occasion pour lui de rappeler que « le Burkina est situé à une position stratégique de l’Afrique de l’ouest entre des zones de désert et des zones forestières, et que 2/3 des éléphants de cette région se trouvent au Burkina ». Le Burkina dispose aussi d’aires protégées et des zones de chasse gérées par des opérateurs privés en concertation avec les communautés riveraines.

Faire de la chasse sportive et du tourisme de vision de véritables sources de revenus et de création d’emplois

A l’image de certains pays comme le Kenya, la Tanzanie, l’Ethiopie et le Rwanda où le secteur touristique, la faune, la chasse contribuent significativement à l’économie nationale, le Burkina a aussi l’ambition de faire « de la chasse sportive ou du tourisme de vision de véritables sources de revenus et de création d’emplois ».

Celui qui a aussi en charge du développement durable a insisté sur la nécessité « d’exploiter de façon rationnelle les ressources naturelles, c’est-à-dire, sans tarir la source en préservant les espèces qui sont aujourd’hui menacées comme les éléphants ». D’où le combat sans concession que doivent mener tous les pays contre le braconnage et le trafic international d’ivoire, en particulier vers « la Chine où avoir un bol en ivoire représente quelque chose pour celui qui le possède ». Un combat loin d’être gagné d’autant que « nos Etats n’ont pas assez de ressources pour former et équiper les forestiers, face à des braconniers super équipés en moyens de transmission et de transports ». Pis, frappées par la pauvreté, les populations riveraines des zones de chasse n’hésitent pas à collaborer les braconniers, ce qui complique davantage la lutte contre l’abatage anarchique des animaux.

Le ministre Salifou Ouédraogo a profité du point de presse pour évoquer la politique de développement durable adoptée en 2013 et la lutte contre les déchets plastiques engagée par son département. « Au Burkina, nous avons mis en place des cellules environnementales dans les ministères et qui sont censées infléchir sur les stratégies élaborées au niveau des mines, l’agriculture avec l’agro-business », explique t-il.

Le boum minier que le Burkina connait depuis une dizaine d’années et l’utilisation de produits toxiques par les orpailleurs comme le mercure de cyanure, n’est pas sans conséquence sur la nappe phréatique et le couvert végétal.

A propos des sachets plastiques, le ministre a révélé que 30% de la mortalité de bétail est due aux déchets plastiques, « et dans un pays d’élevage comme le nôtre, ce taux est un vrai frein au développement ». Non seulement les déchets plastiques limitent la pénétration de l’eau dans la nappe phréatique, mais « ils bouchent les caniveaux, obligeant l’eau à dévier de son cours normal en cas de fortes pluies, d’où les inondations de septembre 2009 que nous avons connues ».

N’étant pas indispensables, le gouvernement a donc décidé d’interdire purement et simplement l’usage des sachets plastiques non biodégradables. Le 30 mai dernier, une loi a été votée à l’unanimité à l’assemblée nationale et un délai de 6 mois a été accordé aux commerçants pour écouler leurs stocks et s’approvisionner en emballages biodégradables. Le ministre le reconnait, la loi ne résoudra pas tout, et le succès dans la lutte contre toutes les formes de pollution passe par l’inscription de l’éducation à l’éco-citoyenneté dans les programmes scolaires. « Nous devons mener ce combat si nous voulons convaincre les touristes et les investisseurs à venir dans notre pays, parce que des plastiques partout, c’est laid et repoussant »

1 600 chasseurs sportifs étrangers au Burkina chaque année

Par an, le Burkina Faso accueille environ 1 600 chasseurs sportifs, principalement des Français, mais aussi de Belges, d’Italiens et d’Espagnols, avec un chiffre d’affaires estimé officiellement à 4 milliards de FCFA (6 millions d’euros).

Le ministre ne doute pas que dans les années à venir, son pays accueillera de plus en plus de chasseurs « parce que beaucoup ont pait plusieurs pays d’Afrique et ils ont trouvé qu’au Burkina, le facteur humain est important en plus des potentialités dont nous disposons. Nous n’avons pas beaucoup de richesses, mais nous sommes un peuple accueillant ».

Pour de nombreux concessionnaires burkinabè de zones de chasse, le « Game Fair » est l’occasion de faire de bonnes affaires. Habitué de Chambord, Rodrigue Rakis Kaboré de « Nerwaya Safari », qui en est à sa 15ème participation, confie avoir bouclé ses contrats concernant la chasse aux lions. Pour être assuré d’avoir le plaisir d’abattre un lion ou un Koba, de poser devant son trophée, des clients n’ont pas hésité à verser un acompte. « Pour le lion, le prix minimum, c’est 6 000 euros », confie un gérant.

A la Forêt classée de la Comoé Léraba où on accueille entre 300 et 500 visiteurs par an dont une vingtaine de chasseurs, le client a le choix entre un séjour de 15 jours à 7500 euros comprenant un buffle, un koba, de grandes antilopes et un phacochère, ou se contenter d’un koba à 3500 ou d’une grande antilope à 5000 euros, le logement , la nourriture et le permis de chasse étant à la charge du gérant.

« Ca fait dix ans que nous participons à ce salon et nous sommes encore là pour assurer notre présence, faire de la communication et gagner de nouveaux clients ; environ 30% de la clientèle se recrute dans les salons », explique le gestionnaire de « Nahouri Safari », une enseigne qui gère les zones de Pama centre, Pama sud, Neboun-Bori, Nazinga.

L’organisation en décembre 2012 du « Safari international du Gulmu » avait suscité beaucoup d’espoir chez les professionnels de la chasse de cette région qui contient à elle seule dix zones de chasse. « Nous sommes tristes qu’il n’y ait pas eu de suite », regrette Idani, concessionnaire de « Safari du Gourma », à 70 km de Diapaga.

En rappel, la période de chasse au Burkina s’ouvre en décembre et se termine en mai, juste avant le début de l’hivernage.

Joachim Vokouma ; Lefaso.net (France)

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Spécial Saint-Sylvestre au restaurant L’Eau vive de Bobo