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Proche et Moyen-Orient : La phase II du "plan Bush" en marche

Publié le mardi 8 février 2005 à 07h27min

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Dans son discours sur l’état de l’Union prononcé, jeudi 3 février 2005 et s’agissant de la politique internationale, George W. Bush l’a clairement signifié : la priorité de son second et dernier mandat reste la "démocratisation" du Moyen-Orient. Une tâche gigantesque au regard du contexte géopolitique et qui ne peut réussir qu’en tenant compte de la centralité de la question palestinienne.

L’actualité togolaise a quelque peu occulté l’important discours sur l’état de l’Union (ce qui intéresse l’Amérique, intéresse le monde) prononcé par le président américain en fin de semaine dernière. Une actualité togolaise qui nous montre des protagonistes semant les graines de la violence dans leur pays exactement comme la Côte d’Ivoire de novembre 1993. Tout en espérant que l’histoire ne se répétera pas (s’en sera alors fait de la stabilité économique de la sous-région) revenons à Bush-fils (bien élu lui) pour dire qu’au plan intérieur, il va tenter de résorber la fracture sociale née en Amérique du fait de sa politique ultra-libérale.

Nonobstant la bonne tenue de l’économie américaine, "dopée" par les secteurs pétroliers et de l’armement, l’emploi n’a pas connu le boom espéré. Et comme le "creusement" du déficit budgétaire, source d’inflation et aussi un dada de Bush-fils (l’Irak coûte cher), on comprend que les couches moyennes américaines soient dans la "galère" a fortiori les pauvres. Bush a donc promis d’avoir un œil compatissant pour les couches défavorisées par le biais d’un interventionnisme plus poussé et des réductions d’impôts.

Toutes choses qui pourront inciter à la consommation et relancer les autres secteurs de l’économie (PME-PMI intervenant dans le tertiaire, industries agro-alimentaires). Si à l’interne Bush veut redonner à "l’américan way of life" son lustre d’antan, au plan international, c’est le modèle américain même qu’il veut imposer.

L’Irak et la Syrie dans le "viseur"

Sur ce plan, et nonobstant, les conditions calamiteuses qui persistent en Irak (sept soldats irakiens et deux GI’S ont été tués vendredi) George W. Bush y a incontestablement remporté une victoire le 30 janvier dernier. Reste la gestion de l’Irak "démocratique" qui va obliger l’Amérique à maintenir sa forte présence en Irak dans des conditions dangereuses. Ce qui devrait donner à réfléchir au locataire de la Maison Blanche qui s’apprête à mettre en œuvre la phase II de son plan moyen-oriental. Il s’agit de "l’occupation" programmée de la Syrie et de l’Iran, de la mise au pas des monarchies de la péninsule arabique (Arabie Saoudite, Koweit, Emirats Arabes Unis) ainsi que de l’Egypte et du Soudan.

Condoleeza Rice avait clairement indiqué dans son discours d’investiture que la Syrie était le "dernier soutien" du terrorisme international. Puis elle avait ajouté que l’Iran vivait sous une "chape". Son patron a enfoncé le clou en adressant des mises en garde claires aux dirigeants de ces pays. Que l’un "cesse" donc son soutien au terrorisme et que l’autre "arrête" son programme nucléaire, ou à tout le moins son volet militaire. Quand on sait que les mises en garde de Bush sont souvent des déclarations de guerre, on peut craindre pour l’avenir de ces deux pays. La Syrie surtout, suspectée de connivences avec les anciens baassistes irakiens et parrain des groupuscules extrémistes palestiniens.

Bientôt la paix en Palestine ?

Ce qui nous amène au nœud gordien de la crise proche et moyen-orientale à savoir la Palestine. Tout le déchaînement de passion et de violence que connaît la région, se nourrit (pour les Arabes en tout cas) de la non-résolution de façon équitable du conflit israélo-palestinien.

Ben Laden a fait de la cause palestinienne, la sienne, et de nombreux pays arabes apportent en sous-main leur soutien à leurs frères palestiniens. C’est du reste ce soutien plus ou moins avéré qui incite Bush à installer des "régimes démocratiques" (entendez favorables à l’Amérique) dans ces contrées. L’Arabie Saoudite est ainsi dans l’œil du cyclone, certains héritiers de la dynastie des Séoud étant suspectés d’être des "parrains" financiers de la "cause".

Plus près de nous, le Soudan est menacé, car les services secrets américains, le soupçonne d’abriter toujours des camps d’entraînement de Ben Laden. Cet "irrédentisme" arabe ne pouvant s’arrêter tant que ce peuple se sentira humilié dans sa chair en Palestine, Bush veut régler au plus vite ce brûlot, pour parachever son œuvre de "croisé". Aujourd’hui même à Sharm et Sheik en Egypte, il fait se rencontrer Israéliens et Arabes avec la ferme intention de relancer le processus de paix.

Pour cela, lui et "Condy" Rice entendent amener les Israéliens à faire des "concessions difficiles". Au rang de celles-ci, l’arrêt de la construction du mur de la honte et peut-être la question du retour des réfugiés de 1948, ainsi que celle des prisonniers des deux camps. On espère comme cerise sur le gâteau, la discussion de la question de Jérusalem Est comme capitale du futur Etat palestinien, même si l’atmosphère n’y semble pas favorable. Dix-huit siècles après Alexandre le Grand, un nouveau "conquérant blanc" veut pacifier l’Arabie et la Mésopotamie. Une œuvre "militaro-culturelle" qui demande plus d’écoute et de compréhension que de force.

Boubakar SY (djabamagnan2000@yahoo.fr)
Sidwaya

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