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Conflits agriculteurs/éleveurs : A quand le triomphe de la raison sur la passion ?

Publié le mardi 6 mai 2014 à 09h17min

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Conflits agriculteurs/éleveurs : A quand le triomphe de la raison sur la passion ?

Conflits agriculteurs/éleveurs. Voilà une réalité en passe de tomber dans la rubrique des faits divers des journaux. Ils sont aussi vieux que la terre disputée par les deux parties, deux groupes que d’ailleurs rien ne devrait désunir. Hélas, au Burkina, quand agriculteurs et éleveurs n’arrivent pas à déterminer les limites territoriales de leur patrimoine naturel et à trouver un modus vivendi social, ils se règlent les comptes.

Et comme l’a déploré Gustave le Bon, "dès qu’un sentiment s’exagère, la faculté de raisonner disparait". Et ce sont des drames humains extrêmement lourds pour les communautés qui surviennent. De 2005 à 2011, les services techniques du ministère des Ressources animales " ont enregistré au moins 3871 conflits dont 318 au titre du premier semestre 2011. Ces conflits ont entrainé 55 pertes en vie humaine et de nombreux blessés. Les cas les plus graves ont été enregistrés suite aux conflits de Gogo (Zoundwéogo) en 2007 et de Perkoura (Poni) en 2008, avec 18 morts.

Au niveau économique :

Lors des affrontements, les pertes matérielles sont nombreuses et variées : animaux domestiques tués, blessés ou disparus, cases incendiées, moyens de locomotion, vêtement, équipements, bijoux et autres objets de valeur volés ou incendiés ainsi que la perte de fortes sommes d’argent. A titre d’exemple, ces pertes ont été évaluées, dans les cas de Gogo et de Perkoura au Burkina Faso à 197 cases incendiées, 28 motos, mobylettes et vélos incendiés, 1200 volailles tuées, 450 ovins et caprins tués, 3138 bovins tués ou disparus, 14 charrues incendiées, 30 tonnes de céréales incendiées, 7.100.000FCFA volés ou brûlés, etc." Et ce n’est pas les textes qui ont manqué pour légiférer (loi portant réorganisation agraire et foncière, loi portant régime foncier rural etc.). Dans un contexte de raréfaction des terres et des ressources naturelles, les agriculteurs et les éleveurs se font justice d’abord avant que l’Etat n’intervienne. Et il donne malheureusement l’impression d’assister impuissant à la recrudescence d’un phénomène qui menace la cohésion sociale au Burkina. Seulement voilà ! L’Etat est-il le seul responsable dans cette situation, lui qui doit faire appliquer une politique cohérente et responsable dans un environnement où la passion est alimentée à ciel ouvert ? Certes, il doit prendre des mesures une bonne fois pour toutes, afin de déterminer les zones pastorales, aménager des pistes à bétail entre autres, mais aussi soumettre les différentes parties à la conciliation en cas de litige. Mais les agriculteurs et les éleveurs doivent comprendre qu’ils ont un destin commun. Et tirant leçon des drames et des souffrances énormes que leur imposent leur irrésistible manie de retourner le couteau dans la plaie, ils doivent s’imposer la paix des braves. L’Etat s’imposera tôt ou tard, mais ne pourra décréter la coexistence pacifique dans les villages du Burkina, qui est source de gestion harmonieuse des ressources naturelles dans un contexte de dérèglement climatique.

Par Dayang-ne-Wendé P. SILGA

Quotidien « Notre Temps »

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