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Les gens de Bolomakoté : Portraits d’artistes en série

Publié le lundi 7 février 2005 à 08h54min

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Journaliste stagiaire au Service d’informations de Sidwaya à Bobo-Dioulasso, il m’a été donné de rencontrer différents artistes dans le quartier où je séjourne. A leur contact j’ai saisi mon bic pour les faire parler de leur quotidien, parfois proche et bien loin des préoccupations de la jeunesse de mon pays la Suisse où certains musiciens, danseurs ou artistes peuvent, après avoir galéré, obtenir des soutiens.

Siaka Soulama : musicien

« C’est comme ça l’Afrique ! » Siaka Soulama répète souvent cette phrase à ses interlocuteurs venus des autres continents. Avec ce leitmotiv, le musicien établi à Bolomakoté tient à souligner les difficultés quotidiennes qu’il rencontre. Malgré les innombrables tracas, cet artiste originaire de Banfora demeure d’un optimisme à toute épreuve. « Ici on vit au jour le jour. Il n’est pas toujours facile de jouer dans un cabaret et de s’assurer une rentrée d’argent.

Les tenancières de ces lieux trouvent que nous coûtons trop cher et préfèrent diffuser de la musique enregistrée », constate avec fatalisme Siaka. Le musicien regrette cet état de fait car pour lui, les cabarets constituent une véritable école pour tous les jeunes artistes en devenir. « C’est là que la plupart de nos pères ont appris à jouer et se sont transmis les clés de la musique traditionnelle », explique l’intéressé. Soucieux de préserver ces richesses culturelles, Siaka et cinq de ses pairs ont fondé, il y a peu, l’association « Coroleynco ».

Promouvoir et valoriser la culture et l’environnement du Burkina Faso par sa découverte, sa protection et son développement sont les principaux objectifs de cette organisation qui vise surtout à aider la jeune population qui vit dans la précarité à s’inscrire dans une dynamique de création d’un tissu socioculturel cohérent. Pour les responsables de « Coroleynco », le renforcement de l’identité culturelle de la jeunesse devrait permettre d’évoluer vers l’amélioration des conditions de vie.

La mise en place de ce programme n’a pas été sans difficultés. « Nous avons dû faire face au manque de confiance de l’administration qui a traîné avant de nous accorder les autorisations nécessaires », relève Siaka. L’énergie et la patience du jeune musicien forcent le respect. Face à cet artiste plein d’espoir, l’Européenne qui l’interroge ne peut s’empêcher de songer que sur son continent, les choses vont beaucoup plus vite et semblent si faciles qu’on en oublie leur valeur : ce qui rend la démarche de Siaka d’autant plus louable.

Siège de Coroleynco chez Karim Sory, BP 100 Banfora, secteur 2

Seydou Dembélé : fabriquant de balafons

Dans la famille de Seydou, on fabrique les balafons depuis plusieurs générations. « J’ai appris le métier depuis tout petit auprès de mes aînés », explique le jeune homme. Installés à Bolomolakoté (secteur 6 de Bobo), les Dembélé ont d’abord commencé à réaliser des petits balafons destinés aux touristes avant de se lancer dans la fabrication des instruments pour les musiciens professionnels. « Nous avons changé car nous voulions évoluer et devenir plus précis dans notre manière de travailler et aussi pour répondre aux commandes des musiciens », poursuit Seydou.

Avec délicatesse, le jeune homme frappe une touche sur une pierre : un son profond et fin s’en dégage... Seydou répètera son geste plusieurs fois, jusqu’à obtenir l’accord parfait.

Il faut compter deux semaines pour obtenir un instrument professionnel de bonne qualité. Le bois utilisé provient de la région de Banfora. Cette matière première est séchée au four, en fonction de la taille des touches, cette opération peut durer une journée. Il faut compter trois passages au four pour obtenir un bon accord. Les balafons destinés aux touristes font l’objet de moins d’attention, le bois n’est par exemple passé qu’une seule fois au four. Du coup la tonalité de l’instrument sera moins affinée, mais comme le plus souvent l’instrument sert à décorer le salon son acquéreur n’en aura cure.

Seydou et les siens passent parfois un mois sans avoir de commande. « C’est difficile mais on se débrouille. Nous ne souhaiterions toutefois pas reprendre la production de balafons pour touristes, cela est devenu moins intéressant. » Ces artisans ont un souci de qualité impressionnant.

Céline Goumaz (stagiaire)
Sidwaya

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