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France-Sénégal : Chirac - Wade ou "je t’aime moi non plus"

Publié le samedi 5 février 2005 à 11h08min

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Chirac à Dakar, la première visite depuis 10 ans, c’est donc un symbole. Le réchauffement des liens franco-sénégalais, politique, les tirailleurs (entendez pension de la guerre) le Dakar agricole et surtout la Côte d’Ivoire ont été débattus entre Wade et son hôte. Une ère nouvelle s’ouvre à tous points de vue.

Ainsi donc, le problème entre Paris et Dakar est qu’il n’y a pas de problème. Cette jolie formule d’un ministre français résume parfaitement la portée de la visite officielle entamée depuis mercredi par le président Jacques Chirac au Sénégal. C’est donc une visite pleine de symbole. Fini aussi le temps de la méfiance sinon de la défiance. On se rappelle que Paris avait mal digéré le soutien de Dakar à l’Amérique de George Bush dans sa croisée en Irak. Assurément, Chirac à Dakar ce sont les liens, oh combien historiques, politiques, séculaires... entre l’ancienne métropole et sa vieille colonie qui se resserrent.

Chirac et Wade, en tête-à-tête. C’est pourrait-on dire le "je t’aime moi non plus". Et Jacques Chirac est donc venu faire les yeux doux à celui-là, même qui était considéré par Paris comme un récalcitrant. Préférant s’aligner à l’Oncle Sam que de suivre les désiderata de son allié historique. Comme pour montrer sa bonne foi, Wade se devrait de débarrasser Dakar de ses "impuretés". Chirac reçu en grandes pompes, avec honneur militaire, bain de foule, Dakar Pavoisée aux couleurs tricolores et débarrassée de ses malfrats, ses fous, Wade tout en s’ouvrant à Paris, joue au folklore.

Pourquoi attendre la visite d’un chef d’Etat, fût-il français, pour faire ce grand nettoyage. Si on peut affirmer que Wade avait montré à la France qu’elle n’était pas aussi incontournable en jetant une pierre dans son jardin, aujourd’hui, on peut bien se demander pourquoi l’homme de la Téranga rechigne à aller jusqu’au bout. Ne serait-ce que pour montrer la "vraie" face de nos Etats.

Dakar, à bien des égards, n’aura pas été de tout repos pour le président français. Son voyage ayant réveillé la question des tirailleurs sénégalais. Les vétérans de Saint Louis dénoncent l’iniquité dans leur traitement. Ils perçoivent une pension trois fois moins que leurs frères d’armes français. N’ont-ils pas été égaux au front devant les balles ennemies ?

Assurément oui ! Chirac qui retrouve l’Afrique noire après sa tournée au Sahara devrait se rappeler que la France n’a pas fini de solder ses comptes avec ce continent. Chirac, défenseur des causes africaines dans les instances internationales, ne devrait donc pas occulter cette vérité historique. Et comme pour se racheter, Chirac l’Africain a réaffirmé ses propositions de taxes internationales en vue de financer le développement en Afrique. Pendant que la Grande Bretagne s’évertue à faire admettre un plan Marshall pour l’Afrique dans le même sens.

A quel jeu s’adonnent les anciennes métropoles d’Afrique ? Le plan de développement de l’Afrique est bien connu. Bonne gestion, ouvrir la voie d’une économie concurrentielle, résoudre les conflits et combattre la faim, voilà ce que l’Afrique attend.

Si donc, Dakar a été un nouveau départ pour les relations franco-sénégalaises, il n’en demeure pas moins qu’elle a permis aux deux hommes de réaffirmer leurs convergences de vue sur les questions essentielles.

Encore la Côte d’Ivoire

Chirac et Wade ont ainsi défini les contours de leurs relations. Occasion leur a été offerte d’interpeller le monde entier sur la politique africaine. L’Afrique devrait donc être placée au cœur du partenariat. Et c’est l’ombre de la Côte d’Ivoire qui aura plané tout au long du séjour dakarois de Chirac. L’amitié pluriséculaire avec Dakar assainie, Chirac, l’Africain, a aussitôt égratigné la médiation sud-africaine en Côte d’Ivoire.

Si Paris selon lui, ne restera en Côte d’Ivoire qu’à la demande des Africains, Chirac semble vouloir sortir la tête haute la France dans un bourbier où elle a fini par s’enfoncer. En émettant un doute sur la médiation Mbeki, le président français a aussi appelé à une prise de responsabilité. Ce qui a d’ailleurs toujours manqué aux dirigeants africains. Se baladant de sommet en sommet où rien de concret n’est envisagé pour la résolution effective des conflits qui sèment désolation, psychose au sein des populations civiles. Abuja, Accra en sont la preuve.

Dakar, quoi qu’on dise, ouvre donc une ère nouvelle. Le Dakar agricole, une sorte de "Davos" devrait permettre aux chefs d’Etat de plancher sérieusement sur les problèmes de l’agriculture africaine. Le président du Faso Blaise Compaoré en effectuant le déplacement veut, au côté de chirac, Wade défendre avec fermeté la cause des paysans africains. Sans omission, ils devront donc les passer au peigne fin et proposer des solutions idoines. Le développement passe nécessairement par le progrès agricole (l’Europe du XIXe siècle a amorcé le développement par là). Et le coton devrait figurer une fois de plus, en bonne place. Reste donc à l’Afrique et aux Africains de s’assumer pleinement.

Nadoun S. COULIBALY (coulibalynadoun2002@yahoo.fr)
Sidwaya

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