LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Cinémas d’Afrique : Le soutien du département de la Vienne (France)

Publié le mercredi 26 mars 2014 à 21h49min

PARTAGER :                          
Cinémas d’Afrique : Le soutien du département de la Vienne (France)

Du 12 au 16 mars 2014, s’est tenue dans le département de la Vienne, en France, la 3ème édition du festival « Ciné Afriqua 86 ». Pendant presqu’une semaine, 24 films ont été projetés dans 22 communes du département. La réalisatrice burkinabè Eléonore Yaméogo, était la marraine de l’édition 2014 de ce festival qui entend promouvoir la jeune génération des réalisateurs africains.

La cérémonie d’ouverture a eu lieu dans le somptueux cadre du Futuroscope de Poitiers, en présence du Ministre de l’Aménagement du Territoire et de la Décentralisation, Toussaint Abel Coulibaly, du Directeur de cabinet du Premier Ministre, Rasmané Zango, d’une délégation de l’Ambassade du Burkina Faso à Paris conduite par la Conseillère culturelle, Rasmata Bakyono et du Consul Adjoint du Burkina Faso à Paris, Pascal Marthin Ouédraogo.

En avril 2010, l’Amicale des Burkinabè du Poitou-Charentes (ABP) lance la première semaine du cinéma africain : « Ciné Afrika », pour inviter à la découverte de l’Afrique par le biais du cinéma. Projection de films, exposition de photos sur les sites touristiques du Burkina Faso, animations musicales traditionnelles à Poitiers... Le mot d’ordre : le partage culturel.

Ce festival naissant deviendra en 2012, un festival d’envergure départementale, porté par le Conseil Général de la Vienne, et prendra alors son nom définitif : « Ciné Afriqua 86 » Au fil des éditions, le festival Ciné Afriqua 86 à su acquérir une notoriété appréciable par la qualité de sa programmation. La diversité de ses publics, composés d’européens et d’africains, de jeunes et d’adultes issus d’horizons divers, de professionnels du cinéma comme de simples cinéphiles, fait une des originalités du festival.

La programmation 2014 a accordé une place importante au Burkina Faso. Ainsi, des 24 films issus de 17 pays africains, le Burkina Faso a présenté 06 films, dont certains des réalisateurs (Kollo Daniel Sanou, Razo Ganemtoré, Cédric Ido, Eléonore Yaméogo) ont fait le déplacement de Poitiers.

La sélection, un subtil mélange de fictions, de documentaires, de courts métrages et de longs métrages, pêle-mêle œuvres de réalisateurs confirmés ou films d’école, a pour objectif premier, de faire découvrir ce cinéma africain méconnu, mais riche d’œuvres remarquables, nourries par une incomparable diversité culturelle. Au-delà des images, l’esprit du festival est de susciter, par le biais d’échanges entre le public et les spécialistes du cinéma, des réflexions et des débats sur les cinémas africains : c’est d’ailleurs dans ce sens que le leitmotiv est « le festival qui crée le débat »

Deux tables rondes sur « Cinéma africain, quelle place pour la nouvelle génération » et « Cinéma d’auteur, cinéma populaire d’Afrique » animées par la marraine du festival Eléonore Yaméogo, ont permit d’aborder quelques questions cruciales sur le cinéma africain.

Avec son approche pleine d’expérience, le réalisateur sénégalais Moussa Touré n’a pas manqué, tout le long des débats, de partager sa vision de la marche de la cinématographie africaine, qui se retrouve à la croisée des chemins : les financements traditionnels assurés par les subventions des coopérations s’assèchent ; les publics veulent de plus en plus qu’il leur soit raconté leurs histoires, quand ce ne sont pas seulement des histoires ; les techniques traditionnelles du cinéma sont bousculées par Internet et le numérique… Bref, entre opportunités et craintes, se trouve aujourd’hui le cinéma africain.

Ces échanges ont fait ressortir l’inorganisation des marchés du cinéma, le manque d’encadrement des corps de métiers et l’absence de politiques cinématographiques cohérentes au niveau des Etats, qui entravent l’émergence d’une véritable industrie cinématographique compétitive.

Face à l’avènement du numérique qui remet en cause une conception « traditionnelle » du cinéma, les intervenants ont mis en exergue, le fort potentiel de ce support qui allège considérablement la chaîne de conception des films, tout en ouvrant de fabuleuses possibilités créatives. La jeune génération doit, maitriser cet outil, s’en emparer et le mettre au service de la créativité.

Loin d’être tranchée, la problématique du cinéma d’auteur et du cinéma populaire en Afrique met en lumière la complexité du processus de création qui fait appel aux choix esthétiques, thématiques et techniques : quels produits pour quels publics et avec quels moyens ?

L’avenir compromis des salles de cinéma en Afrique dramatiquement illustré par le cas du ciné Guimbi à Bobo-Dioulasso a été abordé, au cours de l’édition 2014 de Ciné Afriqua 86, lors d’une rencontre animée par l’association « Il faut sauver le ciné Guimbi » qui œuvre pour son rachat et sa réhabilitation.

Il ressort que les professionnels du cinéma africain doivent contribuer activement à la mise en place d’une politique culturelle globale cohérente au niveau des Etats. Ceci passe par la réinvention de nouveaux modes de financement qui se passeront des aides du Nord. L’Afrique dispose d’atouts qui peuvent lui permettre de mettre en place une industrie cinématographique compétitive : des auteurs de talent et une diversité culturelle unique.

Malheureusement, beaucoup de choses ressemblent à du déjà dit, ou à du déjà entendu !

On retiendra néanmoins, que le jeune festival Ciné Afriqua 86, malgré une visibilité médiatique insuffisante, est devenu un événement qui a toute sa place dans la promotion et la découverte du cinéma africain en France. Et loin d’un effet de mode, qui consiste à donner à voir des images exotiques, à des cinéphiles en manque de dépaysement, le Festival participe de la reconstruction de l’image de l’Afrique, un continent d’espoir, porté par une génération qui gagne, qui se bat, et qui croit en des lendemains meilleurs.

C’est le fin mot à retenir, et les films projetés, tels « Paris mon Paradis » d’Eléonore Yaméogo, ou la « Pirogue » de Moussa Touré, sont significatifs de la volonté de la jeunesse de vaincre les difficultés, et même, l’adversité.

Apollinaire BAGHNYAN-Romain Auguste BAMBARA
Service Presse, Communication et Relations publiques, Ambassade du Burkina Faso à Paris
Service.presse@ambaburkina-fr.org
www.ambaburkina-fr.org
www.facebook.com/ambabfparis

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 27 mars 2014 à 00:28, par Une cinéphile En réponse à : Cinémas d’Afrique : Le soutien du département de la Vienne (France)

    Félicitation à la marraine Eleonore Yameogo pour son formidable documentaire ; et bravo aux jeunes étudiants de l’amicale des burkinabais de Poitiers pour leur dynamisme.Les débats étaient très intéréssants. Vivement la prochaine édition

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique