« Qu’on ait géré de droit ou de fait, l’infraction doit être vérifiée », a dû lâcher le procureur représentant le ministère public en charge de l’affaire pour ramener les deux parties dans le vif du sujet. En effet chaque partie a contesté maintes fois la qualité de l’autre en tentant de le prouver juridiquement. Si François K. Touré et ses conseillers ont soutenu mordicus être toujours à la tête de l’association, Koné Mamadou a affirmé également sa légitimité en se basant sur des éléments juridiques notamment sur le fait qu’il a été porté à la tête de l’association au cours d’une Assemblée générale qui a réuni 2/3 des membres et qui aurait démis l’autre de ses fonctions . Le dernier soutient ainsi être celui qui est reconnu par les autorités administratives politiques ivoiriennes Burkinabè et répondant officiellement aux correspondances adressées à la présidence de l’URECIB. Mamadou Koné a présenté à la cour un récépissé délivré par le MATDS et portant son nom comme président intérimaire.

Et les conseillers de François Traoré de réagir en indiquant qu’un intérimaire ne saurait juridiquement, se prévaloir de ce titre de président, après 90 jours maximum et que ladite assemblée générale qui aurait porté M koné à la tête est une pure fiction et n’a pas de valeur juridique. Leur client ne prétendrait donc pas, mais est et demeure l’unique président national de l’URECIB jusqu’à ce jour. Et de ce fait, martèlent-ils, il ne saurait lui être exigé d’établir un bilan moral et financier avant le terme de son mandat, d’où l’illégalité, selon eux, de la plainte de M. Koné.

Débats Houleux

Dans ce procès des Ivoiriens du Burkina caractérisé par moment par des débats houleux, apparaissent de nombreuses zones d’ombre : contradictions dans les témoignages, incohérences dans les dépenses. Des situations qui n’ont pas du tout facilité le jugement de l’affaire au point que la délibération a été renvoyée le 3 mars prochain. En effet, malgré les éléments présentés au juge par les deux parties, la lumière n’est pas encore réellement faite sur l’affaire si bien que le ministère public s’est réservé le droit de qualifié l’infraction. Le procureur tout en prenant en compte les éléments fournis par la défense a exprimé néanmoins ses doutes sur l’usage et la destination de la totalité des fonds. A qui les 8 millions de prêt pour mettre en œuvre le foyer ivoire ont -ils réellement profité ? Comment les 10 millions de francs ont été utilisés ? Ce sont là des questions qui ont été soulevées sans trouver de réponses claires. Les affirmations peu vérifiables des uns et la non impartialité apparente des autres ont obligé la cour à revenir plusieurs fois sur les même faits au passage des différents témoins pour tenter d’élucider l’affaire. Cependant, le récit même de l’utilisation des fonds est resté biaisé au vu de ces témoignages. Tout en laissant le soin à la cour de décider du sort réservé à François K. Touré pour le prêt contracté au nom de l’association au regard des textes relatifs en la matière dans le cas précis de l’URECIB, le procureur n’exclut pas que le bénéfice du doute profite aux deux accusés.

Arba Nadembega (Stagiaire)

Lefaso.net