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4e Sommet ordinaire de l’Union africaine : paix, santé, agriculture débattues

Publié le mercredi 2 février 2005 à 08h19min

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Le président du Faso Blaise Compaoré a pris part à la quatrième session ordinaire de l’Union africaine les 30 et 31 janvier derniers à Abuja, capitale fédérale du Nigeria.

Les chefs d’Etat et de gouvernement qui ont fait le déplacement d’Abuja devaient en quarante huit heures, discuter des thèmes liés à la santé, la sécurité alimentaire. Et surtout la question des représentants du continent au sein du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies. Pour ce troisième point, Abuja était perçu comme le sommet de tous les risques.

On en arrivait même à oublier que la nécessité de la rencontre à mi-chemin entre les dirigeants du continent était un choix pour booster les actions de développement en faveur des populations africaines. Abuja a certes été un sommet long, trois huis-clos, même que la cérémonie de clôture envisagée pour le lundi à 9 h a été repoussée à 17 h le même jour, une nécessité qui s’est imposée aux chefs d’Etat pour passer au peigne fin les thèmes. En apparence, les questions de sécurité sans être survolées, ont retenu moins d’attention que d’ordinaire.

Le Darfour est revenu, surtout que comme pour faire un pied de nez aux dirigeants africains, le gouvernement de Karthoum avait bombardé les populations civiles en milieu de ce mois occasionnant une centaine de tués. Quant à la Côte d’Ivoire, quitus a été donné au président sud-africain, Thabo Mbéki de "continuer ses bons offices". Fait rare pour ne pas être signalé, le président ivoirien d’habitude loquace, serait resté muet au cours de ce sommet.

Sur cette crise, le secrétaire général de l’ONU, l’Africain Kofi Annan au cours d’un point de presse, a émis l’idée d’une "liste qui pourra servir de base à un tribunal" suit son cours.

Quant à la question des représentants africains au Conseil de sécurité de l’ONU, deux scénarii s’offraient aux dirigeants.

D’une part, il pouvait choisir deux pays qui siégeront dans cette institution en tant que membres permanents. Et de l’autre, il pouvait opter pour 4 Etats africains non permanents qui devraient tous les trois ans, être changés. A l’arrivée, c’est plutôt à une commission de quinze membres que les chefs d’Etat ont demandé "d’approfondir la solution appropriée". Pour ce faire du 20 au 22 février, cette commission devra se retrouver au Swaziland pour discuter de la question.

Dans tous les cas avant la rencontre du comité exécutif de l’Union africaine composée des ministres des Affaires étrangères. Deux places, il faut le rappeler, "reviennent" à l’Afrique. Or, le continent a trois candidats : le Nigeria, l’Egypte et l’Afrique du Sud. En somme, l’Afrique a un candidat de trop. Est-ce ce qui a motivé le déplacement du raïs égyptien Hosni Moubarak à Abuja ? Lui qui avait "déserté" les sommets depuis l’attentat manqué contre sa personne en 1994 à Addis Abeba. De sources proches du sommet, les questions liées à la santé auraient fait l’objet de longs débats.

L’Afrique occupe la place de continent le plus touché par la pandémie du Sida. Alors que le paludisme, la tuberculose et la poliomyélite font également des ravages. 2,3 millions d’Africains meurent chaque année de Sida et plus d’un million meurent de paludisme et de tuberculose, tandis que les cas de décès évitables dus aux maladies non contagieuses continuent d’augmenter. Au plan agricole, le sommet d’Abuja a reconnu que "la sécurité alimentaire reste l’un des grands enjeux du continent", même s’il a noté que des progrès sont enregistrés dans certains pays.

Le président de la Commission de l’UA, Alpha Oumar Konaré à l’ouverture de la session, dimanche matin au centre de conférence international d’Abuja appelait les Africains à la mise en valeur de grandes zones de production agricole dans la zone Nord de l’Afrique, dans la zone sahélienne, en Afrique australe, à Madagascar et ailleurs. Selon lui, c’est cela qu’il nous faut pour changer nos dures réalités. Au plan de la santé, le président Konaré a souhaité "la production en Afrique de médicaments génériques dans la lutte contre le Sida, le paludisme et autres pandémies".

Au cours de cette séance, quatre allocutions ont été prononcées : celles du président Obasanjo, président hôte et président en exercice de l’UA, du secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan et du représentant du secrétaire général de la Ligue arabe. Kofi Annan a par ailleurs, prôné le renforcement du lien entre l’ONU et l’UA afin que l’Afrique atteigne d’ici à 2015 les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Selon lui, "l’Afrique n’est pas dans le temps pour atteindre l’OMD, mais elle peut les atteindre si le partenariat mondial promis depuis longtemps se mobilise totalement".

La session s’est achevée sans une quelconque déclaration. On retiendra que le mandat du président Obasanjo est prolongé jusqu’en janvier 2006. La Libye recevra des dirigeants africains en juillet prochain pour la cinquième session. Et le Soudan pour la sixième.

Avant de déclarer la 4e session levée, le président Obasanjo dans son mot a rendu hommage au président namibien, M. Sam Nujoma pour ses talents de grand homme d’Etat et sa contribution au développement de son pays et de l’Afrique. "Le président Sam Nujoma assiste pour la dernière fois à un sommet de l’UA en tant que chef de l’Etat", a dit le président nigérian.

A Abuja, Mme Chantal Compaoré et la ministre de la Promotion de la femme, Gisèle Guigma ont plaidé auprès des autres premières dames pour le Sommet des premières dames prévu dans notre pays le 9 février prochain.

Jean Philippe TOUGOUMA (jphilt@hotmail.com)


En marge du sommet, le président du Faso a accordé dans la matinée de lundi une audience au Général Abdul Salami Abubacar ancien chef de l’Etat nigérian et actuel médiateur de l’Union africaine dans la crise libérienne.

Je suis venu présenter mes respects au président du Faso. Quand j’étais au pouvoir c’est l’un des chefs d’Etat qui m’ont apporte un soutien. Etant très impliqué dans le processus de paix au Liberia, je suis venu pour

également faire un rapport au président Compaoré, lui dire exactement où nous en sommes dans le processus de paix. Au mois d’octobre, il y aura des élections au Liberia. Il était donc tout a fait normal que je vienne lui faire le point de tous les préparatifs. En ce qui concerne le processus de paix, je dois dire toute ma joie, Aujourd’hui nous pouvons dire que nous sommes au bout. Les libériens tiennent à la paix, toute chose qui contribue à

nous renforcer dans notre conviction que cette paix la sera effective.


Le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies devra connaître des ’’réamenagements’’ pour permettre à neuf Etats d’intégrer cette structure. Le continent africain y a droit avec deux places. Le Conseil assume la responsabilité principale de maintien de la paix et de la sécurité internationale.

Il est composé de cinq membres permanents (Chine, Etats unis d’Amérique, France, Grande Bretagne et Russie) et de dix autres non permanents qui sont élus pour deux ans. La présidence du Conseil de sécurité alterne tous les deux mois selon l’ordre alphabétique des noms des pays de ses membres en anglais. A ce jour 243 vetos ont été opposés. Chine (4),

Etats unis d’Amérique (74), France (18), Grande Bretagne (29) et Russie (118).

J.P.T.


Le président du Faso apprécie le Sommet

Sidwaya (S.) : Quel bilan faites-vous de ce sommet qui vient de se tenir à Abuja ?

Blaise Compaoré (B.C.) : C’est un sommet qui se situe dans le cadre des actions des chefs d’Etat pour consolider l’Union africaine, et surtout pour mieux organiser le développement économique et social du continent. C’est donc à ce titre que cette conférence s’est particulièrement penchée sur les questions de sécurité alimentaire.

Mais aussi de sécurité au plan de la santé des populations africaines en essayant de mettre en avant la nécessité d’un leadership indispensable pour conduire les politiques à la fois agricoles et sanitaires. Cela en tenant compte de la nécessaire mobilisation sociale qu’il faut pour réussir la promotion des secteurs de l’agriculture et de la santé sur le continent. Bien sûr, nous allons avoir d’ici à la fin de l’année, des débats au plan international sur la réforme du système onusien. Ce qui invite l’Afrique à participer avec une position commune. Nous avons donc donné quelques indications à un comité de quinze chargé de préparer cette réponse africaine aux interrogations qui interviennent quant au fondement du système des Nations unies. Chaque sommet est aussi l’occasion de faire le point des crises sur le continent.

Dans nos débats, il a été question d’initiatives parfois nouvelles pour consolider les acquis au niveau des discussions par rapport aux crises.

Nous sommes allés plus loin en traitant d’un document fondamental pour le continent, d’un accord de non agression et de défense commune qui va davantage créer un peu plus de confiance entre les Etats africains, s’il est ratifié et adopté.

Ce sommet était d’une grande importance car sur les terrains aussi concrets tels que la santé, l’agriculture, l’Afrique commence à s’inscrire dans du réel, nous allons envisager concrètement comment assurer à la fois la promotion de l’agriculture et assurer par un leadership plus conséquent, la promotion de la santé en Afrique pour les populations.

S. : Le sommet a eu trois longs huis clos. Pouvons-nous comprendre qu’il y a eu des points d’achoppement durant ces moments ?

B.C. : Les débats ont été longs parce que quand vous prenez la santé, il y a des maladies pandémiques tel que le Sida, épidémiques : le paludisme, la tuberculose et la poliomyélite. Sur ces questions, par le passé, nous avons eu beaucoup de discussions, d’engagements. Il fallait passer en revue ces engagements, voir ce qui a de réel, écouter les pays sur les expériences et pouvoir tirer les enseignements, les succès, les difficultés. Cela a bien sûr pris du temps. Il y a eu aussi d’autres questions comme la réforme du système des Nations unies. Vous comprenez bien que là-dessus, il y a beaucoup à dire. De même que la défense commune, les crises d’une manière générale. Quand vous traitez du Darfour, des Grands lacs, ce sont toujours des questions qui font appel à beaucoup d’engagement.

Propos recueillis par
J.P.T.


Les coulisses du Sommet d’Abuja

* Deby et son fils

Le président tchadien Idriss Deby était au sommet d’Abuja avec son fils. Le jeune Deby âgé de 26 ans, a pris aux côtés de papa aux travaux de la session. Commentaire d’un confrère, Deby ne peut pas convaincre qu’il ne prépare pas le fiston à de très hautes fonctions.

* Abdul Salami sans protocole

Le général Abdul Abubacar Salami, qui a conduit le Nigeria sur la voie démocratique se "promène" sans garde-du-corps. A Abuja, dans son agbada, la barbe bien blanchie, celui qui s’occupe de médiations pour la CEDEAO, passait presqu’inaperçu.

* Les fausses alertes

Au total, plus de trois fausses alertes ont été faites au cours de cette rencontre. Ces alertes signifient dans ce genre de sommet que les chefs d’Etat en huis clos sont sur le point de sortir. D’où le branle-bas des journalistes vers les sorties.

* Photo de famille sans des membres

A l’issue de l’ouverture solennelle, les chefs d’Etat prennent la photo d’ensemble appelée photo de famille. Abuja n’a pas fait exception à la tradition. Mais ici, des chefs d’Etat n’ont pas pris part à cette photo. Pour quelle raison. On ne saurait le dire.

* Mâts sans étendards

Les poteaux placés le long des voies à Abuja pour porter les drapeaux des pays étaient tout simplement vides. En dehors des mâts dans la cour du centre international des conférences d’Abuja qui laissaient flotter les drapeaux.

* Musique du terroir

L’animation au centre de presse d’Abuja a, durant les quarante huit heures au sommet, diffusé rien que de la musique locale.

Cela doit inspirer certains habitués qu’ils sont à ne passer que de la musique extra.

* Abuja, ville morte ?

Le dimanche, des usagers qui arpentent les rues d’Abuja peuvent en toute "impunité," circuler sur n’importe qu’elle voie. Ce jour-là, en effet, la capitale nigériane est quasiment déserte. C’est le constat fait à Abuja et confirmé par le "chauffeur" de la presse. Mais les jours ouverts ? Et nous l’avons réellement constaté, des embouteillages appelés "trafic Jan" s’étirent à n’en pas finir.

Sidwaya

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