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Elections en Irak : la deuxième victoire de Bush

Publié le mardi 1er février 2005 à 11h52min

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Pour les premières élections multipartites du 30 janvier 2005, organisées en Irak depuis 1953, et qui doivent être suivies de deux autres consultations d’ici la fin de l’année, l’on se demandait avant le jour j si elles ne s’effectueraient pas à huis clos.

Les raisons en étaient bien simples, car non seulement les conditions n’étaient pas du tout réunies, du fait de l’absence de fichier électoral, mais aussi et surtout, la menace des groupes islamistes armés était telle que tout le monde se terrait chez lui.

On se demandait vraiment comment les choses allaient se passer dans un environnement constamment marqué par la violence des attaques, des attentats et autres assassinats. Cette violence n’a pourtant pas empêché les Irakiens de se rendre massivement dans les bureaux de vote, alors que la veille, le président intérimaire irakien, le sunnite Ghazi al-Yaouar, avait estimé que la plupart des électeurs n’iraient pas accomplir leur devoir citoyen.

Tout s’est pourtant bien passé, et ce fut un grand soulagement. Les Irakiens ont su sublimer leur peur, en atteste le taux de participation aux élections, supérieur aux prévisions et qui se situerait entre 60 et 75% selon M. Hareth Mohammed Hassan, le chef de la Commission électorale, cité par l’AFP. C’est donc un nouveau départ qui est ainsi amorcé en Irak.

Mais si au-delà des compatriotes de Saddam Hussein et de leurs dirigeants, il y a des heureux dans cette affaire, c’est bien les membre de l’administration américaine dans son ensemble, et le président Georges W. Bush en particulier, lui qui était par avance convaincu de l’issue positive du scrutin. Les résultats des élections lui ont en tout cas donné raison.

Le bon déroulement du scrutin en Irak vient appuyer sa stratégie, lui qui faisait de ces consultations un test majeur et avait maintenu la date de leur organisation en dépit des appels incessants au report. Ce premier test de son second mandat de quatre ans, formellement entamé il y a une dizaine de jours, est incontestablement une seconde victoire, au regard des attaques violentes de son bilan en Irak, par son adversaire démocrate John Kerry.

Lors de son discours d’investiture, le président Bush, on se rappelle, avait indiqué que la priorité de sa politique étrangère pendant son second mandat à la tête de l’Etat américain serait de lutter contre la tyrannie et de promouvoir la démocratie dans le monde, prenant exemple des actions entreprises en Afghanistan et en Irak notamment, lors de son premier mandat.

Les Irakiens eux-mêmes, a souligné le locataire de la Maison Blanche dans une déclaration, ont fait de ces élections un succès éclatant. Selon lui, en grand nombre et malgré de grands risques. Ils ont montré leur attachement à la démocratie. En participant à des élections libres, ils ont publiquement et fermement rejeté l’idéologie anti-démocratique des terroristes. C’est donc une grande victoire pour l’homme le plus puissant du monde.

Mais qu’on se le dise franchement. Ces élections ne vont rien résoudre en Irak. Loin de là ! Les attentats vont se poursuivre. Comme l’a bien vu le China Daily, quotidien de langue anglaise souvent utilisé par le gouvernement pour faire passer son point de vue à l’étranger, même si les élections consacrent le début d’une ère nouvelle en Irak, cela pourrait aussi provoquer un retour de bâton, accroître les divisions ethno-religieuses entre chiites (60%), sunnites (20%) et kurdes (17%) et pousser un peu plus le pays vers la guerre civile.

Il faut plus que des élections pour trouver une solution au casse-tête irakien. Les futures nouvelles autorités ont plus à gagner dans le départ des Américains, dont la présence constitue la principale pomme de discorde. En effet, après avoir décidé en mars 2003 d’envahir l’Irak dans l’objectif de renverser le dictateur de Tikrit, Saddam Hussein, Georges W. Bush s’est retrouvé face à une situation chaotique. Jusqu’à présent, près de 150 000 soldats américains sont toujours déployés en Irak et plus de 1 400 d’entre eux y ont perdu la vie depuis le début du conflit.

Le chef de la Maison Blanche ne s’est pas encore prononcé sur un éventuel retrait des troupes américaines, se limitant à affirmer que les terroristes et les rebelles vont continuer de mener la guerre contre la démocratie et que son pays lui aussi continuera de soutenir les Irakiens dans leur combat contre eux. Mais on sait déjà que les boys seront toujours là dans les 18 prochains mois.

La formation des forces de sécurité irakiennes pour que cette démocratie naissante puisse assurer sa propre sécurité reste également une prérogative que s’arroge le gendarme du monde. Le souhait serait de favoriser un environnement sécurisé qui permettrait aux responsables politiques élus de diriger.

Sans cela, il est vrai, l’Irak ne pourra jamais respirer librement. Le tableau, de toute évidence, semble très sombre. Et ce n’est point exagéré de soutenir que seule la fin de l’occupation, marquée par la violence, permettrait un retour d’une stabilité réelle dans cette partie de la planète.

Il faut cependant avouer que si la présence continue des Gi’s alors que le pays a désormais des gouvernants légitimes va poser problème, leur départ pourrait tout aussi bien être catastrophique, car les Irakiens seraient alors livrés à eux-mêmes et l’embryon d’armée et de police nationales n’est pas encore en mesure de casser du terroriste... Al Zarqaoui n’en ferait qu’une bouchée, et on regretterait alors les soldats américains.

D. Evariste Ouédraogo
L’Observateur

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