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Barrages : situation inquiétante au Bam, prometteuse dans l’Oubritenga

Publié le lundi 31 janvier 2005 à 07h13min

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Une mission technique du ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques était, le jeudi 27 janvier 2005, sur les chantiers des barrages de Rollo (Bam), Absouya et Gaskaye (Oubritenga).

Conduite par le secrétaire général de ce département ministériel, Ibrahiman Kaboré, la mission a pu évaluer le niveau d’avancement des travaux sur le terrain.

A Rollo, première étape de la mission, c’est un chantier toujours en phase de démarrage que le secrétaire général et les membres de sa délégation ont trouvé plus d’un an après le lancement officiel des travaux (le 31 mai 2003 exactement). Le chef du village crie au sabotage. Les populations désemparées entendent voir le barrage devenir une réalité surtout depuis qu’un de leurs enfants s’est noyé dans la tranchée ouverte par l’entreprise.

Une tranchée qui n’a pu être refermée avant l’hivernage faute de matériel et surtout de personnel. L’entreprise COGECI/TP dont le premier responsable n’a pas daigné faire le déplacement de Rollo a pourtant reçu des fonds pour démarrer les travaux. "Elle a même reçu deux (02) décomptes afin de lui permettre d’avoir suffisamment de ressources pour avancer dans le travail... Ça ne se passera pas comme cela. Ça va barder"..., proteste Ibrahiman Kaboré.

Le représentant de l’entrepreneur, Armand Ouédraogo tente une explication : "Nous avions un problème de bulldozer. Tout est rentré dans l’ordre. L’engin arrivera dans la deuxième semaine de février. Nous pourrons reprendre correctement le travail et espérer une mise en eau courant juillet 2005".

Hassane Dicko du cabinet ERGECI Développement, qui assure le contrôle technique sur le chantier, veut bien y croire. "Si la purge de la tranchée inondée était rapidement terminée et si le travail reprenait avec un approvisionnement des hommes et du matériel conséquents, le coup est jouable", estime le technicien.

Toutefois précise-t-il, le temps presse car les pluies pourraient être précoces cette année si l’on en juge la remontée actuelle de la mousson dans la partie Sud-Ouest de notre pays. Dans tous les cas, dit-il, "la balle est dans le camp de l’entrepreneur". Son cabinet l’a affecté sur le chantier.

Les populations sont sceptiques. "C’est le 19 janvier que le chantier a repris vie probablement à cause de la mission", avance un habitant de Rollo qui dit qu’à l’heure actuelle, c’était des légumes produits grâce au barrage qu’il devait nous offrir.

"Les ouvriers sont là seulement pour vendre des agrégats", renchérit un autre...

Rester serein

A tous ces gens, le secrétaire général a demandé de la sérénité car le ministère saura prendre ses responsabilités et respectera ses engagements. Avec un délai d’exécution de 9 mois hors hivernage, le barrage de Rollo d’un volume de 2 499 400 m3 d’eau, devrait permettre l’exploitation de 50 ha en amont et en aval pour une production annuel de riz estimée à 50 tonnes contre 80 tonnes de maïs, 300 tonnes de légumes et 20 tonnes de poissons. Sa réalisation accuse un grand retard à l’instar d’un second chantier que COGECI/TP exécute dans la région du Centre-Est. Il semblerait que le chantier de Rollo soit plus avancé que celui de Ouargaye : 10% contre à peine 5%.

A Absouya et Gaskaye (Oubritenga), les deux barrages construits par l’entreprise TBA sous le contrôle technique du Cabinet Lahmeyer/Studi/KCIC/BERA se déroulent bien.

Après trois mois et demi de travaux, les deux ouvrages sont à 40% d’exécution pour Absouya et 60% pour Gaskaye. Les délais d’exécution étant de 10 mois hors hivernage pour Absouya contre 8 mois hors hivernage pour Gaskaye. Une situation qui serait due au professionnalisme et à la grande expérience de TBA et du cabinet-conseil. C’est donc tout naturellement que M. Kaboré leur a transmis les encouragements du ministère tout en formulant le souhait que les délais soient respectés.

TBA et le Cabinet Lahmeyer/Studi/KCIC/BERA assurent que tout se déroulera normalement.

"Absouya et Gaskaye nous réconfortent", a laissé entendre M. Kaboré. Il révèle que sur 12 chantiers visités à la date du 27 janvier 2005, seuls 5 présentaient des motifs d’espoir et de satisfaction quant à leur évolution.

La raison serait à chercher, selon lui, dans "l’inorganisation et la gourmandise des entreprises. Ils prennent des chantiers alors qu’ils n’ont pas suffisamment de matériel et de personnel pour les exécuter.

Malheureusement, ces genres de difficultés ne peuvent être constatés qu’après le démarrage effectif du chantier. Ce problème qui est national est pratiquement un fléau".

Dans tous les cas, M. Kaboré annonce une réunion de vérité pour début février. "Nous allons convoquer tous les acteurs et des dispositions fermes seront prises pour, soit terminer les ouvrages dans les délais, soit sanctionner les entreprises défaillantes. Celles qui sont vraiment incapables pourraient être purement et simplement déboutées"..., martèle Ibrahiman Kaboré.

Pour ce qui est du barrage d’Absouya, elle aura une capacité de 1 025 000 mètres cubes et permettra l’aménagement de 24 ha en aval et 12 ha autour du site.

Les productions annuelles attendues sont de 60 tonnes de riz, 55 tonnes de maïs, 240 tonnes de légumes et 8 tonnes de poissons. Son périmètre sera relié à Ziga par une piste que TBA est également en train de réaliser.

Quant à celui de Gaskaye qui a également une capacité de 1 025 000 m3, elle permettra l’aménagement de 7 ha en aval et 4 ha autour.

Les productions annuelles sont estimées à 25 tonnes de riz, 16 tonnes de maïs, 32 tonnes de légumes et 9 tonnes de poissons. Il sera surtout exploité par les populations déplacées du Projet Ziga.

Victorien A. SAWADOGO (visaw@yahoo.fr)
Sidwaya

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