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Appel au bon sens et à l’esprit citoyen

Publié le samedi 18 janvier 2014 à 00h18min

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Appel au bon sens et à l’esprit citoyen

Demain, les partis politiques affiliés au chef de file de l’opposition appellent à une manifestation nationale de protestation contre l’éventuelle révision de l’article 37 de la constitution relatif à la limitation du nombre de mandats présidentiels, la mise en place du Sénat et contre la politique du gouvernement. En juin et juillet dernier, l’opposition avait déjà battu le pavé dans les rues de Ouagadougou et dans d’autres villes du pays pour les mêmes objectifs. Avec succès et dans un calme relatif. Mais la manifestation du samedi 18 janvier revêt un caractère tout à fait particulier pour deux raisons.

D’abord, elle a lieu un peu plus d’un mois après la conférence de presse du président Blaise Compaoré le 12 décembre à Dori, au cours de laquelle il a indiqué que le peuple pourrait être invité à se prononcer sur la révision ou pas de l’article 37 et clairement rappelé que le sénat sera mis en place parce qu’il est inscrit dans la constitution. Des propos que l’opposition a considérés comme une provocation et qui, selon elle traduisent la volonté du président « à imposer aux Burkinabè le Sénat inutile et budgétivore, massivement rejeté à travers les marches meetings du 29 juin et 28 juillet 2013 ».

Ensuite, la manifestation du samedi intervient quelques semaines après la démission de leur parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), de plusieurs grandes figures de la vie politique nationale.

En démocratie, il est fréquent que des contradictions objectives irréconciliables entre camarades aboutissent à des scissions. En France, le Parti communiste français est né d’une scission de la section française de l’Internationale socialiste ; plus près de nous, le Rassemblement des républicains (RDR) d’Alassane Ouattara a été créé par d’anciens cadres du PDCI ; au Sénégal, le président Macky Sall a longtemps cheminé avec le Parti démocratique sénégalais avant de claquer la porte et créer sa propre formation politique, l’Alliance pour la république (APR). Ces scissions recompositions participent de la vie des mouvements et il est parfois exagéré, comme c’est le cas dans notre pays, de les considérer pour ce qu’elles ne sont pas.

Qui sait, demain, les « démissionnaires » d’aujourd’hui pourraient bien se retrouver avec leurs camarades qu’ils viennent de quitter, à l’image du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).

Depuis ces deux évènements, le niveau de violence du discours politique est monté d’un cran. Le face à face entre l’opposition et la majorité présidentielle semble irréconciliable. On assiste à deux monologues qui cheminent parallèlement, chacun avec sa logique propre, et plus les jours passent, plus chaque camp se radicalise. Les mots précédant toujours les actes, il n’est inutile d’en appeler à l’esprit patriotique et au bon sens civique des uns et des autres durant cette période qui nous sépare de l’échéance de 2015. C’est un impératif catégorique pour tous les protagonistes de savoir préserver l’essentiel au-delà de ce qui les séparent.

Tout semble indiquer que l’opposition réussira à nouveau son pari de faire descendre dans les rues des milliers de manifestants le 18 janvier, d’autant plus que plusieurs associations de la société civile ont appelé leurs militants à se joindre à la marche. Reste la question que beaucoup se posent avec inquiétude. Toutes les mesures ont-elles été prises pour garantir le bon déroulement des manifestations dans la capitale et dans les régions ?

Il faut l’espérer et saluer au passage, le sens des responsabilités du chef de file de l’opposition qui, par voie de presse, a donné des consignes fermes pour le bon déroulement de la manifestation en espérant qu’ils seront scrupuleusement suivis. Il y a va de la liberté de manifester, du renforcement de notre processus démocratique et de la crédibilité des leaders de l’opposition à incarner l’alternance démocratique.

Il faut aussi espérer que, tirant les leçons des évènements de 2011, les forces de l’ordre soient à la hauteur de l’évènement en ne répondant pas aux provocations, ce qui pourrait donner lieu à des débordements, voire des dérapages dommageables à la cohésion nationale. Le ministère en charge de la sécurité est interpellé.

Notre pays est à la croisée des chemins. 2015 déjà demain. La culture et la paix se construisent au prix d’une répression permanente des instincts, d’un refoulement quotidien de nos pulsions et d’un arrachement à l’immédiateté. Nous sommes sous le regard scrutatoire du monde entier. Soit nous choisissons d’être les acteurs de l’histoire, de notre histoire, soit d’en être les spectateurs passifs. Chacun de nous est interpellé, à commencer par le président Blaise Compaoré.

Joachim Vokouma,
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 18 janvier 2014 à 07:12, par Jeanine Debo En réponse à : Appel au bon sens et à l’esprit citoyen

    Bonne marche aux marcheurs !
    Pardon faut pas casser les feux tricolores !

  • Le 18 janvier 2014 à 07:48, par En réponse à : Appel au bon sens et à l’esprit citoyen

    Drôle de pluie ce matin du 18 janvier. depuis kan la pluie tombe en janvier en ces temps de forte fraîcheur ? est ce une pluie provoquée pour casser notre marche ou est ce encore les caprices de la nature ? De toute façon même s’il pleuvait du feu, nous allons toujours sortir. la patrie ou la mort nous vaincrons !!!!!!!!!!

  • Le 18 janvier 2014 à 17:13, par kiemde En réponse à : Appel au bon sens et à l’esprit citoyen

    Nous n’avons plus peur. L’heure est arrivée

  • Le 19 janvier 2014 à 15:17 En réponse à : Appel au bon sens et à l’esprit citoyen

    Je ne sais pas qu’est-ce qu’ il faut negocier ? Quelqu’ un veut t’assommer avec le zande des mossi, tu te rends compe , il te dit de venir t’ asseoir dans sa case vous allez negocier. Il sous- entend que comme il voulait t’ecraser la boule par la nuque d’ un coup sec, au lieu de ca, il peut te masser les cotes avec le meme zana et que meme il peut diminuer en t’ecrasant seulement les genoux. Si tu vas pour negocier, tu as choisi au moins une de ces autres possibilites et je parie que tu ne gagnes rien dans ce genre de negoce que meme les mercantiles ne faisaient pas, eux qui aiment marchander. Blaise, la solution est simple. Pas de senat, pas de modification de l’ art. 37, 2015, Terminus pour vous. Faut- il le dire encore en quelle langue ? Negocier quoi, dialoguer sur quoi ? Surtout que les gens croient dialoguer c’est quand il y a deux personnes qui parlent en la presence des deux personnes. Si tu parles de ton cote et que je parle de mon cote sans que ce que chacun dit soit relie a ce que l’ autre vient de dire, ou est le dialogue ? C’est meme un monologue, pire un soliloque. Mais comme le peuple n’est pas atteint de folie, il se refusera a la soliloquie.

  • Le 19 janvier 2014 à 18:26, par lili En réponse à : Appel au bon sens et à l’esprit citoyen

    Mr Vokouma, il faut répondre à votre appel en disant qu’il a été entendu. J’attends la réponse SVP

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