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Réformes politiques en cours au Burkina : Quelle comparaison d’avec le contexte socio-politique des années 1960 ?

Publié le dimanche 5 janvier 2014 à 15h03min

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Réformes politiques en cours au Burkina : Quelle comparaison d’avec le contexte socio-politique des années 1960 ?

Les organisations syndicales ont animé une conférence publique ce vendredi 3 janvier 2014 à Ouagadougou, dans les locaux de la Bourse du travail. Une conférence qui a mis au centre des débats, les réformes politiques de 1960 à nos jours, et qui s’est affichée en activité commémorative phare du soulèvement populaire ayant sonné la fin du pouvoir du président feu Maurice Yaméogo.

L’on se rappelle qu’à l’appel du mouvement syndical en date du 3 janvier 1966, élèves, étudiants, opposants politiques en son temps, ont conduit ce qu’il a été convenu d’appeler soulèvement populaire, qui a exigé et obtenu la démission du président d’alors.

Revenant sur cette journée historique, le Secrétaire général de la CGT-B (Confédération générale des travailleurs du Burkina), Basolman Bazié relève que ce mouvement de 1966 fit suite à l’interpellation infructueuse du gouvernement par rapport à un certain nombre de mesures drastiques qui avaient été prises, notamment la réduction des allocations familiales qui devaient passer de 1 500 à 800 FCFA, la réduction des salaires de 20%, le blocage des avancements sur deux ans. Ce fut donc un soulèvement populaire intervenu dans un contexte de réformes politiques jugées inacceptables par les organisations syndicales.

Et en choisissant de revisiter les différentes réformes politiques qu’il y a eues dans notre pays depuis son accession à l’indépendance, la CGT-B a entendu, précise son SG M. Bazié, non seulement permettre aux générations actuelles de se faire une idée de la contribution des mouvements syndicaux dans l’histoire socio-politique de la nation intègre, mais aussi et surtout, de comparer le contexte des réformes politiques des années 1960 « avec la situation actuelle que nous traversons ».

Au sortir de ce cadre de débat public, Basolman Bazié dit noter que ce rappel historique a permis aux participants de prononcer une fois de plus sur la question des modifications constitutionnelles, mais également sur la mise en place de la seconde chambre parlementaire. En effet, rappelle-t-il, l’inutilité de la mise en place d’une seconde chambre au sein du parlement burkinabè et le refus du mandat illimité du président du Faso ont été inscrits en bonne place dans la plate-forme apportée par les organisations syndicales à l’occasion des discussions entamées en décembre 1990 autour de l’avant-projet de la Constitution du 11 juin 1991. Ces questions sont donc au centre d’un combat engagé depuis belle lurette et dont la conduite bénéficie encore du quitus de l’ensemble des organisations syndicales.

En tout cas, l’occasion du jour aura permis, à en croire Basolman Bazié, aux responsables syndicaux de savoir qu’ils ne sont pas seuls dans le combat pour plus de stabilité, plus de bonne gouvernance et pour l’instauration d’un climat où les crimes économiques et de sang trouvent à être effectivement et convenablement punis ; mais qu’ils ont le soutien et des pionniers des luttes syndicales et de la jeunesse. C’est du moins, ce dont il confie se réjouir en précisant «  l’engagement qu’on ressent au niveau de la jeunesse d’aller de l’avant, de répondre présent à tout appel du mouvement syndical  ».

La Constitution n’est pas un agenda de poche

En attendant, précise le SG de la CGT-B, « ce que nous ne pouvons pas accepter, c’est le fait qu’un individu ou un groupe d’individus manipulent la Constitution comme si c’était un agenda de poche personnel ». Et d’ajouter, « le mouvement syndical ne peut pas accepter le tripatouillage constitutionnel  ». Pour lui en effet, s’il est établi que l’ensemble des burkinabè estime que c’est à la Constitution qu’il doit se référer en termes de devoirs et de droits et que «  ce texte est manipulé à souhait, cela qui signifie qu’il n’y a plus de texte qui unit les burkinabè ». Et la tendance actuelle allant dans le sens de la modification pour la énième fois de cette Loi fondamentale, « nous allons prendre nos responsabilités », a martelé Basolman Bazié.

Il est incompréhensible, trouve-t-il, qu’on veuille aujourd’hui utiliser les moyens qui ne suffisent d’ailleurs pas à satisfaire les besoins élémentaires des burkinabè, pour les « dilapider dans le cadre d’un référendum ». Et d’ajouter, « surtout que ce référendum vise à sauter le verrou de la limitation du mandat présidentiel pour permettre à un individu de se représenter ».

C’est donc parti pour une manche politiquement très sensible du combat des organisations syndicales. Et ce combat mettra au centre de sa démarche, à en croire Basolman Bazié, la conscientisation, l’éducation des travailleurs et des populations, « afin qu’on comprenne qu’il y a des sacrifices à consentir si nous voulons que le peuple burkinabè soit respecté dans sa dignité  ». Déjà, rassure-t-il, «  le mouvement syndical en tant que contre-pouvoir tient à jouer son rôle de rappel et de mise en garde de ceux qui gèrent ce pays ».

Fulbert Paré

Lefaso.net

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