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Lutte contre la corruption au Burkina : Le REN-LAC pour la création d’un pool anti-corruption dans l’organigramme judiciaire

Publié le mercredi 11 décembre 2013 à 01h40min

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Lutte contre la corruption au Burkina : Le REN-LAC pour la création d’un pool anti-corruption dans l’organigramme judiciaire

Dans le cadre de la 8e édition des Journées nationales de refus de la corruption (JNRC), un panel sur le thème central « la justice burkinabè face à la corruption » a été animé à Ouagadougou ce 9 novembre 2013, à l’initiative du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC).

En 2011, le secteur de la justice a été classé 3e – rang qu’il conserve jusque-là - sur la liste des structures les plus corrompues dans notre pays. Et depuis, le REN-LAC s’intéresse à ce secteur dans le cadre de ses JNRC en insistant sur l’impérieuse nécessité d’instaurer une justice au service de la veuve et de l’orphelin, c’est-à-dire du faible.

La justice aura en effet, été, courant 2013, au centre de bien de récriminations de la part des populations sur la base notamment d’actes de corruption, faisant ainsi l’objet de contestations, mais surtout de méfiance. C’est du moins, ce qu’a relevé le Secrétaire exécutif du REN-LAC, Claude Wetta.

Et pour identifier non seulement le visage de la corruption au niveau de la justice, mais aussi comprendre le rôle que la justice doit jouer dans la lutte contre ce mal au Burkina, le thème « la justice burkinabè face à la corruption » de la 8è édition des JNRC – débutées le 1er décembre dernier -, a été décortiqué par des acteurs clés du monde judiciaire de notre pays, en l’occurrence les magistrats René Bagoro, et Gnanou Karfa, et Me Batibié Bénao qui ont assuré les communications au panel du jour. Et à la modération, Me Guy Hervé KAM, Secrétaire exécutif du Centre pour l’éthique judiciaire.

Après avoir dépeint la considération populaire de la corruption et relevé que du fait des actes de corruption avérés en milieu judiciaire, « la justice n’a pas bonne presse », Me Bénao a précisé que la charpente au niveau de la justice est « corruptogène ». Ce qui, selon lui, tient notamment aux nombreuses imprécisions qui caractérisent les textes régissant les personnels de la justice. C’est dans un tel contexte et en dépit de l’existence avérée de la corruption impliquant ces personnels, que les corrompus sont jusque-là à l’abri de la rigueur de la loi, même par la procédure disciplinaire. Toute chose qui fait dire à Me Bénao que « si l’on y prend garde, la guerre civile dont on redoute tant l’avènement au Burkina Faso, ne viendra pas seulement du manque d’alternance ou d’alternative, mais aussi du manque de justice ».

Pour sa part, le juge René Bagoro, Conseiller à la Cour d’appel, trouve que le conseil de discipline au sein du ministère de la Justice « en l’état actuel, est inefficace dans la lutte contre la corruption ». Néanmoins, reconnaît-il, « c’est un organe qui est important ». A propos, le représentant du ministère de la justice, Karfa Gnanou, par ailleurs Secrétaire général du Syndicat burkinabè des magistrats (SBM), dira trouver anormal, le fait que pour saisir cet organe, le ministre – le seul à pouvoir le faire - « demande toujours l’avis du président du Faso ».

A cela, s’ajoute l’insuffisance – que note au passage le juge Gnanou - des moyens de la justice dans la lutte contre la corruption. Aussi déplore-t-il, le peu de moyens qu’il y a est insuffisamment utilisé.

L’autre réalité, à en croire le SG du SBM, constitutive «  d’une des entraves à la justice en général et dans la lutte contre la corruption en particulier, reste l’excessive emprise du pouvoir exécutif sur le pouvoir judiciaire par l’intermédiaire du parquet  ».

Et revenant sur l’affaire des 23 kg d’or qui a défrayé la chronique entre temps, M. Gnanou confie qu’aux dernières nouvelles, le juge d’instruction saisi contre X, dit être confronté à un problème d’interprète. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ledit dossier piétine encore.

La corruption peut et doit reculer en milieu judiciaire

Le combat doit donc continuer pour la lumière dans cette affaire, mais aussi dans bien d’autres ; l’objectif du REN-LAC étant, précise Dr Wetta, de travailler à l’instauration d’une « justice qui sache traiter et vider les dossiers de corruption et autres crimes économiques avec diligence  ». Et de promettre que dans ce sens, « le REN-LAC va initier une série de plaidoyer en faveur de la création d’un pool anti-corruption dans l’organigramme judiciaire, de l’insertion de la lutte contre la corruption dans le programme de formation initiale du personnel judiciaire  ».

En sus, préconise le Conseiller Bagoro, « il faut instaurer un mécanisme d’enquête systématique pour tout fait de corruption impliquant un magistrat ».

Fulbert Paré

Lefaso.net

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