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Vote des Burkinabè de l’étranger : Le PAREN dénonce un vaste laboratoire en perspective dans l’ingénierie de la tricherie électorale

Publié le samedi 30 novembre 2013 à 00h50min

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Vote des Burkinabè de l’étranger : Le  PAREN dénonce un vaste laboratoire en perspective dans l’ingénierie de la tricherie électorale

Tel l’horizon qui s’éloigne au fur et à mesure qu’on s’en approche, le droit de vote des burkinabés de l’étranger est en passe d’être instrumentalisé pour une fois de plus étouffer la volonté de changement du peuple. C’est un vaste laboratoire dans l’ingénierie de la tricherie électorale qui se prépare dans l’ombre. Et pourtant, ce droit consacré par les articles 1 et 12 de la constitution de notre pays et la loi 019-2009 du 7 mai 2009 modifiant la loi 014-2001 du 03 juillet 2001 portant code électoral prévu pour s’exercer lors des présidentielles de 2010 avait été reporté pour celles de 2015 en vue « de se donner plus de temps pour inscrire tous les Burkinabès de l’étranger loin de tout calcul politicien » selon le ministre de l’administration territoriale de l’époque Clément SAWADOGO.

Pourquoi depuis 2010, ce n’est que maintenant à moins de 24 mois des échéances de 2015 qu’on enregistre un début d’opérationnalisation de ce droit avec le lancement le 02 novembre dernier de la carte biométrique et le début des enrôlements le 18 novembre en Côte d’Ivoire comme si la mesure du vote en 2015 n’était pas connue d’avance ? On le sait bien. La carte consulaire doit servir à justifier l’identité du détenteur pour l’inscription sur les listes électorales et l’obtention de la carte d’électeur biométrique. Ce réveil brusque et tardif en dit long sur les desseins inavoués et inavouables du pouvoir dans l’opérationnalisation du vote des Burkinabès de l’étranger.

L’autre curiosité à ce niveau est non seulement l’octroi du marché de confection des cartes consulaires dans des conditions obscures à un opérateur dont le propriétaire est en crise de crédibilité mais aussi la fixation d’un prix exorbitant de 7000 F. Quelles sont les conséquences évidentes de cette situation ?

Pour avoir mal apprécié la question du timing, on s’achemine inexorablement vers une parfaite répétition de l’histoire de la cacophonie électorale de 2010 qui profitera aux tenants actuels du régime. Tous se rappellent de l’élection dans des conditions calamiteuses du président du Faso en 2010, un véritable cafouillage qui a sa source dans les mêmes erreurs d’improvisations et de précipitations. En effet, l’histoire a retenu que pour ce scrutin, c’est premièrement le recensement électoral qui a été érigé en liste électorale au mépris de l’article 265 du code électoral qui préconisait au préalable un traitement final pour extraire ceux qui ne remplissaient pas les conditions de vote et deuxièmement surtout l’utilisation d’une carte électorale illégale.

Pour le coût, comme en 2010, des opérateurs économiques « généreux » surgiront de partout pour prendre en charge de façon sélective et intéressée le coût de la carte consulaire en vue d’aider à constituer un fichier électoral acquis à la cause du régime.

Au-delà de ces éléments affectant la crédibilité du processus, il y a des interrogations légitimes qui subsistent :
-  Pourquoi veut-on laisser en marge du processus des millions de Burkinabès résidant dans des pays ne disposant pas d’enclaves diplomatiques et ne privilégier que ceux qui en disposent bien qu’ayant des effectifs de nos compatriotes très dérisoires ? Le PAREN estime qu’il est plus conséquent de créer des représentations diplomatiques dans des pays accueillant une forte population de nos compatriotes comme au Soudan, Benin, Gabon et exclure du processus ceux à très faible population comme au Japon, Ethiopie, Inde, Brésil, Chine Taiwan, Autruche etc. De toute évidence, l’érection des bureaux de vote dans les 28 ambassades et 5 consulats généraux sans prise en compte de la réalité des effectifs de nos compatriotes des pays les abritant serait vider le droit de vote des Burkinabès de l’étranger de toute sa substance et son sens. Pour la mise en œuvre, la fixation dans le code électoral d’un seuil minimum pour l’établissement d’un bureau de vote s’impose.
-  Quel est le moyen de surveillance approprié de tout le processus depuis l’enrôlement jusqu’à l’acheminement des résultats électoraux surtout quand on sait que nos ambassades et consulats n’offrent aucune garantie d’impartialité et de crédibilité ? Les plus avertis observateurs savent bien que la plupart de ces représentations abritent des serviteurs zélés et aplaventris du régime. Le PAREN propose la forte implication des partis politiques et la société civile dans cette opération avec les moyens appropriés.
-  Que cache l’absence d’informations et de concertations de tous les acteurs des processus électoraux dans ce défi grandiose de faire participer la diaspora Burkinabè à la vie politique de notre pays ? Pour le PAREN l’information et la concertation seront les clefs du succès de ce projet.
-  Quel est le sort réservé aux éventuels électeurs résidents dans des villes très loin de celles abritant les bureaux de vote ? En Côte d’Ivoire par exemple, un habitant de Daloa sera-t-il prêt à se rendre à Abidjan ou Bouaké pour accomplir son devoir citoyen ? Faut-il- laisser les partis politiques les convoyer s’il y a lieu avec le risque d’un déséquilibre en faveur des plus nantis ? Sur ce point, le PAREN suggère qu’on étudie la possibilité d’un vote électronique sécurisé.

Toutes ces questions sans réponses concertées actuelles ne présagent rien de crédible et transparent.

Le PAREN n’entend pas être complice par son silence de ce laboratoire sophistiqué de fraude en construction et appelle à la mobilisation générale de tous les démocrates pour barrer la route aux fossoyeurs de notre fragile démocratie.

Tahirou BARRY

Président du PAREN

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