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Bil Aka Kora : une carrière musicale bien réussie

Publié le mercredi 26 janvier 2005 à 10h38min

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Bilgo Akaramata Kora, de son nom d’artiste Bil Aka Kora, est le précurseur de la Djongo musique faite de force, d’énergie et d’émotion, mais également l’incarnation même du live réussi, dans une inspiration de danse et de chansons kasena.

Engagé dans une carrière musicale depuis 1996, l’artiste-musicien fait aujourd’hui, la fierté des Burkinabè, de la culture burkinabè.

La carrière musicale du jeune "guerrier" gourounsi a débuté dans les années 1995 - 1996, années où il a décidé de mettre un terme à ses études et de se consacrer entièrement à la musique. Après huit ans passés à défricher le champ musical, ce ne sont pas les souvenirs qui manquent dans la mémoire. Il en a oublié certainement et parce qu’il le faut aussi. Mais ils n’ont pas tous disparus. "Je retiendrai d’abord la sortie de mon premier album. Tout le processus d’arrangement, de mixage jusqu’au marketing. Et le jour où on m’a remis le CD contenant tous les titres de "Douatou", ce jour-là a été pour moi comme une naissance. C’était comme mon visa pour entrer dans la carrière musicale", explique l’artiste.

L’artiste garde également en mémoire sa prestation aux Grands prix nationaux à Kaya où il a été consacré lauréat ex aequo avec Kanzaï en 1997 : "Cela m’a marqué pour plusieurs raisons. Je n’étais pas du tout connu dans le milieu artistique et les aînés ainsi que la presse m’ont découvert. Etre gourounsi, chanter en gourounsi et être applaudi dans une ville mooréphone comme Kaya m’a véritablement marqué". Enfin, le 3e grand souvenir resté en mémoire est celui de l’ouverture de la 18e édition du FESPACO auquel l’artiste dit avoir vivement participé en termes d’animations.

L’esprit Djongo, le maître-mot du groupe

Calme de nature et souriant, le jeune "guerrier gourounsi" est très remuant sur scène. Dans un genre et un rythme particuliers qu’il a décidé d’appeler la Djongo musique et qui fait la fierté, Bil Aka Kora dit avoir commencé avec un genre blues, reggae. Cet n’est qu’aux Grands prix nationaux en 1997 que la coloration originale a pris le pas : "L’idée de la musique que je fais, c’est la Djongo, un concept qui englobe tout. Mais cela ne veut pas dire que tout est percussion ou rythmique. Il y a des influences par rapport à ce que j’écoute, entends et ce mélange donne ce que je fais avec un accent sur l’énergie, la mélodie, l’émotion".

Ce qui fait toujours que sur scène avec tout le Djongo System, Bil est irrésistible et draine avec lui, beaucoup de monde. Pourquoi le live lui réussit-il bien par rapport aux autres artistes burkinabè ?

Il y a d’abord un risque qu’il faut savoir prendre, explique-t-il. "On a toujours l’impression à chaque concert d’avoir un défi et quand on arrive à entamer les deux premières chansons et que ça vous réussit, à la fin du concert, on est vraiment content". Le live chez Bil, c’est aussi un travail de groupe avec les percussionnistes, les guitaristes, etc. Il se réjouit de ce fait d’avoir rencontré de bons musiciens qui partagent sa vision de la musique. "A force de jouer ensemble, on est arrivé à avoir un son de groupe pour le live, c’est-à-dire avoir une complicité sur scène, beaucoup d’émotion. C’est un travail continu ; lorsqu’on n’a pas de concert, on répète assez, on rôde les chansons pour que tout le monde soit à l’aise sur scène si jamais on doit le faire’’.

Un palmarès non des moindres

Côté dis-cographie, Bil Aka Kora a produit trois albums : "Douatou’’ en décembre 1998 qui a reçu le prix de la meilleure chanson d’inspiration traditionnelle aux Kundé 2000 ; "Ambolou" en novembre 2001, album qui l’a vraiment consacré avec trois trophées : Kundé d’or 2002 du meilleur artiste Kundé 2002 de la meilleure chanson d’inspiration traditionnelle et Kundé 2002, du meilleur clip. Enfin, le 3e album est sorti en décembre 2004 et s’intitule "Dibayagui’’. Avec le Djongo System, l’artiste a réalisé une centaine de concerts-live, effectué beaucoup de rencontres avec des musiciens d’origines diverses. Bil Aka Kora a aussi produit des chansons pour des films publicitaires, trois longs métrages télé et des séries comme "Madou le Petit Berger’’, "Le Nouveau Royaume d’Abou, etc. L’artiste n’oublie pas son tout premier trophée, celui du 3e prix d’Afrique Caraïbes reçu à Lomé en 1999. Une carrière musicale qui réussit bien avec une récente distinction et non des moindres : la médaille de chevalier de l’Ordre du mérite burkinabè par le ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme. S’exprimant sur cette distinction, l’artiste avance : "Je crois que je dois beaucoup cette décoration à ma femme qui m’a la première fait confiance. Elle m’a beaucoup aidé à croire en la musique. Ensuite, je la dois à l’ensemble du Djongo System à travers lequel nous avons pu techniquement réalisé beaucoup de choses. Enfin, je n’oublierai pas tous ceux qui ont mis la lumière sur moi, la presse et toutes les bonnes volontés’’.

Pour son dernier opus, "Diabayagui’’, Bil Aka Kora a décidé d’en faire une œuvre ouverte avec des duos et même un titre en français. A ce propos, il explique : "J’aime dire que je torture la langue Kasena parce que c’est celle que je maîtrise le mieux et pour la faire obéir à certains rythmes. C’est vrai, je n’avais pas l’inspiration pour tourner en langue française. Mais sur cet album, j’ai voulu un album ouvert parce que c’est le 3e. La langue française, son usage pour moi dépend beaucoup plus de mon inspiration. Or, chez moi, la composition de mes textes obéit à un rythme que je n’ai pas toujours en français’’.

Après la musique, le cinéma ? Ou simplement ciseaux et musique à la fois ? En tout cas Bil a bien occupé le rôle de belle facture de l’acteur principal dans "Sofia" de notre confrère Boubacar Diallo du journal de Jeudi.

Ismaël BICABA (bicabai@yahoo.fr)
Sidwaya

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