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Eductour : Troisième jour sur les Pics de Sindou

Publié le lundi 28 octobre 2013 à 23h51min

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Eductour : Troisième jour sur les Pics de Sindou

24 septembre. Au menu du troisième jour de l’Eductour 2013, la visite d’une des têtes d’affiche des sites touristiques de la région des Cascades, les Pics de Sindou, à 50 km de Banfora.

A l’heure du petit déjeuner, tout le monde est là. La distance qui sépare l’hôtel Cascades Palace où nous logeons, de la ville de Banfora semble avoir dissuadé les candidats aux escapades nocturnes. On fait un débriefing du programme de la veille et nous voilà partis pour Sindou. Les travaux de bitumage de la piste en latérite occasionnent des déviations, ce qui rallonge la distance et le temps de parcours. A 9h15 mn, nous y sommes, accueillis par le guide, Tiémoko Ouattara, sans doute le guide le plus passionné par son métier.

Le site s’étend sur 7 km de long et 1 km de large et selon le guide, les Pics qui sont des grès de rocher, se situent à 400 m d’altitude par rapport au niveau de la mer et se seraient formés après le retrait de la mer du précambrien il y a en 600 millions d’années. Les formes parfois imaginaires que prennent les rochers sont le résultat de l’érosion de l’eau et du vent. Voilà l’explication scientifique, mais elle est loin d’être partagée par habitants de Sindou. D’après l’histoire que le guide a apprise de ses ancêtres, « les pics ont été créés par les esprits au temps du Roi Salomon et les Sénoufo, fuyant les razzias depuis le Mali s’y sont réfugiés avant de fonder par la suite un village juste à côté qu’ils ont appelé, selon les versions, Soutrala, Sudugu et Sindou, et qui veut dire protection des esprits ». (Voir vidéo)

Ces faits se seraient déroulés au 14e siècle et depuis, les habitants n’ont plus connu de persécution. Ils ont alors fait des sacrifices pour remercier les esprits et aujourd’hui encore, des sacrifices sont faits tous les vendredis pour bénéficier toujours de leur protection. Raison pour laquelle, certaines parties du site sont interdites au public.

Les Pics qui font aujourd’hui la renommée de la région et des Sénoufo génèrent des recettes qui servent à financer des activités dans les secteurs de l’éducation et la santé. C’est sous une température clémente par un temps brumeux que l’équipe d’Eductour quitte les Pics et la région des Cascades aux environs de midi pour le sud-ouest. Au programme de cet après-midi, les Ruines de Loropéni que nous atteignons après plus de quatre heures de piste longue de 195 km, par endroit très cahoteuse, puis les sanctuaires des Roi Gan.

Le sourire charmeur de Youl Ollo Yvonne, la guide qui nous accueille atténue quelque peu la fatigue. Ici aussi comme aux Dômes de Fabédougou, la piste qui mène jusqu’aux pieds des Ruines a été aménagée et d’autres travaux sont en cours pour faciliter les visites et mieux rentabiliser ce site inscrit depuis le 26 juin 2009 au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Les Ruines couvrent une surface de 11130 m2 et comprends deux grands compartiments à l’intérieur desquels se trouvent des structures de formes variées. La muraille mesure 6 mètres de hauteur et repose sur une base épaisse d’1,40 mètre elle-même soutenue par une fondation de 2 mètres dans le sous-sol. Avant l’inscription des Ruines au patrimoine mondial, des fouilles archéologiques ont révélé que la partie la plus anciennement occupée remonte au 11e siècle et la plus récente au 19e siècle. « Mais, insiste la guide, le 11e siècle n’est pas la date de construction de ce site, mais la date d’occupation, et jusqu’à présent on ne sait pas exactement quand le site a été bâti et à quelles fonctions il répondait ». Reste des hypothèses, dont celle laquelle le site pourrait avoir été un passage pour les caravaniers en route vers le Ghana dans le commerce de l’or et du fer. Autre hypothèse, ce site pourrait avoir été utilisé dans le commerce des esclaves, mais au moment des fouilles qui n‘ont duré que 50 jours, on n’a pas trouvé ni menottes ni chaines. « En l’état actuel des connaissances, explique Youl Ollo Yvonne, les chercheurs, pluridisciplinaires et venus de la Côte d’Ivoire, du Togo et du Bénin, attribuent ce type de construction aux Nabés, qui seraient les premiers habitants dans cette localité vers le 14e siècle et c’est par la suite que les voisins leur auraient attribué plusieurs noms comme les Lorons, les Tuna et les Koulangous  ». A l’en croire, on retrouve d’ailleurs de nos jours ces peuples vers la frontière Côte d’Ivoire Burkina Faso, précisément dans un village nommé Guibè, une commune rurale du Burkina, et les Koulangos, dans la partie Nord de la Côte d’Ivoire. Ces derniers auraient le même type de construction que le site des Ruines, faite avec des pierres volcaniques.

La nuit commence à tomber et il faut se dépêcher de rejoindre Obiré, à 7 km à l’Est de Loropéni à la rencontre du Roi Gan, suivie d’une visite des sanctuaires de ses prédécesseurs. Nous avons accusé un retard sur l’heure de notre arrivée, mais le Roi nous a attendus et nous a reçus dans sa cour, en présence de ses conseillers et collaborateurs. Le guide attitré de cette localité, Farman Kofi, s’approche du roi, s’accroupit et lui parle à voix basse, puis s’adresse à nous. « Sa Majesté vous souhaite la bienvenue dans son royaume, vous remercie d’être venus à lui et vous encourage dans le travail que vous êtes en train de faire pour le développement du tourisme à Obiré et au Burkina  ». Mme Béatrice Bado, la chef de l’Eductour s’excuse du retard avec lequel nous sommes arrivés, puis présente les membres de l’équipe. Par l’intermédiaire du guide, Sa Majesté répond à quelques questions et nous autorise à aller visiter les sanctuaires, à environ 500 mètres de son palais.

De forme circulaire ou carrée, les sanctuaires des Rois Gans sont des répliques des tombes de ces derniers à l’exception de celle du roi Farman Topan Kpanaguimihan, privé de sanctuaire pour avoir été d’une rare cruauté envers ses sujets, particulièrement ceux qui ont été reconnus coupables de délits. Selon le guide, il pouvait ordonner à son fils de gratter, à l’aide d’un outil tranchant, les mollets du fautifs jusqu’à l’os. «  A cause de sa cruauté, à sa mort, son cadavre a été maltraité lors de la procession qui précède l’enterrement. On laissait tomber son cadavre au lieu de le déposer doucement  », explique le guide.

Pour éviter de pareils dérapages, le roi est désigné par un collège des sages pour un mandat de trois ans, le temps de l’observer à l’œuvre. S’il gouverne avec sagesse, bonté et justice, le collège des sages confirme sa désignation, et dans le cas contraire, on s’arrange pour le faire disparaitre. Après sa désignation définitive, le nouveau roi construit un sanctuaire pour son prédécesseur, puis érige une statue à son honneur afin qu’il le laisse régner dans la paix et la tranquillité.

Malgré la nuit tombée, les habitants ont tenu à nous dire au revoir aux sons et danses de musique traditionnelle. Il faut maintenant gagner Gaoua, distant de 47k m. Mme Bado nous avait prévenus : « Le standing des structures d’hébergement que nous avons retenues peut varier du simple au double. C’est fait exprès parce que nous voulons montrer ce qui existe réellement et qui peut satisfaire toutes les bourses  ». L’hôtel Nongtaaba où nous passons la nuit a ouvert ses portes quelques semaines plus tôt, mais certaines installations et services attendaient d’être mis au point pour assurer le confort des clients.

Fin du 3e jour.

Joachim Vokouma, Lefaso.net (France)

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