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Recherche scientifique : La communication, un maillon essentiel dans la valorisation

Publié le jeudi 26 septembre 2013 à 23h20min

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Recherche scientifique : La communication, un maillon essentiel dans la valorisation

Des quatre ateliers tenus simultanément durant ce symposium international, figurait en bonne place la problématique de la création d’un environnement favorable à l’utilisation des résultats de la recherche et des innovations pour le développement économique et social. Entre autres sous-thèmes débattus dans cet atelier : « la communication, démarche essentielle à la valorisation des résultats de recherche et des innovations », présenté par le Dr Cyriaque Paré, communicologue au Centre nationale de la recherche scientifique et technologique (CNRST) du Burkina.

Déplorant l’inefficacité de la recherche du CNRS en France, le général Charles de Gaulle avait lancé : « des chercheurs qui cherchent, on en trouve ; mais des chercheurs qui trouvent, on en cherche ». Cette boutade est revenue à maintes reprises durant ce symposium.

Heureusement, tous les intervenants semblent s’inscrire en faux. N’empêche, cette boutade, quoi que, galvaudée caractérise à juste titre « l’incompréhension, sinon la défiance du public envers le travail du chercheur  », a reconnu Dr Cyriaque Paré.

C’est pourquoi, il soutient : « puisque les chercheurs et innovateurs savent qu’ils cherchent et qu’ils trouvent, la question n’est donc pas de chercher ceux qui trouvent, mais de trouver ceux qui cherchent. En cela, la communication devrait être, pour eux, un outil essentiel  ». «  Parce que dans la problématique de la valorisation des résultats de la recherche, il est question de légitimité sociale, de marketing, de vulgarisation ; toutes choses qui convoquent la communication  », a-t-il ajouté.

Légitimité sociale, marketing et vulgarisation

La problématique de la valorisation des résultats de la recherche est une question de légitimité en ce sens que la recherche doit justifier son utilité sociale et son apport dans le développement. « Si le chercheur est presque quotidiennement interpellé sur « ce qu’il fait au juste » ; c’est qu’il n’a pas toujours mesuré à sa juste valeur l’enjeu communication », estime Dr Paré.

La problématique de la valorisation des résultats de la recherche est ensuite une question de marketing. La recherche doit savoir se vendre auprès des investisseurs pour espérer mobiliser les fonds nécessaires à son approfondissement ou à l’implémentation de ses résultats, à leur valorisation.

La problématique de la valorisation des résultats de la recherche est, enfin, une question de vulgarisation car « il ne s’agit pas de chercher pour chercher, mais de chercher pour trouver et de faire connaître les fruits de la recherche, de les disséminer pour une appropriation la plus large possible  ».

C’est donc dire que la recherche scientifique, l’invention et l’innovation jouent un rôle de pilier dans développement socio-économique des pays. D’où la nécessité de faire connaître et valoriser ces résultats. « Pour la mise en œuvre de la politique sectorielle de la recherche scientifique et technologique, la communication comme outil d’accompagnement est indispensable. Elle permettra de donner une visibilité aux différentes actions et facilitera le dialogue et l’appropriation par les acteurs », a rappelé le communocologue.

Un dispositif squelettique

En effet, les principaux documents portant sur la politique nationale, la stratégie et les actions de mise en œuvre de cette politique soulignent tous l’importance et le rôle de la communication. Cette stratégie précise les activités à mener pour développer un système efficace de communication : création ou renforcement des services de communication des structures de recherche, identification des outils et canaux de communication appropriés, traduction et diffusion des supports en langues nationales, etc.

«  Il y a certes un début de mise en œuvre de ces actions. Mais le dispositif reste encore plutôt squelettique  », regrette le communicateur. Car le maillage attendu et annoncé en matière de dispositif de communication n’est pas encore effectif. Pire, l’existant a parfois tendance à se rétrécir comme une peau de chagrin. Dans les instituts de recherche, le dispositif devant assurer la visibilité des résultats de la recherche n’est guère reluisant. Les services de communication dans ces instituts sont le plus souvent animés par des chercheurs et non des professionnels de la communication. Pourtant, il ne serait pas exagéré de parler, comme certains, de carriérisme des chercheurs, certes légitime, au détriment de réelles actions de vulgarisation des résultats de la recherche.

La communication, première victime des ajustements financiers

Si dans les discours et les textes, la communication est reconnue et même parfois revendiquée comme une démarche essentielle à la valorisation des résultats de la recherche et des innovations, les stratégies recommandées en la matière sont rarement pleinement mises en œuvre. Plus grave, la communication semble être la première victime des vicissitudes et autres ajustements financiers.

Pourtant les propositions de solutions ne manquent pas afin de rapprocher les chercheurs des médias. Dans ce cadre, en janvier dernier, un atelier a été organisé à Koudougou par l’INSS (Institut des sciences des sociétés) –une branche du CNRST auquel appartient le communicateur du jour-, avec un appui financier du Projet Valorisation sur le thème «  interface chercheurs en sciences humaines et sociales, médias et organisation de la société civile : un dispositif actif pour la valorisation des résultats de recherche ». Cette rencontre a permis d’établir le diagnostic et formuler des recommandations dans le but d’améliorer la collaboration entre chercheurs et médias reconnus comme canaux incontournables de vulgarisation des résultats de la recherche. Ces recommandations sont :
-  Créer une plate-forme de collaboration en ligne pour les chercheurs et les journalistes et y publier les répertoires des chercheurs et des journalistes,
-  Créer une newsletter périodique pour publier les nouveautés en matière de résultats de la recherche.
-  Identifier un point focal dans chaque institut de recherche pour relayer l’information vers les médias.
-  Mettre à jour régulièrement des sites Web des différents instituts de recherche.
-  Elaborer et mettre en œuvre d’une stratégie globale de communication sur les résultats de la recherche au niveau du CNRST.
-  Mettre à jour régulièrement les catalogues qui existent sur les travaux des chercheurs
-  Mettre en place des services de communications dans les instituts de recherche qui n’en ont pas
-  Renforcer les compétences des chercheurs en matière de diffusion de l’information dans les médias grand public.
-  Rappeler la nécessité de consacrer 10% des budgets de financement des projets pour la prise en charge des actions de communication, conformément aux recommandations de la politique nationale de communication.

Au Burkina, il est incontestable que les chercheurs trouvent. Et le meilleur moyen de mettre leur trouvail au service de la population serait d’accorder à la communication toute sa place. Les chercheurs qui cherchent et qui trouvent, les politiques et les médias sont donc interpelés.

Moussa Diallo

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 27 septembre 2013 à 14:28, par Karim Ganame En réponse à : Recherche scientifique : La communication, un maillon essentiel dans la valorisation

    Bon travail, Cyriaque.

    J’irai plus loin : la recherche non valorisée est un luxe que ne devrait pas se permettre les pays africains. Dans un modèle idéal, l’innovation doit être portée par les entreprises qui, si elles n’ont pas l’expertise requise, se tournent vers les instituts de recherche pour exprimer leurs besoins face à une demande du marché. Les chercheurs travaillent de ce fait sur des projets potentiellement viables et l’entreprise demanderesse contribue financièrement et matériellement à la recherche puisqu’elle profitera de ses résultats. Les instituts de recherche s’autofinancent donc en partie, ont un budget plus grand que celui que leur alloue l’État, ce qui leur permet de travailler sur des projets de plus en plus ambitieux. C’est ce qui se fait dans la plupart des pays développés.

    Pour atteindre ce niveau, comme tu le soulignes, il faut communiquer pour faire connaitre les instituts de recherche, leurs champs d’expertise et ce qu’ils ont déjà trouvé. Les instituts de recherche doivent se vendre (Marketing) et mettre en place des structures de liaison avec les entreprises.

    Mais le simple fait de se poser la question sur la problématique de la valorisation de la recherche est une avancée que je salue.
    Vivement que tes recommandations soient suivies, Cyriaque.

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