LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Lettre ouverte au président de l’Université de Ouagadougou

Publié le mardi 18 janvier 2005 à 06h51min

PARTAGER :                          

Qu’est-ce qui peut motiver un enseigné à porter atteinte à l’intégrité physique d’un enseignant ? Autrement dit, de quel droit des étudiants, surtout de l’ANEB, peuvent-ils tenir des propos outrageants à l’égard d’un professeur d’université, en la personne de Jean-Baptiste Kiethega, « notre Doyen » ?

Une terrible dérive que nous ne saurons justifier, donc nous taire, encore moins tolérer. Toutes nos pistes de réflexion pour comprendre un tel comportement aboutissent à une même conclusion : sur tous les plans, les événements au soir du l3 décembre 2004 dans le laboratoire d’archéologie sont inadmissibles.

D’abord au niveau académique, avant de se prévaloir du titre d’étudiant, il faut s’inscrire. Or toute inscription implique un engagement de l’étudiant à respecter les textes régissant la conduite au sein de l’Université. En témoigne la signature de l’étudiant, précédée de la mention « lu et approuvé », au verso de la fiche individuelle d’inscription administrative. Par exemple, l’article 10 qu’aucun étudiant n’est sensé ignorer stipule en son premier alinéa : « aucun étudiant ou groupe d’étudiants ne peut exercer une contrainte physique ou morale, sur un autre étudiant ou un autre groupe d’étudiants, un enseignant ou groupe d’enseignants dans le but de l’emmener à adhérer à ses propres idées à l’intérieur des locaux et enceintes universitaires, y compris les locaux qui peuvent être mis à leur disposition. . . »

En outre, l’adhésion à une association estudiantine ne peut modifier, ni supprimer cet engagement de l’étudiant. Et ce n’est pas le Comité exécutif de l’ANEB qui nous contredira. Cette association qui est passée championne dans la revendication d’un cadre propice aux études dans le même temps elle refuse toute idée de police universitaire ? Comment l’ANEB veut-elle lutter pour le respect des franchises et libertés universitaires alors qu’elle empêche les étudiants d’accéder aux amphis ou salles de classe ? Pourquoi et qui paie nos 15000 F ? Ça aussi, c’est une forme d’impunité, qui doit cesser !

Ensuite, notre éducation africaine nous a enseigné le respect des cadets vis-à-vis des aînés, quelles que soient les circonstances. Encore que dans notre cas, Monsieur Jean-Baptiste Kiethéga est sans nul doute, de la génération de nos parents. En plus, voici plus de 30 ans qu’il « s’use » afin de nous léguer ses connaisances, même si les mauvaises langues nous diront que c’est son « boulot » et qu’il est payé à ce titre. En toute honnêteté, nous pensons qu’il a tant donné pour notre département, notre UFR, notre Université et notre pays pour être humilié de la sorte. Pour un homme de son âge et pour tout ce qu’il continue de faire pour nous autres étudiants, la morale nous ordonne au moins le respect. Même Norbert Zongo, paix à son âme, ne saurait en aucun cas, encourager ou féliciter cet affront.

Au regard de tout ce qui précède, nous prenons la responsabilité de dénoncer un tel acte qui hypothèque notre formation, viole les principes élémentaires de courtoisie et des franchises universitaires, discrédite l’ANEB et l’image déjà ternie de l’étudiant. C’est pourquoi, nous le dénonçons. Nous voulons ainsi nous sentir solidaire de nos enseignants dont nous saluons l’initiative de protestation, par un arrêt des cours, ce mercredi l2 janvier 2005.

C’est également l’occasion pour nous, d’interpeller le Président de l’Université à prendre dès maintenant ses responsabilités conformément aux textes en vigueur. De même, nous prenons la communauté universitaire et nationale à témoin, si un tel comportement se répétait. Nous déclinons toute responsabilité des actes que nous poserons en guise de riposte. Nous affirmons que, plus jamais nos enseignants, de même que nous-mêmes, ne nous laisserons encore inquiéter ou en insécurité. Il y va de la qualité de notre formation. . .

Bonne réception !

Marcel KOURAOGO,
Porte-parole des étudiants en Histoire et
Président du Comité Estudiantin du
Refus des Agressions (CERA)
CIB N°5369648 du 09/01/98
CCP Ouaga
76-64-54-45

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?
Sénégal / Diomaye Faye président ! : La nouvelle espérance