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Vœux de la presse au président du Faso : Affaire Norbert Zongo, convention collective, dépénalisation

Publié le lundi 17 janvier 2005 à 07h53min

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Pour la deuxième fois seulement "dans la succession des républiques qu’a connues notre pays", la presse nationale a présenté ses vœux au chef de l’Etat.

A l’occasion, des préoccupations majeures de l’heure du monde des médias ont été soumises au président du Faso, dont la dépénalisation des délits de presse. Blaise Compaoré a marqué son approbation à soutenir la réforme juridique autorisant cette dépénalisation.

Directeurs généraux et directeurs d’organes de presse publics et privés, représentants des journalistes, et des associations et organisations socioprofessionnelles ... il y avait du beau monde en cette soirée du 14 janvier 2005 au palais de la présidence. Et pour cause, la presse nationale présentait ses vœux au président du Faso qui, à l’occasion, était entouré du président du Conseil supérieur de l’information (CSI), Luc Adolphe Tiao et du ministre de l’Information, Joseph Kahoun.

Celui-ci ouvrant le bal des interventions dans une note introductive, souligné que la présentation de vœux de la presse au chef de l’Etat, fait suite à une requête du président du CSI, lors de la présentation publique de son dernier rapport le 9 décembre 2004.

Une rencontre de "haute portée" et "exceptionnelle, car c’est seulement la 2e fois que la presse nationale présentait ses vœux au chef de l’Etat.

Dans son adresse au président Compaoré, le porte-parole des médias, le doyen Edouard Ouédraogo a d’abord formulé au premier des Burkinabè et à sa famille, des vœux de santé et de paix, "dans la conduite de notre destin commun".

Affaire Norbert Zongo, convention collective, dépénalisation des délits de presse ...

Place ensuite aux préoccupations "qui tenaillent la profession". La première d’entre elles, le souhait que justice soit rendue à notre confrère Norbert Zongo (celui la même qui fut le porte-parole de la presse le 06 janvier 1997, date à laquelle pour la première fois les médias adressaient leurs vœux au chef de l’Etat) disparu tragiquement le 13 décembre 1998.

"Par devoir de mémoire pour notre confrère, nous ne pouvions pas à cette occasion ne pas partager avec vous, notre attente pressante que justice lui doit rendue rapidement, avec le sentiment que tel est, du reste, le vœu unanime de tous les Burkinabè de bonne volonté à commencer par le premier d’entre eux qu’est le président du Faso", a indiqué le porte-parole de la soirée.

Deuxième préoccupation qui ne relève cependant pas des pouvoirs constitutionnels du président du Faso et dont la négociation doit être une œuvre bipartite incombant aux travailleurs de la presse et aux employeurs du domaine, la convention collective. L’adoption d’un tel cadre aidera à doter le Burkina d’une presse plus professionnelle et socialement plus sécurisée.

De l’avis du doyen Edouard Ouédraogo, la convention collective hâtera également la solution de la carte professionnelle de journaliste dont paradoxalement le Burkina est un des rares Etats à n’en pas disposer alors qu’en comparaison, les analystes le créditent d’une presse de qualité honorable.

Blaise Compaoré a aussi prêté une oreille attentive aux problèmes dont les solutions sont d’ordre légal ou réglementaire. Il s’agit du régime fiscal des médias. Le porte-parole a souhaité qu’il leur soit appliqué une fiscalité préférentielle en fonction de l’entreprise de presse, de la hausse de la subvention de l’Etat à la presse privée qui est de 150 millions par an actuellement. Autres doléances, dont la solution est d’ordre légal, l’évolution rapide du statut d’établissements publics d’Etat (EPE), des médias publics, en Etablissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC). Et cela pour plus d’autonomie et de fonctionnalité.

L’une des préoccupations majeures du monde de la presse, adressée au chef de l’Etat a été, sans conteste, la dépénalisation des délits de presse. A ce sujet, le porte-parole a su interpeller le président du Faso : "l’ensemble de la profession par ma voix, vous sait d’avance gré des mesures qu’il vous plaira d’initier pour dépénaliser la loi 56-93 ADP du 30 décembre 1993 portant code de l’information, des 16 articles qui permettent encore d’envoyer es qualité, un journaliste derrière les barreaux".

Rencontres périodiques président du Faso / presse nationale : consolidation du dialogue sociale

Blaise Compaoré dans la réponse aux représentants des médias s’est dit très sensible à la chaleur des vœux formulés à son endroit et sa famille. "Je les reçois comme une marque de respect et d’estime au-delà des divergences d’appréciation que nous pouvons avoir sur la conduite des affaires de l’Etat", a-t-il précisé.

Abordant la question de la dépénalisation des délits de presse et d’opinion, le président du Faso a assuré le monde de la presse, de sa disponibilité à soutenir le débat sur la réforme juridique autorisant cette donnée fondamentale pour l’avenir de la profession. Mais prévient-il, "la dépénalisation ne devrait pas être perçue par nos concitoyens et concitoyennes comme une prime à l’impunité".

Concernant l’affaire Norbert Zongo, Blaise Compaoré pense "que nous devons continuer à faire confiance à la justice pour qu’elle conduise dans la sérénité et jusqu’au bout, son instruction".

Quant à la convention collective dont la concrétisation ressort en premier de la responsabilité des journalistes, le président du Faso encourage vivement ceux-ci à élaborer un texte consensuel qui engagera toute la profession.

Et cela en concertation avec le CSI et le ministère de l’Information.

Par ailleurs, le chef de l’Etat a pris acte du souhait de la presse de voir ce genre de rencontre se renouveler. "Le fait de pouvoir périodiquement nous rencontrer, d’échanger, loin d’aliéner votre liberté, consolide le dialogue social comme une option fondamentale et l’un des éléments de gouvernance dont le Burkina tire la stabilité politique et institutionnelle", a-t-il indiqué.

Et Blaise Compaoré d’annoncer de bonnes nouvelles pour la profession. Selon le président du Faso, des projets d’aménagements touchant au code de l’information et à la loi portant compétence et fonctionnement du CSI, seront incessamment introduits auprès du parlement, en vue de prendre en compte les exigences actuelles de notre société et de l’évolution de la profession.

En attendant, le premier des Burkinabè a traduit sa fierté quant au comportement de la presse nationale : "J’éprouve une légitime fierté au regard de la maturité de la presse nationale. En dépit d’insuffisances et de manquements parfois constatés, l’appréciation d’observateurs avisés présente la presse burkinabè comme étant l’une des plus libres, des plus riches et des plus critiques d’Afrique".

Gabriel SAMA (galsam01@yahoo.fr)
Sidwaya

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