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Fonctionnaires fictifs : Ces sangsues qui ruinent l’Etat

Publié le vendredi 14 janvier 2005 à 07h27min

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Le Mali est en train de soulever les draps sales de son administration. Un groupe d’inspecteurs est à la traque des fonctionnaires fictifs. Des individus mal intentionnés continuent en effet de percevoir leurs salaires bien que ne faisant plus partie de l’administration publique. D’autres y sont officiellement enregistrés mais ont déserté leurs lieux de travail.

Dans certains cas, l’administration elle-même fait montre d’une "pagaille" qui ouvre ainsi la porte à des dérives. Au Cameroun, au Burkina Faso et dans plusieurs autres pays africains, la fonction publique, l’un des maillons essentiels du développement, est devenue le théâtre d’affaires louches. Derrière ces pratiques malsaines, se cachent souvent des réseaux mafieux impliquant même certains hauts cadres de l’Etat.

Ainsi, comme un poignard qui pénètre le flanc frémissant et fait saigner le coeur, les élans de développement sont, du fait de ces dérives, pris constamment en otage. Quarante ans après la proclamation officielle de l’indépendance, l’Afrique est toujours à la recherche de son indépendance. Il lui faut trouver une volonté farouche pour inventer l’avenir.

Mais là réside le véritable problème car, aujourd’hui, la morale est en agonie dans la plupart des pays du continent, portant ainsi un terrible coup à la dynamique de développement. Certes, des concepts tels que "modernisation de l’administration", "réforme de l’Etat" sont à la mode, brandis généralement par les pouvoirs publics pour prouver aux bailleurs de fonds qu’ils sont animés par la volonté de construire l’édifice national.

Mais comment comprendre que malgré ces discours mielleux distillés pendant les cérémonies officielles et dans les salons feutrés, la plupart des pays africains soit au bas des classements annuels du PNUD sur le développement humain durable ? Depuis plus d’une décennie, les rapports se succèdent et se ressemblent presque. Ils sont pourtant le baromètre des efforts nationaux en matière de développement, avec, en ligne de mire, la capacité des Etats à oeuvrer à la satisfaction des besoins fondamentaux de l’existence humaine.

Les pays africains doivent impérativement revoir les systèmes de fonctionnement de leurs administrations s’ils veulent donner une chance au progrès et éviter ainsi que le continent ne continue de végéter à la périphérie des grands enjeux mondiaux. Déjà, la plupart des administrations africaines sont minées par la paresse. Evidemment, dans un tel contexte, elles ne sauraient trouver les chemins de l’efficacité et de l’excellence.

A moins, bien sûr, de revoir leur copie. Lenteur administrative, corruption, démagogie... sont devenues des réalités implacables dans certains pays. A cela s’ajoute la politisation de l’administration qui conduit bien souvent aux enrichissements illicites à la concussion, à la prévarication et au laxisme. A cette allure, on se demande s’il ne faut pas se résoudre à privatiser l’administration. Bien que cette option paraisse excessive, elle révèle l’impérieuse nécessité de réformer, sans complaisance, les différents secteurs de l’administration publique.

Certes, il est incontestable que les administrations africaines regorgent de fonctionnaires consciencieux, toujours animés par la ferme volonté de servir l’intérêt général. Ils apportent, au quotidien, leurs contributions au développement de leur pays. Mais bien souvent, leurs efforts sont annihilés par les "sangsues" qui sucent l’Etat jusqu’à vouloir lui ronger les os, démotivant ainsi les agents sérieux.

Cette pagaille prend de l’ampleur parce qu’il n’y a pas de véritable sanction contre les fautifs. Ainsi, l’Afrique ploie sous le lourd fardeau de l’impunité et du sous-développement. Les promesses électorales sont pourtant nombreuses mais après les scrutins, la machine de l’espoir se grippe, laissant ainsi les populations dans le désarroi. Une minorité, rafle le beurre, l’argent du beurre jusqu’à voir le sourire de la crèmière.

Aujourd’hui, au Burkina comme dans la plupart des pays africains, les portes de la participation au développement sont intentionnellement verrouillées par certains individus ou groupes d’individus mal intentionnés. C’est cette "muraille de Chine" que le Japon par exemple a eu le courage de briser. Donnant ainsi la chance aux petites et moyennes entreprises de prouver leur capacité à apporter de la sève nourricière au développement du pays. L’initiative privée, permanemment encouragée, a permis de donner une bouffée d’oxygène à cette dynamique.

Mais en Afrique, les fonctionnaires fictifs ou paresseux continuent de dicter leur loi, avec la complicité de certaines têtes couronnées des pouvoirs en place. L’Etat a tendance à vivre essentiellement de la fiscalité. Mais paradoxalement, il ne prend pas des dispositions adéquates pour susciter abondamment la création des dividendes susceptibles de payer le fisc. Et le tâtonnement continue, annonçant ainsi des lendemains incertains. Alors, Africains de tous les pays, unissez-vous... pour inventer l’avenir du continent ! C’est un devoir citoyen, clé de voûte du développement humain durable.

Le Pays

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