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Incidents à la Présidence du Faso et Sénat : Des burkinabè sceptiques et inquiets

Publié le jeudi 5 septembre 2013 à 00h30min

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       Incidents à la Présidence du Faso et Sénat : Des burkinabè sceptiques et inquiets

Deux actualités en une seule ? Ou une actualité en deux ? En tout cas, les incidents survenus du côté de la Présidence et la remise du rapport du comité de suivi d’évaluation du CCRP concernant la mise en place du Sénat ou non, ne laissent pas les burkinabè indifférents. Entre ceux qui acceptent de donner leur point de vue, et ceux-là qui préfèrent s’en tenir à des échanges loin des regards et des micros, l’idée est pourtant faite : Partout, c’est l’inquiétude qui domine globalement.

Hamidou Traoré, journaliste :

Souvent, quand on écoute nos dirigeants, on a l’impression qu’ils sont très déconnectés des réalités de leur pays. Moi je sais que depuis un certain temps, il y a une grogne sociale due à la question du Sénat. Ça, c’est une réalité indéniable. La société civile est sortie manifester sa désapprobation, l’opposition politique en a fait autant.

Malgré tout, le chef de l’Etat veut croire en la légitimation du processus de mise en place de cette institution. Moi, je ne sais pas pourquoi on veut coûte que coûte mettre en place un Sénat dans ce pays. On nous dit que ça renforcera la démocratie ; je suis d’accord pour la démocratie, mais franchement, je trouve qu’actuellement les burkinabè sont malades, les burkinabè ont faim, les burkinabè ont d’autres problèmes.

L’entêtement dans la mise en place de ce Sénat me donne la conviction qu’il y a deux Burkina, l’un où il y a des supers-riches qui pensent qu’ils peuvent tout faire, et l’autre, celui de la majorité écrasante qui est malheureusement écrasée ; c’est malheureux.

Je suis perplexe par rapport à ce qui s’est passé à la présidence Faso. La première fois où j’ai écouté l’information par rapport à cette tentative de coup d’Etat, j’ai dit, attendez, ne nous prenez pas pour des idiots. Les informations relatives à la même situation ne concordent pas. Franchement, je n’y comprends rien. Je me suis tout simplement dit que c’est un coup monté pour retarder la mise en place du Sénat parce que le président actuellement a le dos au mur, car c’est à lui seul que revient le dernier mot sur cette question du Sénat.

Sylvestre Ilboudo, journaliste :

J’ai suivi le rapport présenté par mes confrères du Courrier confidentiel.

Ça ne change en rien la volonté de la population à ce que le Sénat ne soit pas mis en place. Quel que soit ce que le président va proposer aujourd’hui, c’est en retard.

Pour moi, le président Compaoré doit chercher à dialoguer avec toutes les couches sociales de ce pays, et n’exclure personne.

Il va mettre le Sénat en place, les contestataires vont continuer de contester. Maintenant, que chacun mette un peu d’eau dans son vin pour que le Burkina continue d’exister dans la parfaite cohésion sociale.

Débé Kigui, particulier

J’ai suivi l’actualité comme tout le monde. J’ai l’impression qu’il y a une persistance dans la mise en place d’une institution qui n’est pas présentement consensuelle.

D’un côté, il y a, comme vous le savez, ceux qui tiennent coute que coute à cette institution ; de l’autre côté, il y a ceux qui pensent que le Sénat n’est pas opportun.

Il y a des calculs qui sont faits en vue certainement d’atteindre des objectifs précis, à partir de la mise en place de cette institution. Pour être clair, je pense que la marche va malheureusement, vers la mise en place de cette institution. Certainement, des choses seront revues dans son programme initial.

Ce qui nous a été servi comme version des faits par rapport aux coups de feu qu’il y a eus à la présidence du Faso, ce n’est pas la vraie information. Je pense que c’est trop difficile pour un ex-militaire de s’infiltrer là-bas et de poser des actes de cette nature. Franchement, moi je reste réservé quant à la version qu’on nous a servie.

Abdoul Wahab Nombré : Journaliste

Les derniers développements par rapport à la mise en place du Sénat, à mon avis, constituent un non-événement. C’est vrai que le président du Faso a voulu marquer une holà pour donner l’impression qu’il veut marquer une halte et ensuite aller dans le sens souhaité par la grande majorité de la population.

Mais je ne pense pas que le rapport qui a été produit par le comité de suivi va ôter du président du Faso, son ambition de mettre en place le Sénat. Il y tient mordicus. Au regard des signaux ci et là, on se convainc qu’il sera très difficile. Le président du Faso est celui-là qui fait rarement marche-arrière. Et cela est un indicateur majeur à prendre en compte. Je pense que la place du Sénat est maintenant irréversible. Il est clair que ce ne sera pas la première mouture qui sera maintenue.

Lorsqu’on analyse les atermoiements qu’il y a eus dès les premiers instants de cet incident, on a d’abord parlé d’un groupe électrogène, on s’est rendu compte que c’était trop gros pour que ça puisse passer. Du coup, ça m’amène à dire qu’il y a des non-dits derrière cette affaire. Je pense surtout qu’il s’agit d’une mise en scène pour inculquer en l’opinion la nécessité de la mise en place du Sénat, parce qu’aujourd’hui, on se demande si le président n’est plus, on fait comment ? A mon avis, c’est autour de ce scénario cette tentative de coup d’Etat a été montée.

D.D : Particulier

Personnellement, je pense que le régime va foncer par rapport à la question du Sénat. Et qu’il ne reculera pas, malgré les marches organisées par l’opposition. Mais cela montre aussi que Blaise n’aime pas son peuple !

Quant à ce qui s’est passé à la Présidence, je ne crois pas à la version officielle qui a été donnée.

Michèle (nom d’emprunt)

Je ne suis pas militaire, mais je trouve que les faits tels qu’ils ont été rapportés, ne sont pas conformes à la réalité de ce qui s’est vraiment passé. On ne peut pas me faire croire qu’un individu, connaissant bien le milieu pour y avoir travaillé, accepte comme cela de prendre autant de risques ! C’est trop simple à mon avis.

Propos recueillis par

Fulbert Paré

Juvénal Somé

Lefaso.net

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