LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Sommet de Libreville : Mbeki propose, Gbagbo jubile

Publié le mercredi 12 janvier 2005 à 06h54min

PARTAGER :                          

C’était prévu pour deux jours. Mais le sommet du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine, s’est finalement tenu en moins de 24 heures. Ainsi, le 10 janvier, à 18h42mn TU, le président ivoirien Laurent Gbagbo, a quitté le Gabon, sourire aux lèvres. L’Union africaine a reconnu, conformément à ses attentes, que le référendum est "l’une des options pour réformer l’article 35 de la Constitution".

Trois actes forts ont marqué l’examen, à huis clos, du dossier ivoirien. Il y a d’abord eu l’exposé du président Laurent Gbagbo qui, évidemment, a défendu sa chapelle. Le président sud-africain, Thabo Mbeki, est ensuite monté au créneau. Il a fait le point de sa médiation en Côte d’Ivoire et proposé des axes susceptibles, dit-il, de donner un coup d’accélérateur au processus de réconciliation. De "façon minutieuse et diplomatique", il a montré "que l’Accord de Marcoussis contenait quelques écueils", confie un participant. Il donne lieu, "par endroits, à des interprétations divergentes".

Ainsi, les partis d’opposition accusent le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, de vouloir vider les textes fondamentaux de leur substance. Gbagbo et les siens affirment pourtant être dans le bon rôle, celui qui fraie les chemins de la paix. Thabo Mbeki a cependant félicité les députés pour avoir voté, malgré les divergences, des lois susceptibles de relancer la machine du consensus. Mais il a déploré le fait que le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR) soit encore au point mort.

Il a en outre appelé l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) afin qu’elle veille sur les Forces nouvelles dès le début du cantonnement des troupes. Thabo Mbeki a, en outre, prôné l’augmentation de l’effectif militaire de l’ONUCI et invité les structures compétentes à renforcer son mandat. Cet élan devrait permettre à dame réconciliation d’occuper, petit à petit, le terrain. Le gouvernement conduit par le premier ministre Seydou Diarra devrait également "exercer ainsi son autonomie sur tout le territoire ivoirien".

Le président Sud-africain a aussi évoqué l’absence de certains membres du gouvernement au Conseil des ministres. L’insécurité, dit-il, est une menace permanente à Abidjan. A ce sujet, Thabo Mbeki a invité les autorités ivoiriennes à mettre de l’ordre dans la maison. "Les médias de la haine, l’apologie de la xénophobie, l’interdiction de certains journaux proches de l’opposition" et bien d’autres sujets ont également été abordés par le médiateur Mbeki. Chaque fois, il a appelé les acteurs de la crise à la retenue et au sens de responsabilité.

"Respecter l’esprit de Marcoussis et d’Accra III"

Et puis, il y a cette question lancinante : l’article 35 de la Constitution, relatif à l’éligibilité, doit-il être soumis à référendum ? Morceau choisi du rapport de Thabo Mbeki sur la crise ivoirienne : "Le référendum pourrait jouer un rôle important dans le processus d’unité nationale et de réconciliation (...). Nous avons beaucoup insisté sur ce point lors de notre rencontre avec les députés FPI : une fois l’article 35 amendé, ce serait de la responsabilité de tous les parlementaires de faire campagne, lors du référendum, pour son adoption par le peuple. Bien entendu, la même observation s’applique aux autres leaders politiques".

Le troisième point fort de la rencontre a été les discussions souvent houleuses entre les participants. La conclusion des travaux se résume à cinq axes prioritaires : l’Etat ivoirien doit assurer la sécurité des citoyens ; les médias de la haine doivent arrêter leur escalade ; le gouvernement doit créer un climat propice pour la tenue d’élections libres et transparentes ; l’ONU a été invité a différer les sanctions ciblées contre certains protagonistes de la crise pour leur permettre de prouver leur éventuelle bonne foi. Au sujet du référendum, le communiqué final affirme que c’est "l’une des options pour réformer l’article 35 de la constitution". A condition qu’il se fasse "conformément à l’esprit de Marcoussis et d’Accra III", précise le texte.

Les partis d’opposition, qui ont déjà rejeté l’idée de référendum, accepteront-ils d’avaler cette pillule ? Dès l’ouverture du sommet, l’opposition ivoirienne a exprimé sa colère, dénonçant "d’importants blocages et dérapages du fait du camp présidentiel". Le président ivoirien, lui, jubile, fier du fait que le Conseil de paix et de sécurité ait pris en compte l’idée du référendum.

Du côté de la délégation burkinabè, on se garde, "pour le moment", de faire des commentaires. Même si le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, Youssouf Ouédraogo, affirme que "le président Blaise Compaoré soutient fermement les processus de résolution des crises en Afrique". Dans tous les cas, le dossier ivoirien sera encore à l’ordre du jour le 30 janvier lors du prochain sommet de l’Union africaine, à Abuja au Nigéria. Avec le même objectif : rechercher une volonté farouche susceptible de faire de la paix une réalité.


Les pays membres du conseil de paix et de sécurité

- Kenya
- Lesotho
- Libye
- Mozambique
- Soudan
- Sénégal
- Togo
- Algérie
- Cameroun
- Ethiopie
- Congo
- Afrique du Sud
- Nigeria
- Gabon
- Ghana

Par Hervé D’AFRICK, Envoyé spécial
Le PAys

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique