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Coton : la "mauvaise graine" de Faso coton

Publié le mardi 11 janvier 2005 à 07h56min

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Depuis le mercredi 5 janvier 2005, des « manœuvres » de Faso Coton (ex-SOFITEX du Centre) sont en conflit avec leur Direction. Ces travailleurs occasionnels réclament une augmentation de leur revenu ainsi que d’autres avantages pendant que les responsables de la nouvelle société cotonnière n’entendent pas cela de la même oreille. Hier matin, le mouvement de protestation se poursuivait avec un arrêt de travail des déchaînés.

Hier matin, en empruntant la rue qui mène à SOFITEX Ouaga (située dans la zone industrielle), devenue depuis quelques mois Faso Coton suite à la libéralisation du secteur, une dizaine de camions attendaient d’être déchargés de leur contenu.

A l’intérieur de Faso Coton, une équipe de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) veillait, si on ose dire, au grain pendant que de nombreux sacs étaient dispersés pêle-mêle dans la cour. L’usine d’égrenage, elle aussi, était fermée. Les travailleurs occasionnels, c’est-à-dire payés à la tâche, concernés par le mouvement de protestation devisaient en petits groupes devant l’entrée principale.

Leur représentant, Haïdara Saïbou, nous explique que cela fait 4 ans que ses camarades et lui sollicitent en vain de la direction une augmentation de leur revenu. Plus précisément, ils exigent que la tonne de sacs ramassés qui est payée à 240 FCFA soit portée à 500F, voire 600 FCFA comme c’est le cas avec le ciment dans la ville de Ouaga.

Pour eux, non seulement la somme de 240 FCFA par tonne de sacs est insignifiante mais en plus ils travaillent sans protection (manque de masques et de gants) et ne bénéficient d’aucune promotion.

A écouter les représentants des manifestants, lors des années précédentes, des tests permettaient aux occasionnels d’être recrutés comme agents techniques coton (ATC), correspondants de coton (CC) ou comme saisonniers, qui sont des agents recrutés pour une certaine période de l’année avec un contrat. De nos jours, déclare David Soudré, un des manifestants, cette promotion n’existe plus avec Faso Coton.

Du côté de la Direction de Faso Coton représentée par le directeur général adjoint (DGA), Roger Dié Paré, assisté du directeur d’usine, Lacina Konaté, on ne comprend pas le mouvement des occasionnels, du moment qu’ils sont payés à la tâche et ne sont pas du tout liés à la société par un quelconque contrat.

« Les occasionnels ne figurent pas dans nos livres... »

Et le DGA de Faso Coton de préciser « En récupérant la SOFITEX du Centre, notre société se devait de respecter un cahier de charges. C’est ce que nous avons fait, car aucun des 103 agents permanents et des 275 saisonniers n’a été licencié. En plus, tout le monde a conservé ses avantages antérieurs. Les occasionnels, eux, sont des gens qui sont à la porte, auxquels on fait appel pour un travail bien déterminé et ils sont payés à la tâche.

Ils ne figurent donc pas dans nos livres ni dans ceux de la SOFITEX. Ce n’est donc pas des travailleurs exclusivement Faso Coton puisqu’ils peuvent vendre leurs compétences ailleurs. Ce n’est donc pas normal qu’ils prennent en otage l’usine pour paralyser depuis 2 jours les activités.

Nous avons essayé de les remplacer par d’autres occasionnels, mais ils ont intimidé ces derniers. Ce n’est pas normal. On a dû faire venir la CRS pour sécuriser nos installations ».

Selon toujours Roger Dié Paré, le directeur d’usine a tenté de les raisonner et même hier matin, il les a reçus pour les convaincre à reprendre le travail. Cela, a-t-il dit, montre à quel point la Direction est ouverte.

En plus, a fait remarquer le DGA de Faso Coton, tous les occasionnels des autres sociétés sont traités de la même manière ; parler d’augmentation de quoi que ce soit suppose au préalable une concertation entre sa société et les deux autres, à savoir SOCOMA (qui est hérité des zones de l’Est) et SOFITEX-Bobo.

S’agissant du manque de masques et de gants pour les occasionnels, il rétorquera que tous les travailleurs sans exception bénéficient de ce matériel de sécurité et d’ajouter que ce sont des méandres juste pour divertir l’opinion en déportant le problème ailleurs.

Le DGA de Faso Coton a, par ailleurs, indiqué que son rôle étant de faire tourner l’usine, il le fera avec les contestataires s’ils reviennent à de meilleurs sentiments ou sans eux s’ils persistent à continuer une manifestation sans objet.

Cyr Ouédraogo
L’Observateur

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