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Accords de paix au sud Soudan : Aube nouvelle

Publié le mardi 11 janvier 2005 à 08h05min

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2005 constituera-t-il une année débarrassée de guerres civiles pour le continent noir ? Il est en tout cas permis de l’espérer, quand ont sait que présentement, se tient au Gabon le premier Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine.

En effet, pour la première fois, la Commission que dirige Alpha Oumar Konaré se réunit au Sommet pour parler essentiellement de la République démocratique du Congo et du Darfour (Soudan) déchiré depuis février 2003 par une guerre civile qui a fait au moins 70 000 morts et 1,6 million de réfugiés sans oublier la situation en Côte d’Ivoire, dont le président, qui s’était d’abord porté absent, a fini par débarquer à Libreville à la surprise générale.

Certes, il est présomptueux de penser que le Sommet de la capitale gabonaise résoudra, comme par un coup de baguette magique, ces épineuses questions, mais il n’est pas exclu de penser qu’il prendra au moins des mesures susceptibles de faire avancer les choses.

On est d’autant plus enclin à penser cela que cette rencontre a été précédée d’un heureux présage, avec l’Accord de paix signé le 9 janvier à Nairobi au Kenya par le vice-président Soudanais Ali Osman Taha et le chef de la rébellion sudiste de l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS), John Garang, mettant fin (nous l’espérons) au plus long conflit civil africain, vieux de 21 ans, avec plus d’un million de morts.

Avec ses 2 506 000 km2, ses quelque 30 millions d’habitants et ses 500 ethnies, le Soudan est le pays le plus vaste d’Afrique.

Ce n’est donc pas pour rien que 5 000 témoins, dont une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement, ont tenu à vivre personnellement la signature de cet Accord historique. Mais au fait que dit cet Accord ?

Le principal point de cet accord n’est autre que l’organisation, dans six ans et demi, d’un référendum d’autodétermination par lequel le Sud-Soudan pourrait prendre son indépendance. Mais d’ici là, c’est une période de transition qui sera accordée au Sud, avec un statut de large autonomie.

John Garang, pendant ce temps, sera le président du Sud-Soudan et simultanément vice-président de la République du Soudan.

Au strict plan économique, le gouvernement de transition du Sud-Soudan, pour son fonctionnement, va recevoir 50% des recettes pétrolières du Sud après prélèvement d’une part de 2% pour l’Etat producteur.

Et, cerise sur le gâteau, le gouvernement du colonel John Garang va bénéficier d’une allocation du gouvernement central et pourrait établir certaines taxes et bénéficier de manière autonome de l’aide internationale. Débutée en 1983, la guerre au Soudan a éclaté quand l’APLS de John Garang, issue du Sud à majorité chrétienne et animiste, s’est rebellée contre le Nord, arabo-musulman.

Certes, cet accord ne ramène pas encore la paix totalement en République soudanaise, où un autre conflit, celui du Darfour (Ouest), a éclaté en février 2003, faisant plus de 70 000 morts et 1,6 millions de déplacés, mais la paix au Sud reste dans doute un préalable indispensable à l’avancée des négociations entre Khartoum et les rebelles du Darfour.

Et c’est à juste titre que pour la première fois, et ce depuis 1989, le président soudanais, Omar El Béchir, et son désormais vice-président John Garang ont suivi, côte à côte, l’hymne national soudanais, presque la larme à l’œil.

C’est dire qu’une aube nouvelle se lève sur le Soudan... avec, nous le souhaitons, une redistribution des cartes politiques à Khartoum, plus de démocratie, moins d’exclusion et plus de justice dans la redistribution des richesses nationales, car c’est tout cela qui fait le lit de l’instabilité.

Boureima Diallo
L’Observateur

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