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Fasocoton : La grogne des "dockers"

Publié le mardi 11 janvier 2005 à 08h01min

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Née de la libéralisation de la filière coton burkinabè, Fasocoton, connaît depuis mercredi 08 janvier 2005 un mouvement de contestation. Ce qui a entraîné un "arrêt" des activités de l’usine depuis le week-end.

Les travailleurs occasionnels de Fasocoton ne sont pas contents de leur traitement salarial. Ils revendiquent depuis mercredi dernier une hausse de leur paie au tonnage. Actuellement, ce prix est de 240 F CFA. Lundi 10 janvier dernier la société était encore au point mort du fait de l’entassement des sacs de coton. Cet arrêt de travail a entraîné une lethargie et des préjudices importants. Les travailleurs occasionnels de Fasocoton que nous avons rencontrés, s’insurgent également contre certaines mesures prises par les responsables de la société.

Ces mesures recommandent qu’au lieu de considérer le paiement à 70 kg/sac, les occasionnels soient rémunérés sur la base d’un changement pesé au pont bascule. "C’est là qu’on a dit non", a martelé Mahamadi Kabré, un gréviste. Et d’ajouter que "les sacs qui sortent de l’usine n’ont pas le même poids que ceux provenant du pont bascule". Car dit-il, "Si on porte un sac, on sait qu’il pèse 70 kg. Si on porte 14 sacs (une tonne) on a les 240 F CFA", a-t-il expliqué. "Comme c’est ainsi, on veut une augmentation du prix de la tonne. Autrement, on ne travaille plus", renchérit un autre gréviste Adama Soré. Poursuivant, il déclare "on n’est même pas embauché. Nous revendiquons la hausse. Dire que c’est une grève, c’est trop dire. Nous sommes prêts à reprendre le travail si nous sommes satisfaits. Nous venons à l’usine le matin et le soir sans travailler".

Le mouvement de grève a entraîné un arrêt momentané des activités de l’usine. Les responsables de l’usine ont décidé de faire appel à la police par mesure de sécurité. A notre arrivée l’ambiance était plutôt "calme". Assurément, le mouvement, selon des sources proches des responsables de Fasocoton a engendré de graves préjudices sur l’activité de la société. Même si disent-ils "nous ne les avons pas encore évalués". Un parterre de camions chargés de coton, des sacs entassés par-ci et par-là attendaient d’être dégagés dans l’enceinte de la cour de l’usine.

Et les grévistes qui entendent conduire leur mouvement à termes. "Ce qui me fait mal, depuis le début de la grève, est que les responsables n’ont même pas cherché à nous voir, ni cherché à savoir pourquoi on a arrêté le travail", a souligné avec force, Haïdara Sayouba, le délégué des négociateurs. Ce que dément formellement le directeur général adjoint de Fasocoton, M. Sié Roger Paré que nous avons rencontré. Selon lui, "les occasionnels ne sont pas des travailleurs de Fasocoton. Le directeur de l’usine vient de m’informer qu’ils les a reçus ce matin (lundi) et que de leur rencontre un consensus ne s’était pas encore dégagé".

Le directeur général adjoint de Fasocoton affirme ne pas comprendre l’attitude des travailleurs occasionnels étant donné, dit-il, "que nous sommes là, il y a seulement trois mois et que nous les traitons suivant la réglementation. Nous n’avons même pas encore rencontré tout le personnel, comment peuvent-ils déjà nous demander une hausse salariale ? " s’interroge avec fermeté M. Paré. Selon lui, les raisons du mouvement sont ailleurs. Puisque relève-t-il "Fasocoton s’est acquitté de son devoir en les payant". Toutefois, M. Paré pense qu’une augmentation de prix de la tonne reste "envisageable mais pas dans l’immédiat et dans les conditions actuelles". Car elle doit se faire d’un commun accord avec les autres partenaires de la filière.

A ce jour, Fasocoton a une capacité d’égrenage de 32 700 tonnes par campagne. Elle emploie 378 agents et une soixantaine d’occasionnels. Et le DG adjoint, M. Paré d’ajouter : "quand nous avons pris les commandes de la société, personne n’a été licencié. Nous travaillons en ce moment à redéployer le personnel. Face au mouvement, nous avons pris des mesures de sécurité. Ce sont des gens qui ont pris l’usine en otage.

Ils nous imposent un bras de fer. Nous avons fait appel à d’autres et ils les ont refoulés. Ils empêchent d’autres travailleurs occasionnels Burkinabè de travailler". L’usine a une capacité de production journalière estimée à 220 tonnes. Or, l’usine a arrêté ses activités depuis deux jours. On peut donc estimer le manque à gagner pour le moment à 440 tonnes. Deux mois après le démarrage de sa campagne, Fasocoton a réalisé à ce jour 47% de sa production.

Le mouvement de grève, débuté la semaine dernière, a des répercussions sur l’activité d’égrenage. Selon le directeur général adjoint, "des camions sont pris entre les sacs. D’autres sont stationnés. Du coton attend dans la brousse. Nous n’avons pas encore évalué le préjudice financier". Au moment où nous bouclions cet article, des négociations devraient se tenir entre responsables et travailleurs occasionnels en grève.

Nadoun COULIBALY (coulibalynadoun2002@yahoo.fr)
Sidwaya

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