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Emplois des nationaux dans les mines : une étude pour mieux appréhender la problématique

Publié le dimanche 23 juin 2013 à 22h53min

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Emplois des nationaux dans les mines : une étude pour mieux appréhender la problématique

Le Burkina est devenu un pays minier depuis quelques années. Mais la collaboration entre les populations riveraines et les sociétés minières est difficile. Ainsi, on assiste à des manifestations plus ou moins violentes de part et d’autre. Le principal point de discorde est la question de l’emploi des locaux dans les différentes mines. Pour mieux appréhender la problématique, trois organisations de la société civile (ORCADE, RAJIT, Mine’Alerte) ont mené une étude sur les emplois des nationaux dans les projets miniers. Les résultats de ladite étude ont été présentés à la presse le 22 juin 2013 à Ouagadougou.

Le code minier burkinabè est jugé attractif, en témoigne le nombre important d’entreprises minières qui mènent des activités dans différentes étapes du cycle minier (recherche, exploitation). Aujourd’hui, le Burkina compte 7 mines d’or en exploitation, une mine de zinc et une mine de manganèse.

Pour permettre aux différentes parties de parler le même langage, des organisations de la société civile s’investissent, depuis 2003, dans des activités d’information, de formation et de sensibilisation des communautés riveraines sur le secteur minier, ses enjeux, les droits et devoirs des communautés et la responsabilité des entreprises minières vis-à-vis des populations directement affectées par les opérations minières.

Manque de transparence dans les recrutements ?

Les sociétés minières sont soupçonnées de n’être pas transparentes dans les recrutements ; ce qui conduit à des mécontentements des populations riveraines, parfois même à des révoltes comme on en a connu à Dori contre la mine d’or d’Essakane, Bouda dans le Passoré, Banouassi dans la Gnangna, à Niankorodougou dans les Cascades…

Pour mieux comprendre la problématique, l’Organisation pour le renforcement des capacités de développement (ORCADE), le Réseau africain des journalistes pour l’intégrité et la transparence (RAJIT-Burkina) et la Coalition Mine’Alerte ont décidé de réaliser une étude sur l’emploi de nationaux dans les projets miniers. Cette coalition d’OSC a pris comme d’échantillon, deux sociétés :Kalsakamining (convention minière basée sur le code minier de 1997) et Essakanemining (convention repose sur le code minier de 2003).

L’étude a duré 5 mois (décembre 2012 à avril 2013) et s’est donnée pour objectif de :
- mettre l’information sur l’emploi des nationaux dans les unités d’exploitations minières Kalsakamining et Essakane SA à la disposition des citoyens et des partenaires ;
- susciter un débat citoyen sur la problématique de l’emploi dans les mines ;
- contribuer à une meilleure cohabitation entre les industries extractives et les populations riveraines des sites miniers.

Il s’agissait pour ces trois OSC de : suivre la mise en œuvre des conventions minières qui lient l’Etat burkinabè aux sociétés minières en phase de production afin d’apprécier le niveau de respect des clauses contractuelles par ces sociétés.

Les deux sociétés respectent leurs engagements

Sur la base des informations recueillies auprès des personnes et structures rencontrées et en se référant aux dispositions contractuelles, l’étude parvient à la conclusion suivante : « les sociétés minières couvertes par l’étude respectent leurs engagements en matière d’emploi de nationaux ».

Kalsakamininga a un taux d’employés locaux de plus de 90% alors que la convention minière lui impose un taux compris entre 75 et 90%. EssakaneSA, également, emploie plus de 90% de burkinabè avec plus de 40% de burkinabè issus des communes riveraines du site industriel.

L’étude a également donné des chiffres sur le nombre de burkinabè employés dans les projets miniers avec toutefois des divergences selon les sources : 5715 emplois directs en fin 2012 selon le ministère en charge des mines ; 11 181 travailleurs nationaux et expatriés déclarés à la date du 31 décembre 2012, dont 10 840 burkinabè selon la CNSS (Caisse nationale de la sécurité sociale).

Les ministères en charge du travail et celui de l’emploi et de la formation professionnelle ne disposent pas de données. D’où l’impossibilité de faire des recoupements d’information.

Cette étude aboutit à des conclusions suivantes : difficultés pour recruter certains profils miniers au Burkina, le pays n’ayant pas encore une tradition minière ; absence de suivi des sociétés minières dans leurs activités par l’Etat à travers ses structures techniques ; difficile accès à l’information dans les sociétés minières.

Mais également, « le recrutement de personnel sans qualification continue d’être le point de discorde sur le terrain, les jeunes des sites miniers sans qualification continuant à accuser les sociétés de « recrutement importé » », souligne Pierre Dabiré, président du RAJIT.

Au regard des insuffisances soulevées par l’étude, ses auteurs ont proposé des recommandations. Il s’agit de :
- mettre en œuvre de cadres de concertations fonctionnels pour résoudre les problèmes de communication qui sont réels,
- mettre en place un mécanisme de collecte et de gestion des données sur le secteur minier notamment sur la question de l’emploi,
- instaurer plus de communication avec les populations locales et l’opinion publique nationale

Moussa Diallo

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