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François 1er, styliste : « La mode est une vitrine qui promeut la culture d’un pays, d’un continent ».

Publié le mardi 11 juin 2013 à 07h09min

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François 1er, styliste : « La mode est une vitrine qui promeut la culture d’un pays, d’un continent ».

François Yaméogo alias François 1er créateur de mode, de passage à Ouagadougou, nous a rendu visite le mercredi 05 juin 2013. Nous avons profité de cette occasion pour échanger avec lui sur ses différentes activités et sur la mode.

Lefaso.net : Qui est François 1er ?

François 1er : A l’état civil je suis François Yaméogo. Je suis créateur de mode, fabricant de mode spécialisé dans le textile biologique. François 1er est le nom de ma marque. Je réside à Paris et actuellement, je suis le président des créateurs Burkinabé de France. J’ai aussi une représentation au Burkina Faso depuis quelques années.

Lefaso.net : Qu’est-ce qu’un fabricant de mode ?

François 1er : On appelle fabricant de mode, un créateur qui œuvre pour l’industrie de la mode. J’achète mes tissus, je conçois les modèles, je fabrique et je vends en gros à ceux qui ont de petites boutiques. Dans ce domaine, je crois être l’unique en Afrique de l’ouest.

Lefaso.net :Vous êtes installé entre la France et le Burkina Faso depuis quelques années, pourquoi un tel choix ?

François 1er :J’ai fait le choix de revenir au pays car après un certain temps à l’étranger, il est bon de revenir partager son expérience avec les autres, transmettre ses connaissances. Et puis quand on part en Europe, ce n’est pas pour y rester.

Lefaso.net : Quel bilan faites-vous justement de ce séjour à l’extérieur ?

François1er : C’est un bilan positif dans l’ensemble. C’était très difficile au début mais actuellement, tout va bien. Partir de son pays c’est difficile car il faut pouvoir s’intégrer où on va. Revenir c’est aussi difficile. Cependant, aujourd’hui les gens reconnaissent la qualité de mon savoir-faire donc je ne me plains pas.

Lefaso.net : Comment appréciez-vous l’évolution de la mode au Burkina ?

François 1er : La mode a beaucoup évolué au Burkina ces dernières années. Dans les années 1990, nous faisions nos défilés en Côte d’Ivoire principalement. Le Burkina Faso n’en organisait pratiquement pas. Actuellement, nous n’avons rien à envier aux autres pays. Beaucoup de tendances sont créées surtout par la jeune génération.

Le Faso.net : A part quelques défilés, nous avons l’impression que la mode ne décolle pas vraiment. Pourquoi ?

François 1er : Les défilés participent surtout à la visibilité de la mode. Cependant, nous ne disposons pas de structure pour professionnaliser davantage la mode, la faire avancer.

Lefaso.net : Qui doit mettre en place cette structure ?

François 1er : Ce sont les professionnels de la mode qui sont les premiers concernés. Aussi, avons-nous les autorités, les opérateurs économiques. Ces différents acteurs doivent travailler en synergie pour mettre en place une ou des structure(s) de mode. Cette structure aura pour objectifs de détecter les problèmes, de proposer des solutions, professionnaliser et faire avancer la mode.

Lefaso.net : Quelles autres solutions proposez-vous pour faire décoller la mode ?

François1er : Disons que c’est plutôt difficile pour moi qui ne vis pas ici de venir sur un terrain que je ne maîtrise pas et de proposer des solutions. Il y a des « dinosaures » de la mode ici, ils sont les mieux placés pour en parler.

Lefaso.net : La mode africaine peut-elle s’industrialiser comme ailleurs ?

François 1er : Si nous formons les acteurs à l’industrie de la mode, si nous nous organisons, si nous nous inspirons de ce que font nos confrères des autres continents, nous pourrons industrialiser notre mode. L’industrialisation dépend également de notre vision de la mode. C’est une vitrine qui promeut la culture d’un pays, d’un continent.

Lefaso.net : Pourquoi vous-êtes-vous investi dans la promotion du coton biologique ?

François1er : Le coton biologique est noble et doux, donc lutte contre le réchauffement, ce qui explique mon choix. En plus, il participe au développement durable. Aussi, vivons-nous dans un monde où de plus en plus on invite les populations à consommer biologique. Le coton biologique est aimé surtout en Europe.

Lefaso.net : Pour un styliste comme vous, quels sont les avantages du coton biologique ?

François 1er : Le monde actuel va vers les produits biologiques. Donc quand je fais mes chemises par exemple et que je les vends à travers le monde, elles sont plus appréciées que celles à base d’OGM (organisme génétiquement modifié). Comme support commercial, c’est un avantage considérable pour moi.

Lefaso.net : Que faut-il faire pour mieux promouvoir le coton biologique ?

François1er : Le Burkina Faso cultive le coton OGM. Le coton biologique est minoritairement cultivé donc c’est compliqué. Nous espérons qu’avec le temps, la tendance sera inversée, que beaucoup de personnes vont s’adonner à la culture du coton biologique. Je transforme la matière première (coton) donc à ce niveau je crois que ce sont les autorités et les cultivateurs qui peuvent agir dans ce sens.

Lefaso.net : On sait que vous êtes impliqué dans la formation au Burkina Faso et dans d’autres pays africains, quelles expériences tirez-vous de ces formations ?

François1er : Ces formations me permettent de partager mon expérience avec la jeune génération, de leur montrer l’univers de la mode. Je leur montre qu’on peut faire la mode autrement, qu’on peut s’organiser et bien vivre de la mode. Ainsi, nous échangeons nos idées, faisons de nouvelles rencontres et nous apprenons à connaître d’autres cultures. Ce sont des expériences de rencontre, de partage et d’enrichissement culturel.

Lefaso.net : Quels conseils donnez-vous aux tailleurs pour faire face à la friperie ?

François1er : Nos tailleurs à eux seuls ne peuvent pas faire face à la friperie. Nous ne pouvons pas non plus fermer nos frontières car nous sommes dans un marché ouvert. Cependant, je crois qu’en les formants davantage, ils sauront répondre aux besoins des clients qui recherchent les produits de qualité aux prix abordables. Si nos tailleurs font des tenues adaptées aux exigences de leur marché, avec de belles finitions, ça peut être un début de résolution de ce problème. En tout cas, à mon avis cette question mérite qu’on y réfléchisse.

Lefaso.net : Quel est votre mot de la fin ?

François1er :La formation est très importante dans notre domaine. Il faut inculquer la culture d’entreprise aux acteurs de la mode. Qu’ils apprennent à connaître leur marché, qu’ils sachent gérer… En étant bien organisé, les banques suivront.

Aujourd’hui je fais ce que j’aime. J’espère que ma structure ici va grandir. Je dis aux nouvelles générations qu’on peut bien vivre de la mode. Il faut maîtriser son savoir faire, être bien organisé et surtout travailler beaucoup.

En 2012, la mode a été inscrite aux Nations Unies dans le développement durable de l’Afrique. La mode en effet absorbe beaucoup de chômeurs. Je crois que cette nouvelle disposition va faire beaucoup bouger les choses car les politiques vont davantage s’impliquer.

Interview réalisée par Patindé Amandine Konditamdé (lefaso.net)

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