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2004 en Côte d’Ivoire : L’année la plus sombre depuis l’Indépendance...

Publié le mercredi 5 janvier 2005 à 07h04min

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Bien qu’elle reste encore la locomotive de l’Afrique de l’Ouest après le Nigeria, la Côte d’Ivoire n’en est pas moins affaiblie, et termine, cahin-caha, l’année 2004. Depuis son indépendance en 1960, le pays d’Houphouët Boigny n’a jamais connu de si tragiques événements et des résultats économiques aussi bas ; même en 1999 et 2000, années chaotiques de la transition avec le général Robert Guéi et l’élection présidentielle.

La première grande secousse a lieu le 25 mars, lorsque l’opposition ivoirienne regroupant plusieurs partis politiques, décide d’organiser une marche pour exiger l’application des accords de Marcoussis, signés en janvier 2003. Celle-ci sera matée dans le sang, et les exactions frapperont tous les quartiers, les 26 , 27 et 28 mars avec leur cortège de morts, de disparus et de blessés ; sans compter les dégâts matériels pour les entreprises et les personnes.

Sur place, l’ONU estime le nombre des victimes à environ 120 morts et des centaines de blessés ; les organisateurs de la marche, eux, avancent le chiffre de 500 morts, sans compter les disparus et les blessés. Pendant plusieurs jours, les activités sont bloquées ou tournent au ralenti dans la capitale économique ivoirienne, Abidjan.

Bouaké et Korhogo bombardées

En marge du Sommet de l’Union africaine, une réunion de haut niveau se tient à Addis-Abeba, le 06 Juillet pour trouver une solution. Le 27 juillet, le Sommet de Bamako (Bamako II, après Bamako I en Décembre 2002) réunit les chefs d’Etat des pays voisins économiquement dépendants de la Côte d’Ivoire. Laurent Gbagbo de Côte d’Ivoire, Blaise Compaoré du Burkina Faso, et Amadou Toumani Touré du Mali, parviennent à privilégier le dialogue et le président ivoirien promet d’appliquer les accords de Linas Marcoussis.

Les 29 et 30 juillet 2004, le Sommet de la CEDEAO se tient à Accra, en présence de Koffi Annan, le Secrétaire Général de l’ONU, d’Alpha Oumar Konaré président de la Commission de l’Union africaine, de nombreux autres chefs d’Etat africains et de toutes les parties ivoiriennes au conflit ; il y est demandé au Président Gbagbo d’user de ses prérogatives constitutionnelles pour faire modifier par le Parlement, l’article 35 relatif à l’éligibilité à la présidence de la république.

Le 04 novembre 2004, l’aviation des FANCI (Forces Armées Nationales de Côte d’Ivoire), grâce à 2 avions Sukhoï 25 de fabrication soviétique, entame « l’opération dignité » pour reconquérir le nord du pays ; les villes de Bouaké et de Korhogo sont bombardées et l’infanterie ivoirienne s’apprête à entrer en action ; des dizaines de morts et de blessés sont dénombrés lors des bombardements qui durent 3 jours. Surpris et déstabilisés, les rebelles craignent le pire, avec l’entrée en action de ces avions pilotés par des mercenaires ukrainiens. Le 06 novembre 2004, les Sukhoï 25 vrombissent de nouveau dans le ciel de Bouaké, le fief des rebelles ; lors d’un de leurs passages, une position des forces françaises d’interposition (force licorne) est touchée ; bilan : 9 soldats français tués et de nombreux blessés.

Les Français réagissent violemment ; ils détruisent immédiatement le même jour, les 2 Sukhoï 25, les hélicoptères ivoiriens de combat et un des avions présidentiels ; plus rien ne reste qui puisse voler à partir des aéroports d’Abidjan et de Yamoussoukro, la capitale politique. Les jeunes patriotes, adeptes du pouvoir en place à Abidjan, descendent et occupent la rue ; les 6, 7, 8 et 9 novembre sont véritablement des journées folles dans la capitale économique ; toutes, les activités sont paralysées ; le face-à-face entre l’armée française et les jeunes patriotes, devant l’hôtel Ivoire d’Abidjan fait des dizaines de morts ; presque toutes les entreprises et grosses industries subissent la furia des casseurs : concessionnaires d’automobiles, sociétés d’informatique et de téléphonie mobile ; les villas sont pillées, les Blancs battus et les femmes violentées.

D’importantes
pertes en 2004

On parle de plus de 200 000 emplois perdus à cause des évènements de début novembre. La crise qui perdure depuis 2002 a entraîné la suspension des décaissements de la Banque mondiale en juin 2004 et par voie de conséquence, l’arrêt de certains projets sociaux à caractère prioritaire. Selon un rapport de l’ONU sur la situation économique de la Côte d’Ivoire en 2004, les arriérés dus à la Banque mondiale s’élevaient à environ 71 millions de dollars US et le montant annuel du service de la dette annuelle envers l’institution internationale avoisine les 115 millions de dollars US. Le 14 décembre 2004, le Conseil des ministres de l’UEMOA reconnaissait l’impact négatif de la crise ivoirienne sur les économies des 7 autres Etats membres.

En effet, selon les projections du ministère ivoirien de l’Economie et des Finances, « la croissance du PIB en 2004 devrait être de -0,9% ; mis à part le secteur primaire, qui a enregistré une hausse de 3,1%, tous les secteurs de production ont fortement chuté en 2004, en particulier dans les secteurs secondaire et tertiaire, où les baisses enregistrées sont, respectivement de 9,7% et 0,6%. Sur le plan social, la prévalence de la pauvreté a avancé, passant de 38% avant la crise de septembre 2002, à 44% début 2004 ».

Toujours, selon les données du ministère de l’Economie et des Finances, les secteurs du bois, du coton, de l’agro-industrie et, dans une moindre mesure, le café et le cacao, ont subi d’importantes pertes en 2004. Les arrivages de café et cacao dans les ports d’Abidjan et de San Pedro pour l’exportation ont chuté de 20% entre le 1er octobre et le 30 novembre 2004 et ce, par rapport à la même période de 2003. Malgré la crise qui secoue le pays, la Côte d’Ivoire représente encore 40% du PIB de l’UEMOA ; pour cette raison, "les performances économiques des Etats membres demeurent fragiles » ; le taux de croissance est estimé à 2,8%, contre une prévision de 4,1% pour 2004, en raison de la situation en Côte d’Ivoire.

Source ALTERCOM

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Vos commentaires

  • Le 15 janvier 2005 à 14:19, par kgnaore En réponse à : > 2004 en Côte d’Ivoire : L’année la plus sombre depuis l’Indépendance...

    Une solution pour le retoure de la paix en Côte d’Ivoire

    Une solution pour la paix en Côte d’Ivoire

    Lorsque nous suivons régulièrement les évolutions du calendrier de la vie politique en Côte d’Ivoire, force est de constater que, les élections présidentielles et législatives ont très peu de chances de se tenir aux dates prévues par la constitution. Cela est dû au fait que les modifications des lois constitutionnelles qui doivent être réalisées ne le sont toujours pas à ce jour.

    Face à cette situation nous proposons une solution de rechange : Nous demandons à la communauté internationale de nommer une personnalité ivoirienne consensuelle, comme Président intérimaire, sous la responsabilité de l’ONU, pour une période à déterminer avec tous les intéressés (les parlementaires ivoiriens, l’Union Africaine, l’Union Européenne, l’Organisation Internationale de la Francophonie, l’Organisation Nations Unies).

    Ce président sera personnellement responsable devant tous les intéressés susnommés. Il n’y aura pas de premier ministre.

    Il sera le seul à choisir tous les ministres qui formeront son gouvernement. Ces ministres ne seront pas des membres actifs de partis politiques. S’ils appartenaient à un parti politique, ils doivent se mettre en congé du parti pendant la durée de leur mission au gouvernement.

    Ce président aura à résoudre la pacification et l’unification de la Côte d’Ivoire, à former une seule armée nationale ivoirienne et à préparer les élections présidentielles, législatives, municipales, régionales.

    Ce Président doit avoir un profil de ce type :
    homme politique reconnu,
    résider habituellement en Côte d’Ivoire, et particulièrement pendant les périodes difficiles de ces derniers mois,
    être au dessus des querelles partisanes,
    adepte du dialogue dans la paix, Ce pourrait être, par exemple, un homme formé à l’école du Président HOUPHOUET BOIGNY, rompu à la paix et au dialogue. Quelqu’un qui vit actuellement dans le pays et suit tous les évènements avec calme, qui connaît toutes les régions de la Côte d’Ivoire, et donc tous les problèmes des ivoiriens.

    La communauté devra investir ce président pour une période égale ou supérieure à 3 ans. Cette période de transition permettra au peuple de retrouver sa sérénité afin de pouvoir aller aux élections.

    N’étant pas issu des élections, ce président sera à même de se rendre dans toutes les régions du pays pour réconcilier les populations. Il ne pourrait en être ainsi avec un président issu des urnes qui, dans le contexte actuel aura obligatoirement des supporters et des détracteurs, ce qui ne fera qu’envenimer le climat politique.

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