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Michel Ouédraogo, Délégué général du FESPACO : « Il faut donner à ce festival une dimension mondiale »

Publié le lundi 13 mai 2013 à 15h40min

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Michel Ouédraogo, Délégué général du FESPACO : « Il faut donner à ce festival une dimension mondiale »

La 23ème édition de la fête du 7è art africain, le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) s’est déroulée du 23 février au 02 mars 2013 dans la capitale burkinabé. Après deux mois de cette biennale, nous avons rencontré son Délégué général, Michel Ouédraogo, venu à Koudougou dans le cadre du 1er CASEM de l’année 2013 du ministère de la Culture et du Tourisme, tenu le 26 avril dernier dans la cité du Cavalier rouge.

Dans l’interview qu’il nous a accordée, le DG du FESPACO nous fait un briefing de la dernière édition, sa vision du cinéma africain et la place que la jeunesse doit occuper dans l’évolution de la cinématographie africaine. En effet, la 24ème édition est prévue pour se tenir à Ouagadougou du 28 février au 5 mars 2015.

La 23ème édition du Fespaco a officiellement fermé ses portes le 02 mars dernier à Ouagadougou où des milliers de festivaliers venus d’ici et d’ailleurs ont rivalisé durant une semaine. Que peut-on retenir à ce jour du bilan ?

Merci ! Quand on demande le bilan de la 23ème édition du Fespaco, tout de suite nous n’avons pas voulu le faire, parce que nous avons souhaité recevoir les rapports des différents présidents de commissions et aussi faire le feed-back de la presse et les rapports de nos partenaires. Cela nous le faisions à chaque édition du festival afin que l’ensemble des intervenants au niveau du festival puisse donner les impressions qu’ils ressentent après l’organisation. C’est à cet exercice que nous nous consacrons depuis 2009 et 2011.

En effet, le constat que l’on peut faire, est que le Fespaco est en train de renouer avec l’ensemble du monde du cinéma, ce qui d’ailleurs fait partie de nos ambitions. Aujourd’hui, le bilan qui se dégage, c’est l’ouverture de la compétition au numérique, c’est aussi la volonté manifeste de récompenser mieux les films qui seront primés. Cette volonté s’est confirmée au soir de la clôture du Fespaco par la lecture des conclusions qui ont permis d’augmenter les prix à 100 % pour les prochaines éditions.

Des retombées économiques pour le pays ?

Vous savez, pour qu’on puisse parler de recettes de ce qu’a apporté la 23è édition du Fespaco au Burkina Faso, c’est d’abord à vous-même de mener une enquête auprès des opérateurs économiques, des hôteliers, des restaurateurs et de beaucoup d’autres personnes qui sont dans le commerce. Ils vous diront ce que le festival peut apporter. Nous, ce qui nous intéresse véritablement du Fespaco en tant que festival, c’est de faire en sorte qu’à travers cet espace, on puisse répondre à un certain nombre de questions substantielles. A savoir, quelle image il a donné au Burkina Faso ? Est-ce que l’image du Burkina, de l’ensemble des pays africains et du cinéma africain a grandi dans la conscience collective ? Est-ce qu’à travers le Fespaco, l’identité culturelle africaine a été défendue ? Ce sont là entre autres, les aspects qui nous intéressent. Et c’est l’ensemble de ces questions techniques qui fondent la naissance du Fespaco. Sur ce, je pense qu’il apporte beaucoup à la cinématographie africaine et aux Etats africains. Au-delà de cela, nous faisons en sorte que les films qui sont produits sur l’Afrique, hors du continent et par des Africains soient vus. Aujourd’hui, nous mettons l’accent sur l’aspect professionnel sans toutefois occulter l’aspect économique. En faisant le point, je pense que les retombées économiques sont importantes pour notre pays, mais aussi pour l’ensemble des pays de l’Afrique.

Le Fespaco a également rendu un hommage à l’autre moitié du ciel à l’occasion de la 23ème édition. Pourquoi cela ?

Cet hommage que nous avons rendu à la femme est en train de faire tache d’huile. Vous savez, j’ai regardé avec beaucoup d’intérêt la composition du jury de la 66ème édition du festival de Canne (France) qui va avoir lieu du 15 au 26 mai 2013. On constate qu’il y a une parité. Sur un jury de neuf personnes, je crois qu’il y a 4 femmes et 4 hommes et le président est un homme. Déjà, nous sommes dans cette démarche qui veut qu’il faille de plus en plus associer la femme de l’image pour juger les films. Et faire en sorte que la femme africaine, de l’image longtemps marginalisée, apporte sa contribution et ses compétences à la réussite du cinéma. Au-delà, de celle de l’image, il y a des femmes intellectuelles qui peuvent elles aussi apporter leur pierre à la construction de l’Afrique. Pour nous, cet hommage n’est pas un effet de mode, car on l’avait si bien soutenu qu’à cette édition, tous les jurys allaient être présidés par des femmes. Mais désormais, sur l’ensemble des jurys du Fespaco, il y aura une parité entre les femmes et les hommes qui les présideront. Pour tout dire, nous sommes en train de vouloir confier à la femme toutes les responsabilités qu’elle mérite. Concernant la jeunesse, nous allons travailler à ce qu’elle soit véritablement impliquée dans le Fespaco, parce qu’elle constitue l’avenir de l’Afrique. Pour ce faire, à l’édition 2015, nous allons travailler pour que la jeunesse soit beaucoup plus représentée dans les jurys que nous mettrons en place.

Le Fespaco est un espace de compétition du cinéma africain. Dites-nous comment vous avez apprécié le contenu des films africains et de la diaspora ?

Comme je l’avais souligné dans la ligne éditoriale du Fespaco en son temps, que le Fespaco est l’instant où nous devons ensemble vivre l’évolution de la cinématographie africaine. Pour cela, il devient le baromètre et l’indice d’évaluation de la progression de la cinématographie. Quand vous regardez cette cinématographie dans l’ensemble des pays, elle évolue de façon disproportionnelle, parce qu’ils ont des moyens disproportionnés. Mais ce qu’on peut dire dans sa globalité est qu’elle évolue du point de vue de la thématique, de la qualité, du casting et du jeu des acteurs. Par ailleurs, elle n’est plus purement nationale car il y a une interpénétration d’acteurs de différents pays, etc. Nous souhaitons qu’à travers le cinéma, la diversité africaine soit vécue partout en Afrique. Ce qui me permet aujourd’hui de dire que le Fespaco est devenu un tremplin d’intégration pour l’Afrique.

Votre vision du Fespaco ?

Lorsque j’ai été désigné délégué général du Fespaco, j’ai édité un document appelé « vision 21 », qui trace les perspectives du Fespaco en son temps, celui du 21ème siècle. Je pense en effet que nous avons fait des avancées majeures ces cinq dernières années mais beaucoup reste à faire pour donner à ce festival une dimension mondiale. C’est cela qui sera vraiment le point d’encrage du festival et pour arriver là, il faut que par l’ensemble des actions que nous devons menées, on puisse faire en sorte que le Fespaco soit une manifestation incontestable. Une manifestation où toute l’Afrique et sa diaspora se réunissent pour qu’ensemble, nous puissions bâtir cette dimension mondiale.

Le thème de cette édition était « Cinéma africain et politique publique » est-ce qu’on peut dire que les politiques se sont engagés à soutenir le cinéma ? Et quelles en sont les décisions qui ont été prises ?

La 23è édition du Fespaco a vu la participation de certains ministres de la sous-région aux discussions que nous avons eues au colloque qui a été marqué par certains faits majeurs tels que, la déclaration de Ouagadougou qui va traduire la volonté des cinéastes africains de confirmer le Fespaco comme seul espace unique de rassemblement du cinéma africain. L’annonce faite par les cinéastes de demander au président du Faso, Blaise Compaoré de porter ce message à la connaissance de ses pairs. Cela à mon avis va permettre aux cinéastes d’être plus engagés auprès des politiques et de donner cette confiance aux Etats africains de soutenir le cinéma.

Le Fespaco va beaucoup plus travailler sur la qualité des films produits afin qu’ils soient plus compétitifs. A cette édition, le Burkina avait un seul film en catégorie long métrage, mais c’est dans d’autres catégories que nous avons excellé. Ce que je voudrais souligner à l’endroit des Burkinabè, c’est la nécessité d’accompagner le cinéma burkinabè, car le Fespaco n’est pas seulement à eux, mais plutôt une tribune pour tous les africains où on fait la promotion du cinéma africain.

Entretien réalisé par
Zanga Souleymane DAO

L’Express du Faso

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