LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Etats forts ou Hommes forts en Afrique  : Qui aura la baraka ?

Publié le mardi 23 avril 2013 à 04h57min

PARTAGER :                          
Etats forts ou Hommes forts en Afrique 	 :               Qui aura la baraka ?

Dans un de ses discours, Barack Obama disait au sujet de l’Afrique, qu’elle avait plus besoin d’institutions fortes que d’hommes forts. Que voulait-il dire au juste ? Peut-on inverser la tendance et si oui, comment y parvenir ?

L’homme qui parle ainsi d’Etats forts et non d’hommes forts est le président de la première puissance mondiale. Mais dans la pratique, c’est aussi l’un des Chefs d’état les plus et sans doute les mieux encadrés de la planète.

Il dispose certes de pouvoirs importants, mais dans la pratique ne peut les exercer à sa guise. Au risque d’être rappelé à l’ordre. Soit par la Chambre des Représentants (le Parlement), par le Sénat, par la Cour suprême ou même par la société civile à travers ses différents lobbys et mouvements associatifs, si ce n’est par les citoyens.

Dans un tel environnement ou chaque acteur joue effectivement sa partition, mais dans le respect de l’autre et de ses prérogatives, sans peur, le jeu des contre-pouvoirs s’affirme comme une garantie qui, sans diluer la force de l’état central, le met au contraire au carrefour des préoccupations de tout le monde.

Contre-exemple africain

Naturellement en parlant de modèle de gouvernance pour l’Afrique, personne n’ose croire que Barack Obama ne fait pas allusion à son propre pays.

Et il faut reconnaître que sur ce plan, l’Afrique est encore loin de ce nec-plus-ultra made in USA. Un peu partout l’on retrouve des chefs d’Etat trop forts. C’est-à- dire qui surplombent littéralement les institutions et qui les écrasent de tout leur poids.

Deux exemples en la matière sont constitués par le Parlement et par le pouvoir judiciaire, qui bruissent régulièrement de leur silence, sur l’ensemble du continent !

Quant aux contre-pouvoirs, leur influence est trop limitée, du fait d’une absence réelle de relais au sein des opinions (publiques) nationales.

Président ou chef ?

L’une des conséquences d’une telle situation, c’est la trop grande personnalisation du pouvoir d’Etat. Tout est concentré autour des ‘’Chefs’’ qui courent chacun pour battre des records de longévité au pouvoir : 26 ans au Burkina Faso, 27 ans en Ouganda, 34 ans en Guinée Equatoriale, 32 ans au Cameroun, 33 ans au Zimbabwe…

Forcément avec de telles logiques de surconcentration, la capacité de relance de l’Etat (qui peine toujours à devenir une nation) en termes d’idées neuves mais aussi en termes de renouvellement du personnel politique est extrêmement faible et friable ; elle tend vers 0.

De Martin Luther King à Barack Obama

Est-il possible alors de faire changer les choses dans un court terme ? A mon avis, non. Et pour deux raisons. La première c’est que les nouveaux dirigeants qui accèdent au pouvoir en Afrique, s’ils ne reproduisent pas les mêmes tares que leurs prédécesseurs, ils font pire.

Après avoir ainsi goûté aux délices de la présidence de la république, parfois après avoir milité plusieurs décennies dans l’opposition, certains se transforment et révèlent leur vrai visage, sinon leur vraie nature d’autocrate, de régionaliste, fermé à toute forme de critique ou de contestation.

Malheureusement, ils sont aidés dans leur entreprise par des armées de courtisans qui rivalisent d’ardeur pour occuper l’espace public par tous les moyens.

La deuxième raison c’est la faible conscience citoyenne qui, moulée dans le contexte culturel local, abouti in fine, à la perversion des mœurs républicaines : le serviteur devient alors le premier servi.

C’est ainsi qu’un Homme politique africain affirmait à propos de ses adversaires : « Hier quand nous étions au pouvoir, nous utilisions la cuillère à café. Aujourd’hui qu’ils sont au pouvoir, ils utilisent la louche ». Sans commentaire !

En conclusion, le rêve de Barack Obama a donc peu de chance d’être une réalité.

Juvénal Somé

Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 23 avril 2013 à 00:01, par Ras T En réponse à : Etats forts ou Hommes forts en Afrique  : Qui aura la baraka ?

    Je suis plutot optimiste que les choses peuvent changer et vont changer dans un court terme. Le ras-le-bol et la vigilence des peuples auront bientot raison de ces criminels.

  • Le 23 avril 2013 à 05:40, par Le Sage X En réponse à : Etats forts ou Hommes forts en Afrique  : Qui aura la baraka ?

    Chers amis, quand on parle du désastre de la sous scolarisation et de la sous alphabétisation , les gens l’entendent souvent que du domaine du décollage économique. Or c’est pire sur le plan politique. À ce niveau d’éducation , le politicien a vite fait de cultiver le culte de personnalité . La grande majorité de nos populations analphabètes ne savent pas qu’ill existe un État seul existe Bilaise COMPAORE qui paie les enseignants, les infirmiers...construit les écoles selon son bon vouloir... Il la bon, il la beau nous le voterons toujours et toujours

  • Le 23 avril 2013 à 06:50, par Jahkarimo En réponse à : Etats forts ou Hommes forts en Afrique  : Qui aura la baraka ?

    l afrik me desole !et ses citoyen,et ses dirigeant et ses journaliste, ont tous failli kant o changement et o developpement de l afrik.seulement,k on sache kon atteind pa o ciel par un simple saut.la mobilisation et l engagement de tous les africains sont les seul mesure a retrouver la stabilite et la paix durable aussi ke la france cesse de mener les africain o revolte politike source de destabilisation de l economie africaine.

  • Le 23 avril 2013 à 07:25 En réponse à : Etats forts ou Hommes forts en Afrique  : Qui aura la baraka ?

    Ce reve va être une reality ici chez nous en tout cas. Blaise sera bouter hors de Notre pays Avec ses mange mil et le changement apportera beaucoup d’inovations.

  • Le 23 avril 2013 à 09:23, par VINYI En réponse à : Etats forts ou Hommes forts en Afrique  : Qui aura la baraka ?

    Le Burkina a déjà expérimenté l’alternance a grande vitesse dans son histoire et on sait bien que ça n’a rien apporté de bon si ce n’est nous renvoyer dans la merde. Je ne crois pas que le développement de mon cher Faso soit lié a une alternance a l’américaine plus qu’a une culture de respect de la chose commune qu’est la nation et une vision d’ensemble avec conscience collective pour aller en avant en préservant le bien publique dans une culture du respect et considération pour tous par tous comme appartenant a la même et indivisible famille. On cri alternance alors que trop de localité sauf Bobo Dsso n’admette même pas encore un simple maire non originaire de chez soi ... Si des ethnies se crois au dessus des autres, si certains pense que le mal de ce pays est lié a telle ou telle localité, telle ou telle famille on a beau changer de président on ira nul part . Alors j estime qu’on doit d abord dépasser ce stade mental avant de commencer a prendre la leçon d’Obama (élu par les grands lobi, les PD et les grand électeurs) comme parole d’évangile.

    • Le 23 avril 2013 à 15:00, par Le Sage X En réponse à : Etats forts ou Hommes forts en Afrique  : Qui aura la baraka ?

      Qu’est ce que tu appelles alternance à l’americaine ? L’alternance est une donnée de la démocratie , elle donc objective ( universelle ) l’Amérique ne l’a pas inventé , mais expérimentée.

    • Le 23 avril 2013 à 15:23, par Ras T En réponse à : Etats forts ou Hommes forts en Afrique  : Qui aura la baraka ?

      Aucun systeme n’est parfait (cf. theorie des contraintes) mais de la dire que "le Burkina a déjà expérimenté l’alternance a grande vitesse dans son histoire et on sait bien que ça n’a rien apporté de bon si ce n’est nous renvoyer dans la merde" temoigne d’une encephalopathie aigue, d’une paralysie cerebrale, d’une incapacite d’analyse, d’une absence d’intelligence.

      D’ailleurs vous vous contredisez en disant que "Bobo Dsso n’admette même pas encore un simple maire non originaire de chez soi".

      La Revolution justement travaillait a construire une Nation debarassee des considerations liees a la couleur de la peau, l’ethnie, la religion, le rang social (griot, forgeron,...) et de l’injustice sociale.
      Qui est venu nous ramener au moyen age ? Nous vivons actuellement l’apocalypse : injustice, detournements, magouille, laxisme, terrorisme, prostitution politique, aucune moralite, aucune honte, aucune fierte.... mais j’hallucine quoi !

    • Le 23 avril 2013 à 16:38, par perseverance En réponse à : Etats forts ou Hommes forts en Afrique  : Qui aura la baraka ?

      Belle analyse ! A chaque fois que l’occasion se présente, je ne cesse d’attirer l’attention de mes frères Burkinabè que nous ne sommes mieux que les Rwandais. Trop dur ? Non ! Ecouter les Burkinabè parler et vous serrez étonner d’entendre parfois des propos type Hitlériens ! Et même à l’intérieur d’une même communauté ( j’ai peur du terme ethnie), il ne vient à l’idée de personne de prétendre être éligible dans une localité qui n’est pas son "bercail". Soyez vigilant mes frères, c’est la dernière cartouche des politiciens.

  • Le 23 avril 2013 à 11:01, par l’homme En réponse à : Etats forts ou Hommes forts en Afrique  : Qui aura la baraka ?

    bel article mais une question me taraude toujours l’esprit la démocratie, les droits de l’homme, ces valeurs sont-elles vraiment universelles comme on veut nous le faire croire. En effet comment dans un monde multiculturel avec des morales, des religions, des cultures, des pratiques, certaines valeurs qui ne sont ni biologique,ni physiques mais seulement sociétales peuvent-elles être universelles ? Je crois que c’est pour toutes ces raisons que ce qui marche ailleurs ne marchent pas partout. La démocratie occidentale n’est pas une valeur universelle voilà pourquoi cela ne marche pas en Afrique. Il faudra trouver une autre voie de gouvernance sinon les hommes seront toujours forts en Afrique. Malheureusement les intellectuels africains et les africains en général ne veulent pas réfléchir, ils veulent des démocratie clé en main.

    • Le 23 avril 2013 à 16:53, par perseverance En réponse à : Etats forts ou Hommes forts en Afrique  : Qui aura la baraka ?

      Considérant que tu es au sérieux dans ton doute sur l’universalité des droits de l’homme, je te dirai que l’homme de façon naturel aspire à la liberté. Cette liberté est donc unanimement recherchée par tous les hommes et ceux qui l’ont en "partie" s’efforce pour la conserver, voir la consolider. Les sociétés occidentales n’ont pas toujours été libre, cette liberté qu’elle veut exporté partout, ou du moins que nous voulons importé, est le fruit d’âpre lutte.

  • Le 23 avril 2013 à 12:48, par Siidnooma En réponse à : Etats forts ou Hommes forts en Afrique  : Qui aura la baraka ?

    je suis d’accord avec OBAMA, qu’il faut des institutions fortes et non des hommes forts. Mais peut-il y avoir des institutions fortes sans hommes forts ? Là est toute la question. J’entends par homme fort ici, toutes les personnalités qui animent les institutions. Si l’Etat américain est fort, c’est parce ses animateurs sont forts. Les ministres, les députés, les sénateurs, les juges....respctent le président mais ce dernier ne peut pas les amener à agir contre la loi ou leur conviction. S’ils ne sont pas d’accord ils démissionnent....Ils n’ont pas peur du président. Chacun assume avec courage, dignité et intégrité, la plus petite parcelle de pouvoir qui lui est confiée.
    Au Burkina, combien de personnes grogent autour du pouvoir et meme à l’intérieur du CDP, mais qui ose démissionner. C’est parce qu’ils ne sont pas aussi forts que le président. Si OBAMA était président du Burkina, peut-etre qu’il ferai pire que Blaise Compaoré. A l’inverse si BLAISE était président des Etats Unis, il ne pourrait pas faire pire qu’OBAMA.
    On ne le dira jamais assez, les institutions ne sont rien en déhors des hommes. Si vous avez des citoyens forts moralemnt, mentalemnt, psychologiquemnt, les institutions seront fortes. Dans un tel Etat, si une autorité donne l’ordre un militaire d’exécuter un journal ou n’importe personne pour ses opinions, il déclinera l’ordre comme était illégal. Mais si les citoyens ne sont pas forts, ils exécuteront de tels ordres meme en pleurant car contraire à leur conscienec.
    En conclusion, travailler à rendre nos citoyens forts, robustes mentalement, et qu’ils qu’un dirigeant n’est pas un dieu, que ses pouvoirs sont limités et qu’ils s’arretent là ou comment ceux des autres. Faison en sorte les responsables des autres institutions tout en respectant le président de la république, ils puissent lui résister, lui dire en cas de besoin. Comme ce qui s’est passsé au Niger quand Tandja a voulu modifier la constitution. Le président du parlemnt, la présidente de la cour constitutionnelle (une femme)....se sont tous opposés au projets. Les nigériens ont été des hommes forts face à un président fort.

  • Le 23 avril 2013 à 14:50, par synetik En réponse à : Etats forts ou Hommes forts en Afrique  : Qui aura la baraka ?

    Je discutais avec un ami un jour, et au finish nous avons trouvé ceci : il faut en Afrique des hommes forts pour mettre en place des institutions fortes. Oui, il faut des gens qui vont prendre des décisions sans craindre les réactions des uns et des autres afin de pouvoir inculquer aux populations les vraies valeurs des institutions que nous voulons fortes. Les Etats-unis mêmes ont été façonnés par des hommes forts : George Washington (riche propriétaire terrien), Abraham Lincoln (avocat d’origine modeste, dont le portrait figure sur le billet de 5 dollar), Franklin Roosevelt, etc. Toutes ces personnalités ont été fortes, et grâce à cela, elles sont parvenues à instaurer des institutions fortes dans le pays. Ils étaient forts, et avaient une vision pour leur pays, chose que nos soit disant hommes forts n’ont pas ! Je ne suis donc pas tout à fait d’accord avec Barack Obama sur ce point.

  • Le 23 avril 2013 à 16:23, par Alexio En réponse à : Etats forts ou Hommes forts en Afrique  : Qui aura la baraka ?

    Les propos du President peut s interpreter par plusieurs visions angulaires. Les instittutions fortes, cela revelent du respect de soi-meme en tant que president, ministres, juges, avocats, instituteurs, infirmiers, docteurs, professeurs nul n est au dessus de la lois en cas de fraudes institutionnelles. Pas seulement le petit voleur poulets dans la cite. Le dillemme africain est que plus un president dure au pouvoir renforcera cette mauvaise culture de logevite au pouvoir. Le chaos le jour derriere lui est inevitable,parceque les conflits reprendront surface et aboutisseront en reglement de comptes du a la mauvaise gouvernance. La strategie politique " Diviser pour regner"pour s immortaliser au pouvoir atteidra som apogee.

  • Le 23 avril 2013 à 22:16, par Yero Salomon En réponse à : Etats forts ou Hommes forts en Afrique  : Qui aura la baraka ?

    Belle analyse. Ne soyez pas pessimiste Mr Some. "Don’t cry Mama, freedom is coming tomorrow !"

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique