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Narcisse Sawadogo, Directeur Général de l’Energie : « Le Burkina a fait l’option des énergies renouvelables pour assurer son approvisionnement et indépendance énergétiques »

Publié le dimanche 21 avril 2013 à 17h16min

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Narcisse Sawadogo, Directeur Général  de l’Energie : « Le Burkina a fait l’option des énergies renouvelables pour assurer son approvisionnement et indépendance énergétiques »

Au Burkina, ils sont de plus en plus nombreux ceux qui se tournent, peut-être à cause des fréquents délestages, vers les énergies renouvelables, notamment l’énergie solaire. Dans les marchés, les vendeurs de panneaux et autre matériel se multiplient, aidés en cela par des mesures incitatives prises par le gouvernement dont la plus récente est l’exonération, pour cinq ans des droits et taxes de douane pour les produits solaires importés.

Par ailleurs, la dernière édition du SIERO tenue du 26 au 30 mars 2013 à Ouaga a permis de voir un certain engouement du public burkinabè pour ces énergies alternatives. Pour autant, le Burkina a-t-il une politique en matière d’énergies renouvelables ? Quels sont les projets dans le secteur ? Existent-ils des dispositifs d’encadrement des acteurs dont le nombre ne cesse de croître et l’anarchie avec ? Ce sont là autant de questions qu’aborde le directeur général de l’Energie, Narcisse Yaméogo, dans l’interview qu’il nous a accordée dans le cadre du dossier que nous ouvrons sur la problématique des énergies renouvelables au Faso. Entretien.

Lefaso.net : Il y a de plus en plus un engouement des Burkinabè pour les énergies renouvelables. Le Burkina Faso a-t-il une politique de promotion de ces énergies alternatives ?

Narcisse Yaméogo : Je puis affirmer que le Burkina Faso dispose d’une politique en matière d’énergies renouvelables. Il faut se dire que cette politique s’appuie sur plusieurs instruments, plusieurs dossiers. D’abord, vous avez la SCADD (Stratégie de croissance accélérée et de développement durable) ; vous avez ensuite l’Etude Prospective Burkina 2025 sur le secteur de l’énergie qui donne un peu les orientations du Burkina Faso en matière de développement de son secteur de l’énergie. Et dans ces documents de référence, le Burkina Faso a fait l’option de s’appuyer sur ses ressources énergétiques endogènes pour assurer son approvisionnement en énergie accessible à moindre coût pour tous et pour accroître l’indépendance énergétique du pays. Comme vous le savez, le Burkina Faso n’a pas beaucoup de ressources naturelles. Nous n’avons pas de ressources fossiles. L’énergie hydraulique est pratiquement inexistante. Donc, il reste l’énergie solaire. Il reste aussi le biocarburant et dans une moindre mesure la mini hydroélectricité.

Le Burkina Faso a donc fait l’option de s’appuyer sur ces différentes ressources pour améliorer son approvisionnement en énergie électrique. C’est pour ça que depuis un certain temps dans le secteur de l’énergie solaire, nous sommes en relation avec des partenaires techniques et financiers pour pouvoir développer des centrales solaires au Burkina Faso. Et aussi nous sommes en rapport avec des partenaires techniques et financiers pour pouvoir organiser la filière biocarburant. En termes de politique, ce sont là les grandes orientations.

Existe-t-il un document de politique nationale en matière d’énergie ?

Nous sommes en train d’élaborer notre politique sectorielle en matière d’énergie. Si tout se passe bien, ce document sera disponible d’ici quelques temps. C’est une question de mois et vous aurez à votre disposition ce document.

Dans combien de mois le document sera-t-il disponible ?

Dans deux, trois mois, si tout se passe bien. Et quand le document sera disponible, vous y trouverez les grandes orientations du gouvernement en matière d’énergie.

Peut-on déjà avoir une idée de ces grandes orientations ?

La principale grande ligne, c’est de s’appuyer, comme je le disais tantôt, sur les ressources endogènes, donc sur les énergies renouvelables pour assurer l’approvisionnement du Burkina en énergie et pour accroître l’indépendance énergétique du pays.

Quels sont les projets du Burkina en matière d’énergies renouvelables ?

Dans le domaine du solaire, vous avez la construction de la centrale solaire de 30 mégawatts de Zagtouli. La semaine dernière, le ministre de l’Economie et des Finances a signé la convention de financement qui est en fait une subvention de l’Union européenne de 25 millions d’euros pour contribuer au financement de cette centrale. Le reste du financement est attendu de l’Agence française de développement (AFD) et de la Banque européenne d’investissement (BEI). Il est prévu également deux mini centrales solaires photovoltaïques à Ouaga et à Kaya et certainement dans d’autres localités qui sont des centrales plus ou moins des projets pilotes qui devraient permettre aux techniciens de la SONABEL de pouvoir s’approprier cette technologie. Là également, le financement est acquis et du côté de la SONABEL on est en train de préparer les différents dossiers d’appel d’offres.

Le gouvernement a signé aussi un protocole d’accord avec la société minière SEMAFO pour développer une centrale solaire de 20 mégawatts à Mana. Le processus de bouclage de tout ce qui est arrangement institutionnel est en cours. Nous espérons que l’ensemble de ces projets vont contribuer à améliorer l’offre énergétique au niveau du Burkina.

Est-il prévu aussi un projet d’installation d’une centrale solaire à la Présidence du Faso ?

Effectivement, avec la coopération taiwanaise, il était prévu un projet d’installation d’une centrale solaire au niveau de la Présidence du Faso. Tout ça, ce sont des projets pilotes qui s’inscrivent dans la logique des grandes orientations que le gouvernement et le Président du Faso ont donné pour le développement de l’énergie solaire au Burkina Faso.

A combien estime-t-on par exemple le coût d’une centrale solaire de 20 mégawatts ?

Aujourd’hui, le coût d’un mégawatt de centrale solaire au Burkina tourne autour d’un 1, 5 million d’euros, soit environ 2 milliards de francs CFA. 20 MGA font donc 40 milliards de francs CFA.

Avez-vous prévu des échéances pour la réalisation des différents projets ci-mentionnés ?

Pour la centrale Zagtouli on pense à 2015. Pour celle de Mana, on pense également à 2015. Pour ce qui concerne les mini- centrales de Ouaga 2000 et de Kaya, on compte les réaliser dans la période 2014-2015.

Le gouvernement a pris une mesure détaxant le matériel solaire importé. Cela profite-t-il vraiment au développement du secteur ?

La mesure est entrée seulement en vigueur le 1er janvier 2013 et pour cinq ans. Cela ne fait que trois mois -trois mois et demi. C’est encore très tôt de faire un bilan et de juger de l’impact de la mesure sur le développement de la filière.

Mais, avez-vous quand même un feedback de la mise en œuvre de la mesure ?

Oui. On sent beaucoup plus d’engouement au niveau du secteur privé, des opérateurs et investisseurs qui nous approchent pour pouvoir installer et développer des projets d’énergie solaires au Burkina Faso. Il y a un engouement qui se manifeste davantage. Mais, en termes d’impact sur le terrain, je pense que c’est encore trop tôt pour en juger.

Au-delà de la détaxation des produits solaires importés, y a-t-il d’autres mesures prises pour accompagner les acteurs du secteur des énergies renouvelables ?

Outre la loi de finance 2013 qui exonère les produits importés des taxes pour cinq ans, il y a aussi la loi portant règlementation générale du sous-secteur d’électricité et qui permet à tout investisseur de pouvoir s’installer, de produire de l’énergie et de la revendre à la SONABEL. Je rappelle que le sous-secteur de l’énergie électrique est libéralisé depuis 1998.

Avec ces différentes mesures d’accompagnement, l’on constate une multiplication des acteurs comme pour tirer profit, ce qui peut poser le problème de la qualité des produits et prestations sur le marché. Avez-vous des mécanismes pour encadrer les acteurs ?

C’est un secteur qui est en construction et l’ensemble des cadres ne sont pas encore mis en place. C’est un processus.

Mais, avez-vous à ce jour une idée du nombre des personnes évoluant dans le secteur ?

Beaucoup d’acteurs qui interviennent dans le secteur. Si vous regardez sur le plan du commerce, vous allez voir que dans presque toutes les boutiques il y a des panneaux solaires. Ce sera difficile de les inventorier. C’est un secteur ouvert au commerce ordinaire. Donc, tout le monde a la possibilité d’importer du matériel solaire et de le revendre.

Que pensez-vous d’une initiative comme le Salon international des énergies renouvelables de Ouagadougou (SIERO) ?

C’est une initiative privée qui intervient dans la promotion de l’énergie solaire. On ne peut qu’encourager les acteurs à continuer. Parce que les énergies renouvelables aujourd’hui sont devenues un enjeu mondial pour lutter contre les changements climatiques, pour protéger l’environnement, pour créer des emplois, pour créer de la richesse. Des initiatives comme le SIERO sont vraiment à encourager.

Entretien réalisé par Grégoire B. BAZIE

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