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La "Stratégie Plus d’Arbres" (2/3)

Publié le mardi 16 avril 2013 à 22h55min

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Bâtir un meilleur moyen de subsistance basé sur la gestion responsable du paysage et un commerce plus équitable des produits forestiers

Le succès dans la mise en œuvre des réformes foncières donnant aux petits producteurs un droit sécurisé à la terre en combinaison avec l’amélioration de la coopération entre les producteurs ont amélioré la gestion des terres et les opportunités d’affaires pour les petits producteurs dans un pays en rapide développement comme le Rwanda. Y a-t-il des leçons à tirer de cette expérience pour la région soudano-sahélienne ?

La combinaison des droits de propriété locaux et des avantages liés à la coopération- quelques expériences de la Suède

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale la Suède s’est illustré pour sa forme de gouvernance particulière fondée sur la social-démocratie. Tout en restant une économie de marché les Suédois ont été affectés par un régime fiscal élevé, mais récompensés par l’application d’un système de bien-être complet dit « du berceau à la tombe". Pendant cette période, la Suède a également connu un très fort taux de croissance économique qui l’a permis de se hisser parmi les pays les plus riches du monde. Cette croissance a été catalysée par l’industrie lourde, la fabrication de biens durables et un développement réussi du secteur forestier.

Bien que les Suédois apprécient fortement la propriété privée et l’entreprenariat privé, leurs relations d’affaire à tous les niveaux ont été fortement influencées par l’idée d’entreprise coopérative - en particulier dans le secteur agricole et forestier. Comme conséquence de cet entreprenariat coopératif, les petits producteurs (le plus souvent propriétaires forestiers en même temps) ont pu avoir accès aux avantages des grandes entreprises, tout en restant petit individuellement. Aujourd’hui, plus de cinquante pour cent des terres forestières, au total plus de 13 millions ha de forêts aménagées, en Suède appartiennent à des centaines de milliers de petits propriétaires privés et cette étendue de forêt fournit environ 65% de la matière première bois.

Ces propriétaires forestiers se sont organisés en associations de propriétaires forestiers et ont été en mesure d’agir de concert pour bénéficier de multiples avantages pour le transport et la commercialisation. Ces avantages ont toujours inclus ceux commerciaux notamment, d’être dans une meilleure position de négociation entre petit vendeur et grand acheteur. Cependant, ils ont également réussi à obtenir d’autres avantages qui peuvent être considérés plus importants. Les associations de propriétaires forestiers offrent à leurs membres des services techniques de vulgarisation pour améliorer la gestion forestière afin de pouvoir alimenter l’industrie d’exportation suédoise. Les petits propriétaires forestiers ont également une voix plus forte pour protéger leurs intérêts. Maintenant, ils possèdent également leurs propres scieries et usines de pâte à papier. Cela a donné aux propriétaires l’accès à la chaîne de valeur de la production avec des avantages accrus du bois.

L’esprit de coopération imprègne la société suédoise et comme résultat la Suède a depuis longtemps reconnu ses responsabilités à coopérer avec les pays en développement à la fois officiellement et sur une base volontaire. Il y a de cela plus de 40 ans la Société "Vi-Skogen" ("Nous-La Forêt ») a été créée en tant que section du Centre de Coopération Suédoise (SCC) et il a été actif dans différents pays avec des projets dans l’agriculture et la foresterie.

L’objectif initial de « Vi-Skogen" était d’établir plus d’arbres et de forêts, en étroite coopération avec les petits producteurs des pays en développement. Au fil du temps, le concept a été développé pour inclure une approche beaucoup plus large où l’agriculture, les arbres, les forêts et la commercialisation des différents produits sont perçus comme un processus intégré.

Le Rwanda est un pays qui reste dans les mémoires pour la crise de 1994 qui a conduit au génocide de plus de 500.000 personnes (peut-être 15% de la population). Depuis 1994, le Rwanda a fait des progrès énormes et il est aujourd’hui un bon exemple de ce qui peut être réalisé lorsque la l’Etat de droit prévaut, et la corruption est éliminée. Bien qu’il reste un pays pauvre la qualité de vie de ses citoyens est nettement plus élevée que de nombreux pays voisins qui ont un revenu plus élevé nominalement. Le Rwanda est le pays le plus densément peuplé d’Afrique avec 10 millions de rwandais partageant 2,4 millions d’hectares. Une grande partie de cette terre n’est pas propice à l’agriculture étant situé sur des pentes ou sur des sols pauvres. La terre propice à l’activité agricole par personne est probablement dans la région de 0.15ha/personne. Pourtant, plus de 85% de la population est rurale, vivant de l’agriculture. Les cultures agricoles notamment le café sont les principaux produits d’exportation du Rwanda.

Vi-Skogen (Nous-La Forêt) a joué un rôle actif au Rwanda depuis environ 10 ans et a un projet de grande envergure dans les secteurs de l’agriculture et de l’agroforesterie. Le projet réussit à améliorer les conditions de vie des populations rurales Rwandaises. La base de cette réussite réside dans la formation de petites coopératives de propriétaires fonciers privés (au Rwanda des titres fonciers ont récemment été distribués à tous les agriculteurs), une stratégie fortement soutenue par le gouvernement du Rwanda dans sa propre politique de développement. La création de coopératives a permis à Vi-Skogen de fournir des services de vulgarisation à leurs membres par le biais de formation des formateurs. Il a également permis à Vi-Skogen d’offrir un soutien direct à la mise en place de pépinières des arbres agroforestiers sur la base d’une participation coopérative aux activités.

Les arbres ont joué un rôle déterminant dans le succès de ces projets au Rwanda en raison des multiples avantages qu’ils offrent. Les jeunes branches sont utilisées comme supports pour la culture du haricot qui sont l’un des piliers de l’alimentation quotidienne. Les fruits des arbres sont consommés. Les grosses branches sont utilisées comme bois d’énergie. Les feuilles de certaines espèces d’arbres sont utilisées comme fourrage pour les animaux pendant la saison sèche. Les plus grandes tiges sont coupées comme bois d’œuvre et de construction des maisons et des infrastructures agricoles. Les arbres sont finalement abattus pour la fabrication de charbon de bois pour l’exportation vers les villes, qui est une activité économique majeure dans les campagnes. Enfin, les arbres offrent le service environnemental de stabilisation des sols sur les pentes escarpées qui caractérisent le Rwanda. Sans les arbres la vie dans le monde rural au Rwanda serait presque impossible, avec l’accroissement des superficies boisées les moyens de subsistance s’améliorent de façon significative.

Préparé par Klas Bengtsson (Forestier), Börje Drakenberg (Ecologiste des forêts), Dr van Hensbergen Berty (Biologiste appliquée) et Dr Patrice Savadogo (Ecologiste et Aménagiste des Formations Naturelles, Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles-INERA). Les auteurs travaillent avec la gestion des ressources naturelles en Afrique de l’Ouest depuis 2001.

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Vos commentaires

  • Le 16 avril 2013 à 12:17, par villageois En réponse à : La "Stratégie Plus d’Arbres" (2/3)

    Appel au Ministère de l’environnement : Plantez des arbres sur le long de la bande verte.Je ne sais ce que vous attendez pour commencer

  • Le 16 avril 2013 à 15:24, par synetik En réponse à : La "Stratégie Plus d’Arbres" (2/3)

    Voici un pays où on se plaint qu’il fait trop chaud et pourtant on ne plante pas les arbres comme il se devrait ! Je parle du Burkina Faso.
    Tout le monde cherche l’argent, oubliant que même cet argent provient des ressources naturelles !

  • Le 16 avril 2013 à 17:35, par VV En réponse à : La "Stratégie Plus d’Arbres" (2/3)

    C’est un appel à accélérer la réforme agraire et foncière et aussi à ne pas trop miser sur l’agro business comme modèle de développement agricole.

    • Le 16 avril 2013 à 20:13, par Zagla YEELAME En réponse à : La "Stratégie Plus d’Arbres" (2/3)

      Hé oui, tant qu’on n’aura pas abordé la question d’une véritable propriété paysanne de la terre, rien ne bougera ! Rien n’est possible tant que les paysans sont tiraillés entre une routine extensive sans issue et une impossible intensification, du fait d’une propriété on ne peut plus improbable !

  • Le 16 avril 2013 à 20:07, par Zagla YEELAME En réponse à : La "Stratégie Plus d’Arbres" (2/3)

    Le Burkina aurait beaucoup à gagner en s’intéressant aux pays nordiques qui ont à peu près la même durée de la belle saison que le Burkina (mi-mai à mi-octobre) ; quand il fait froid là bas, ici il fait sec. Nous sommes même des privilégiés car durant leur hiver, nous avons le soleil et la croissance de certaines productions forestières, sans parler de l’irrigation de contre saison !

  • Le 17 avril 2013 à 19:43, par Lassina En réponse à : La "Stratégie Plus d’Arbres" (2/3)

    Je pense que ce sont des initiatives pareilles à imiter pourquoi pas pour se développer nous aussi au Faso.

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