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Pour le retour des étrangers expulsés de Ouragahio Les autochtones exigent la présence des ambassadeurs du Burkina et du Mali

Publié le jeudi 27 novembre 2003 à 18h22min

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Cela fait exactement un mois 4 jours que 892 Sénoufo, 1400 Burkinabé et 8 Maliens ont été expulsés des villages de la sous-préfecture de Ouragahio. Ils vivotent dans la région, en attendant la résolution de la crise les opposant à leurs tuteurs .

Un mauvais quiproquo est à l’origine du malheur des allogènes de la région de Ouragahio. Deux voyageurs burkinabé ont été pris à Kehi-Gbahi pour des assaillants. Ils sont expulsés en même temps que tous les Burkinabé, Maliens et Sénoufo, après avoir donné des explications sur les motifs de leur voyage dans la région. ’’Nous sommes venus donner des amulettes anti-balles à nos frères, pour qu’ils soient protégés contre les coups de fusils’’, auraient dit ces deux Mossi qui avaient en leur possession, au moment de leur interpellation, des sacs pleins de gris-gris, selon les villageois.

La vue des gris-gris en temps de guerre et les explications jugées peu convaincantes des deux étrangers ont mis le feu aux poudres. Tous ’’les étrangers’’ sont expulsés manu militari de Kehi-Gbahi. Tous les villages dans lesquels ils ont trouvé refuge ont à leur tour été vidés de leurs ’’étrangers’’. C’est ainsi que Mahinadopa, Pissekou, Bahiékou, Dadiépa, Magbehi-Gouepa, Gd Gbassi… ont été vidés par des allogènes qui y vivaient. Après mille et une négociations initiées par le ministre Dano Djédjé, la fièvre est en train de tomber.

La présence des ambassadeurs exigée

Tout le monde aspire au retour de la paix. Mais à condition que les ambassadeurs du Burkina et du Mali fassent le déplacement à Ouragahio et villages qui sont le théâtre des palabres.

Comme ils en ont l’habitude depuis le déclenchement de cette crise, les chefs de villages, les jeunes, les cadres et autorités politiques de la région de Ouragahio se sont rencontrés le dimanche 23 novembre à Kehi-Gbahi. Avec à l’ordre du jour, le règlement définitif du conflit Bété-Burkinabé, en vue d’un retour rapide de la paix entre ces peuples frères qui vivent ensemble depuis des dizaines d’années. M. Kplo Dominique, président de la mutuelle des cadres du canton Gbadi-est et sa délégation composée entre autres personnalités de MM. Diégou Bailly, Gbaka Mabri, vice-pdt du Conseil général de Ouragahio, ont demandé à la jeunesse et aux chefs de villages d’oublier le passé pour s’inscrire dans le processus de réconciliation.

Après un long moment d’échange, parfois houleux, les uns et les autres ont finalement reconnu la nécessité d’œuvrer au retour de la paix dans cette région. Qui de surcroît est la région du président de la République. Mais cette paix, bien que souhaitée par tous, ne doit pas se bâtir sur du sable mouvant, ont fait savoir les chefs coutumiers et les jeunes, principaux acteurs desdites expulsions. Ils ont demandé aux cadres un règlement définitif de la crise. Et cela passe par la présence sur les lieux des ambassadeurs du Mali et du Burkina Faso.

« Pour couper court à tout commentaire tendancieux de cette affaire et aboutir à une paix durable entre nous et les Burkinabé et Maliens, il faut que leurs ambassadeurs viennent ici. Il faut qu’ils viennent voir la réalité des faits pour mieux les apprécier. S’ils ne viennent pas, la paix ne viendra pas aussi », ont-ils insisté, face à leurs cadres. En réponse à cette exigence, M. Kplo Dominique et ses frères ont promis tout mettre en œuvre pour que le samedi 29 novembre, les ambassadeurs du Mali et du Burkina soient dans la région du Fromager.

En attendant, les expulsés vivotent à Gagnoa

Les Mossi, Maliens et autres Sénoufo expulsés des villages de Ouragahio n’ont pas eu le temps de faire leurs bagages. Ils ont tout laissé derrière eux. Les seules affaires qu’ils ont pu emporter, ce sont les vêtements qu’ils avaient sur eux au moment où ils ont été sommés de partir.
Conséquence, la plupart de ces expulsés sont sans papiers. Ils sont donc obligés de rester dans le département de Gagnoa, de peur d’être pris pour des assaillants aux postes de contrôles. « Nous mangeons une fois par jour. Nous ne pouvons pas faire autrement.

C’est grâce au ministre Dano Djédjé, Mme Limata Coulibaly, M. Adnan et bien d’autres bonnes volontés que nous ne mourons pas de faim. Il faut leur dire merci. Voyez, nous n’avons rien. Nous ne pouvons pas non plus retourner dans nos plantations pour y prendre des vivres. Nous craignons les représailles ». Ces propos de Traoré N’Golo, originaire de Tengréla qui s’est établi à Kehi-Gbahi, suffisent pour comprendre les difficultés que vivent ces paysans expulsés de leur milieu naturel de vie.

Ils ont été repartis en sites d’accueil à travers la ville de Gagnoa, chez des personnes de bonne volonté. Grâce aux initiatives des présidents des ressortissants maliens et burkinabé de Gagnoa, les "étrangers" expulsés de Ouragahio sont logés. Leur plus grand besoin est d’ordre sanitaire. Chez les Burkinabé, du fait de leur grand nombre, il y a beaucoup de malades. Surtout des enfants. Les autorités administratives doivent s’intéresser davantage à cette affaire pour accélérer le processus de règlement et de retour à la paix. Afin d’abréger les souffrances des populations appelées à cohabiter.

Barthélemy Tehin
Envoyé spécial à Gagnoa

L’intelligent d’Abidjan- 27/11/2003

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