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Militantisme partisan au Burkina : les revers de l’inconstance

Publié le lundi 25 mars 2013 à 18h51min

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Militantisme partisan au Burkina : les revers de l’inconstance

Les élections couplées de 2012 ont mis à nu la fragilité de l’engagement partisan de nombre de militants de nos partis et formations politiques. L’on a assisté à des défections avant, pendant et après ces consultations électorales. Ce qui dénote d’une inconstance du militantisme au sein de nos partis politiques.

Le système partisan au Burkina ne se présente véritablement pas encore comme étant le fruit d’un engagement à servir la cause publique à travers le programme de tel ou tel parti politique. Les ambitions de beaucoup de militants s’écartent de celles que doivent viser les partis et formations politiques dignes de ce nom. En effet, un parti politique doit animer la vie politique, conquérir le pouvoir d’Etat dans la perspective de l’exercer. Ainsi, le militant qui ne partage pas ces ambitions va se conduire comme une girouette allant d’un parti à un autre en fonction de ses intérêts personnels immédiats, car n’ayant pas de solide conviction politique pour son parti. Un tel militant se distingue aussi –négativement- par des agissements contraires à la discipline au sein du parti. Le contexte des élections couplées (législatives et municipales) a été assez révélateur de tels comportements.

Quelques défections qui retiennent l’attention

Des défections et pratiques de désaveu au moment du positionnement sur les listes de candidatures, il y en a eues. Saran Sérémé, alors députée du CDP, a fait une défection fracassante au moment de l’établissement des listes du parti pour les législatives de 2012.

Au cours de la campagne électorale, certains militants ont désavoué, de façon sournoise pour la plupart, leur formation politique en collaborant avec d’autres partis pour lesquels ils ont battu campagne clandestinement. Après s’être annoncé un peu juste à l’issue de l’établissement des listes de candidatures de l’UPC pour les municipales passées, c’est véritablement au cours de la campagne électorale que le conseiller Assibo Ouédraogo s’est affiché comme un pion du CDP.

Au moment de la capitalisation des acquis électoraux de ces consultations de décembre 2012 et de février 2013, l’on a assisté à plus de fractures partisanes. Le 06 février dernier, Assibo Ouédraogo élu conseiller UPC a voté, et ce contre le rappel à l’ordre de la direction de son parti, pour le CDP. Le 09 mars 2013, Abibata Traoré, élue conseillère de l’ADF/RDA, a participé, contre la décision de son parti, au vote du maire de la Commune de Bobo-Dioulasso.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la mise en place des exécutifs locaux a donné lieu à des tensions résultant surtout de comportements peu catholiques politiquement, tensions dont certaines des plus ouvertes ont heureusement été soumises au juge électoral. L’usage de la voie judiciaire par nos leaders politiques mérite d’être salué, en ce qu’il dénote de la sagesse et d’une certaine confiance vis-à-vis de notre arsenal juridique. Encore faut-il que le juge électoral travaille davantage à mériter cette confiance, à travers notamment la motivation objectivement acceptable de ses décisions.

Mais à quoi tiennent ces revirements partisans ?

Si la création d’un parti politique peut être le fruit de la réflexion d’une seule personne, il importe qu’une fois le parti mis en place dans ses organes, le géniteur travaille à se fondre dans l’équipe qu’il aura constituée autour de lui. Cela peut favoriser la culture de démocratie interne au sein du parti ; mieux, cela donne des gages sûrs pour la survie du parti à son fondateur.

De même, l’influence de certains leaders politiques ne doit pas les conduire à se substituer aux autres militants du parti. On voit certains de nos fondateurs de parti politique battre campagne pour le compte des candidats de leur parti, comme pour dire que ces derniers ne savent pas haranguer la foule, encore moins arracher la confiance de l’électorat.
De constat, il ressort que la plupart de nos partis politiques se définissent encore par leurs fondateurs ou par leurs présidents ; ces derniers ayant une telle influence que les autres militants ne peuvent s’affirmer au nom du parti. En dépit des règles de discipline auxquelles tout militant doit se soumettre, les militants ne doivent pas se sentir obligés de se prosterner devant le fondateur du parti pour se voir inscrits sur une liste de candidature.

Il appartient à nos responsables de partis politiques de travailler à réduire autant que possible, leur omnipotence sur les organes des partis et sur les militants.

Autre élément auquel peut tenir la défection d’un militant, c’est le manque d’attachement ferme à une idéologie politique selon laquelle il voudrait contribuer au bien-être de la cité. Il est vrai, notre paysage partisan donne, au regard surtout du nombre de parti par rapport aux lignes idéologiques qui existent, à se demander si les partis eux-mêmes ont une assise idéologique.

Toutefois, l’adhésion à une formation politique ne doit pas être le fait du hasard, ou guidée par la seule ambition d’obtenir des avantages financiers et matériels immédiats. Elle doit être sous-tendue par sa détermination à conduire le parti auquel on adhère, à la gestion de la cité dans l’intérêt bien compris des citoyens. Sinon, l’on s’adonnerait au nomadisme politique pour peu que les intérêts personnels visés ne soient pas satisfaits.

Les défections de militants tiennent aussi au déplacement de querelles personnelles, parfois à objet autre que politique, sur le terrain politique. On compte malheureusement encore au sein de nos formations politiques des militants qui n’ont pas le sens de l’intérêt supérieur du parti, au nom duquel ils doivent travailler quotidiennement à resserrer les rangs de leur parti en s’imposant l’obligation de ne pas céder à la provocation.
Nos partis politiques gagneraient mieux, s’ils veulent s’imposer dans les chalenges futurs, à s’investir véritablement dans l’éducation et la formation politiques de leurs militants d’abord, et de l’électorat ensuite.

Fulbert Paré
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 25 mars 2013 à 15:15, par Dosso En réponse à : Militantisme partisan au Burkina : les revers de l’inconstance

    ce sont des parvenus en politique c’est tout. si tu n’as pas un certain niveau intellectuel tu ne peux pas faire la politique. La politique est le sport des intellectuels

  • Le 25 mars 2013 à 16:14, par Vagabond En réponse à : Militantisme partisan au Burkina : les revers de l’inconstance

    la politique de la panse ! L’ASSIBOISATION de la politique, Assibo, le Judas burkinabé...

  • Le 25 mars 2013 à 16:25, par Manitu En réponse à : Militantisme partisan au Burkina : les revers de l’inconstance

    Vous l’avez dit, M. PARE. Un parti se distingue d’un autre par son idéologie. Ici cependant, point d’idéologie. Les alliances et les divergences se font juste sur la base d’intérêts personnels. Normalement on milite quelque part parce qu’on est convaincu que c’est la méthode prônée labàs qui sera la meilleure pour son pays. Ici on crée un parti parce qu’on se sent gros et qu’on veut devenir grand et on milite dans un parti parce qu’on se dit qu’avec tel leader on sera gros et qui sait, grand un jour.
    Alors si un autre leader vous propose de grossir plus vite... Ou si votre gros leader se met à maigrir...

  • Le 25 mars 2013 à 18:11, par Beurk En réponse à : Militantisme partisan au Burkina : les revers de l’inconstance

    Pensez-vous que nos 150 partis politiques ont vraiment des militants convaincus ?La réponse est malheureusement NON.Pour s’en convaincre,il suffit de prendre ces mêmes dernières élections couplées du 2 décembre où il fallait payer des individus pour qu’ils prétendent être des assesseurs de tel ou de tel parti politique dans les bureaux de vote.Je suis navré mais quand on croit à une cause,à un idéal,on n’a pas besoin de se payer pour poser des actes militants.Conclusion,en haut comme en bas,la politique est une affaire de business au Faso.C’est dommage.

    • Le 26 mars 2013 à 01:44, par cdp En réponse à : Militantisme partisan au Burkina : les revers de l’inconstance

      Pourquoi voulez vous des militants convaincus sans discours convainquant. Vous réunissez des gens vaincus par la misère et au lieu même de leur donner le riz gras la avant, vous voulez qu’ il vous écoutent d’abord encore si ce que vous dites avait un sens : je vais construire des écoles et des csps partout alors que les gars connaissent ta case au village ; ;...

  • Le 26 mars 2013 à 09:03 En réponse à : Militantisme partisan au Burkina : les revers de l’inconstance

    Les partis politiques sont comme des PMI/PME évoluant dans le même secteur d’activité. Pas ou peu d’idéologie différenciateur comme dans certains pays. D’où le nomadisme constaté.

  • Le 26 mars 2013 à 10:58, par le bon citoyen En réponse à : Militantisme partisan au Burkina : les revers de l’inconstance

    Nous avions fait une démocratie basée sur du coupé collé. Conséquences, des gens impopulaires se font élire par des manoeuvres dilatoire et veulent diriger la population surtout au niveau communale.

    L’ouganda a compris la chose en supprimant les parties politiques pour les législatifs, chacun se présente en tant que lui même et la population votera la personne qui mérite

  • Le 26 mars 2013 à 11:25 En réponse à : Militantisme partisan au Burkina : les revers de l’inconstance

    Monsieur Paré, vous auriez dû aller chercher à savoir pourquoi les gens se comportent-ils comme cela. Est-ce, parce qu’ils sont naturellement comme ils sont ou est-ce, parce qu’ils en sont réduit aujourd’hui, à n’avoir pas le choix que de se prostituer de la sorte ? Sans excuser ces comportements combien sommes-nous, à garder dans ce monde d’aujourd’hui, toute sa fierté ‘’burkindi’’, en refusant de se prostituer, quitte à crever de faim. De mon point de vue, c’est dans cette politique d’exclusion qui laisse en marge tout un pan entier de notre population, qu’il faut aller chercher les raisons profondes de cette inconstance du militant de base. Les gens ont fini par comprendre que le moment d’une consultation électorale, est l’occasion rêvée pour ‘’faire le marché’’ des partis politiques. Pourquoi ? Parce que simplement, on a fini par leur faire croire dans ce pays, que la politique n’est finalement qu’un jeu au sommet, où on se joue tous les tours possibles, sans aucun ressentiment, l’essentiel étant de gagner et toujours gagner pour soi, qu’importe la manière. La triche et roublardise semble être la valeur la plus partagée dans ce milieu. Il n’est donc pas étonnant que les laisser pour compte de cette société, finissent par se faire une raison, en estimant que la période des jouxtes électorales, est aussi pour eux l’occasion, de tirer parti de ce jeu. L’inconstance et le nomadisme politique des militants à la base n’est rien d’autre que la conséquence logique de la voie à suivre que les dirigeants de notre pays et autres leaders de partis politiques leur a montré depuis des lustres. N’accuser donc pas (sans vouloir les excuser), les victimes de ce système sordide que nous avons installé dans notre pays et qui explique, par ailleurs, la déliquescence totale des valeurs morales de notre société.

  • Le 26 mars 2013 à 14:15, par SawadX En réponse à : Militantisme partisan au Burkina : les revers de l’inconstance

    Il y’a toujour des convictions qui ont été detourner dans certain partis qui ont conduit a la defection de certain conseiller mais le cas de ASSIBO est eloquant : c’est un achat de conscience, bien bien d’une quelconque idéologie. Assibo a trahi la cause pour de l’argent , de la corruption, la honte ...
    Au CDP FRANCOIS et ASSIMI proposent des candidats fortement controverser a la base par leur très mauvaise reputation etacher de malgerance, de corruption, de vol,etc
    C’est ce qui conduit a certain conseiller CDP a voter pour des conseiller d’autr partis ; il n’y a donc pas d’achat de conscience.
    Si vous voulez publier un article tenez bien compte de ces faits-ci et ne melanger pas les evenement, ne mettez pas tous les conseiller dans le meme logique !
    Balance mon message Webmaster !!! Vive le Burkina

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