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Difficile combat contre les discriminations : Le racisme ne disparaît pas, il se mue

Publié le mercredi 20 mars 2013 à 20h35min

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Difficile combat contre les discriminations : Le racisme ne disparaît pas, il se mue

Cela fait 44 ans que la journée internationale contre le racisme a été instituée par l’Assemblé générale de l’ONU. Elle est célébrée chaque année le 21 mars pour commémorer les événements de ce jour de 1960. Ce jour là, la police a ouvert le feu et tué 69 personnes lors d’une marche à Sharpeville, en Afrique du Sud. Les manifestants protestaient contre les lois sur les laissez-passer imposés par l’apartheid.

L’objectif de la journée est d’attirer l’attention sur la lutte contre le racisme. Le racisme même s’il ne se manifeste plus par des lynchages, persiste et demeure dans les têtes, dans les raisonnements et à travers certains actes. Aujourd’hui, la ville de Karlsruhe, au sud de l’Allemagne célèbre cette journée pour la première fois.

Alberto Ibraimo pour avoir été une victime du racisme n’a pas voulu rater les actions de sensibilisation que la Mairie de Karlsruhe a organisées contre le fléau le 08 mars dernier. Ibraimo habite à Karlsruhe depuis six ans. C’est en 1981, il avait 16 ans, que le mozambicain a quitté son pays pour vivre en Allemagne. La première ville où il s’installe est Schwedt, la région de Brandebourg dans l’Est du pays.

Ibraimo est presque connu de tous en Allemagne et cela grâce à sa carrière de boxeur. Il a commencé à l’exercer dès son arrivée. "Dans l’une ou l’autre ville, le racisme se vit d’une manière ou d’une autre", dit-il. Ibraimo garde des souvenirs douloureux de son séjour dans l’Est de l’Allemagne. "Dans le métro les blancs ne laissaient pas les noirs s’asseoir. Dès qu’ils voyaient un noir entrer, ils écartaient leurs jambes pour occuper toutes la place".

Pire que cela il en a vu. Son meilleur ami aurait été assassiné dans un train en 1985 dans l’Est de l’Allemagne. « Les passagers l’ont agressé et battu. S’étant aperçu qu’il était mort ils l’ont attaché avec une ficelle et jeté son cadavre par la fenêtre », raconte Ibraimo.

Aujourd’hui le racisme ne se rencontre certes plus en Allemagne sous ces formes barbares. Dans certaines villes, comme Karlsruhe, des provocations de nature raciste seraient quasi inexistants. C’est du reste ce que pense Bakari Diallo, un jeune sénégalais qui connait Karlsruhe pour y avoir vécu il y a cinq ans. "Je n’ai pas vécu d’actes racistes ici. Il y a la liberté et l’histoire de la ville y est peut être pour quelque chose".

Fondée au début du 18ème siècle par Margrave Charles Guillaume de Baden-Durlach, Karlsruhe est réputée être une ville sécurisée. Déjà à cette époque, l’empereur avait instauré des mesures libérales telles que la gratuité du terrain, l’abolition du servage et des redevances, la suppression des impôts pour une durée de vingt ans et la liberté religieuse.
Aujourd’hui bien qu’étant une petite ville d’à peu près 300 000 habitants, elle abrite le siège de la Cour Constitutionnelle fédérale, l’instance suprême de la juridiction allemande.

Karlsruhe, à l’opposé d’autres villes allemandes, n’avait jamais célébré la journée mondiale contre le racisme depuis son institution par l’ONU. "Cela est dû probablement au fait qu’il n’y a pas d’actes racistes manifestes ici", suppose Christoph Rapp, coorganisateur
des semaines de Karlsruhe contre le racisme. En tant que chargé aux affaires interculturelles et religieuses à la maire de Karlsruhe, Christoph Rapp avoue cependant
apprendre de plus en plus des faits qui frisent le racisme. "C’est pourquoi nous voulons maintenant organiser ces journées pour qu’elles servent de sensibilisation. Il semble y avoir de plus en plus d’actes discriminatoires peut-être inconscients, mais aussi conscients".

Des témoignages ne manquent pas. Aliz Müller, une jeune hongroise, n’a apparemment pas de problème, parce que son origine ne s’impose pas à vue d’œil. « Mais dès que j’ouvre ma bouche et qu’on s’aperçoit à travers mon accent que je viens de l’Europe de l’Est, je constate une certaine réserve chez certaines personnes", confie-t-elle. En Allemagne l’image des européens de l’Est est peu positive. De moins en moins certes, mais certains Allemands
continuent d’associer le Polonais au vol, le Roumain à la pauvreté, le Russe à la mafia et les femmes en général à la prostitution.

Les étrangers, surtout ceux à la peau sombre, subissent de nos jours encore parfois des contrôles policiers d’une manière arbitraire. Leurs enfants rencontrent également des difficultés dans les écoles. Henry Tchatchou par exemple, un ingénieur camerounais en automobile, dit avoir eu une discussion farouche avec les enseignants d’une école à Karlsruhe au sujet de l’orientation de son enfant. "Juste à cause de la couleur de sa peau, les enseignants lui accorde très peu de parcelle d’intelligence", se plaint-il.

Dans l’enseignement public allemand, il existe selon les Länder (Etats fédéraux), à partir de la quatrième ou la sixième classe des orientations. En fonction de la prestation de l’élève, il peut se retrouver soit au "Hauptschule", au "Realschule" ou au "Gymnasium". Les admis à cette dernière catégorie sont considérés comme les plus intelligents. Après huit ans ils font le baccalauréat, puis entament des études universitaires. Ceux de la "Realschule" sont moins intelligents et pourraient après des examens complémentaires avoir accès à l’université. En
revanche, ceux qui font la "Hauptschule" n’ont aucune chance d’aller à l’université.

Plusieurs enfants d’immigrés sont généralement d’office envoyés soit au "Realschule" ou au "Hauptschule". L’apprentissage de métiers est leur éventuel débouché. Pour éviter que leur avenir soit hypothéqué par une orientation discriminatoire, les parents aisés, comme Tchatchou, inscrivent leurs enfants dans des "Gymnasium" privés.

Ces actes discriminatoires sont autant de difficultés que vivent encore de nombreux immigrés en ce 21ème siècle en Allemagne. C’est pourquoi plus de 40 associations d’étrangers se sont joints à la Maire de Karlsruhe pour organiser la campagne contre le racisme. A travers des représentations théâtrales, des projections de films, des
conférences et des concerts, les organisateurs veulent contribuer au changement des mentalités. Débutées le 08 mars dernier, les semaines de Karlsruhe contre le racisme prendront fin le 24 mars prochain.

Wendpanga Eric Segueda
Collaborateur
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 20 mars 2013 à 20:47 En réponse à : Difficile combat contre les discriminations : Le racisme ne disparaît pas, il se mue

    Arretez de vous plaindre du racisme vous les Noirs.
    Moi aussi j etais en Allemagne pour mes etudes. Des que j ai fini, je suis rentre au Burkina. Pourquoi ne revenez vous pas chez vous au Burkina au lieu de forcer vous marier pour rester en France, Allemagne, Belgique, Hollande...

    • Le 21 mars 2013 à 16:04, par Christpher En réponse à : Difficile combat contre les discriminations : Le racisme ne disparaît pas, il se mue

      Les blancs même sont tolérants. Si vous mettez les noirs à la place des blancs ( peau clairs, richesse etc), ils n’auraient jamais accepté qu’un noir viennent chez eux, enseinte leur femme et se prévaloir de leur nationalité. Demandez à un bon vieu mossi qui est sûr de lui même, qu’est ce qu’il pense du peul, des bobo, des kourounssi etc. Beaucoup n,accpeteront jamais que leur fille ou fils aillent marier ce « genre » d’ethinie. Si cela n’est pas du racisme, c’est juste dans les mots puisque les fait et les effets sont pareils.

  • Le 21 mars 2013 à 04:21, par donyré En réponse à : Difficile combat contre les discriminations : Le racisme ne disparaît pas, il se mue

    On en parle de moins en moins mais le racisme est toujours existant en Europe et pire en Asie. La peau sombre est synonyme de pauvreté ,de surtout d’incapacité intellectuelle.
    Il faut vivre dans ce milieu pour comprendre les limites notoires des racistes face aux noirs.Barak Obama n’est-elle pas le président de la 1ère puissance mondiale ? fuck aux racistes. Certains asiatiques refusent même d’être soigner par les médecins noirs .Pour eux ,la connaissance est white .

  • Le 21 mars 2013 à 10:56, par ANNAN En réponse à : Difficile combat contre les discriminations : Le racisme ne disparaît pas, il se mue

    le racisme, l’éthnicisme, le nationalisme, le régionalisme, le continentalisme, l’intégrisme, le fanatisme sont autant de mots qui sont des maux à combattre.

  • Le 21 mars 2013 à 11:26, par Sylvie Tass. En réponse à : Difficile combat contre les discriminations : Le racisme ne disparaît pas, il se mue

    Les Nations Unies qui pronent l’egalite entre les Hommes et son defenseur est la premiere Organisation au sein de laquelle le rascisme est le plus patent. Au sein de cette organisation, il est meme considere comme crime d’en parler ou de s’en plaindre. Ceux qui y travaillent ou y ont travaille ne vous diront pas le contraire. Le mepris et les injustices y sont criardes. Les noirs sont relegues aux seconds roles pour ne pas dire au dernier et le racisme est plus fort de la part de peuples comme les Indiens qui ont eux memes une societe classifiee.
    Alors, les Nations Unies gagneraient a balayer devant sa propre porte avant de demander aux autres de faire de meme sinon le concept demeure un slogan creux auquel personne n’y croit.

    • Le 21 mars 2013 à 13:00, par Dom En réponse à : Difficile combat contre les discriminations : Le racisme ne disparaît pas, il se mue

      Plusieurs types d’individus peuvent à juste titre se palindre du racisme et ils auront donc raison. Mais les noirs sont les pires racistes anti noirs. Quand ils se depigmentent, et ne rêvent que de porter des cheveux de blanc, reniant ainsi leur propres nature, qu’est ce que vous voulez ! Pleurez sur vous même car ’est un spectable pitoyable que de nombreuses femmes africaines soutenues par les hommes donnent à voir. Respectez vous comme les autres se respectent et peut être les choses commenceront à changer un peu.

      • Le 21 mars 2013 à 18:38, par Racines En réponse à : Difficile combat contre les discriminations : Le racisme ne disparaît pas, il se mue

        Si nous étions suffisamment riches et puissants, nous n’aurions pas à nous plaindre du racisme ! L’homme noir est considéré comme un être inférieur à cause du manque de développement de son continent. Certains racistes même oublient l’histoire du noir (plus de 400 ans d’esclavage et plus de 200 ans de colonisation) et avec tout cet retard connu pour notre sous-développement. Battons nous donc pour être très puissants et ne plus envier les autres peuples !

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