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Jean Bosco Bazié, DGA en charge des politiques et partenariats d’Eau Vive Internationale : « La coopération dans le domaine de l’eau est multidimensionnelle »

Publié le dimanche 10 février 2013 à 08h26min

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Jean Bosco Bazié, DGA en charge des politiques et partenariats d’Eau Vive Internationale : « La coopération dans le domaine de l’eau est multidimensionnelle »

Pour le secteur de l’eau, 2013 revêt une signification particulière. Proclamée Année internationale de la coopération, elle devrait en principe marquer d’une pierre blanche les efforts des acteurs. Pour mieux appréhender le concept et les enjeux de cette proclamation de l’année 2013, nous avons rencontré Jean Bosco Bazié, un des experts en la matière au plan national et international.

Ancien coordonnateur de l’initiative ‘’A l’Eau l’Afrique, A l’Eau le Monde’’ qui a permis d’impliquer plusieurs acteurs dans la préparation du dernier Forum mondial de l’eau tenu en mars 2012 à Marseille, en France ; le directeur général adjoint en charge des politiques et partenariats d’Eau Vive Internationale est parfaitement au diapason de la problématique en question. Lui qui a été de la plupart des rendez-vous internationaux et s’apprêtait d’ailleurs à faire le déplacement de Paris pour assister au lancement officiel, ce 11 février, des activités marquant 2013, Année internationale de la coopération dans le domaine de l’eau. Interview exclusive.

Lefaso.net : L’Assemblée générale des Nations-Unies a proclamé que 2013 sera l’Année internationale de la coopération dans le domaine de l’eau. Qu’est-ce qui justifie cette option de la communauté internationale ?

Jean Bosco Bazié : L’importance de l’eau pour toute vie sur terre, mer et ciel n’est plus à démontrer. Du fait de plusieurs facteurs, la ressource se raréfie pendant que les besoins ne cessent de croître augmentant les risques de conflits autour de son partage quelque soit l’endroit de la planète. La coopération entre parties peut contribuer à garantir un partage équitable, la paix entre usagers de la ressource eau, la sécurité et la stabilité entre Etats. Après la Décennie Internationale de l’Eau Potable et de l’Assainissement de 1981 à 1990, ainsi que divers autres évènements mondiaux tels que les sommets sur le développement durable Rio+10 en 1992, Rio+20 en 2012 ou plus récemment le 6e forum mondial de l’eau en mars 2012 à Marseille, au cours desquels l’importance de l’eau n’a cessé d’être réaffirmée. La prise de conscience semble être à un bon niveau. L’accès à l’eau est maintenant reconnu comme un droit humain fondamental. Il faut cependant que les acteurs et les niveaux de décisions se parlent plus et mieux, partagent plus et mieux afin que l’action porte plus de solutions concrètes de satisfaction des besoins en eau des Hommes et de la nature.

Ce genre d’initiatives peuvent-elles vraiment avoir un impact sur l’accès des populations à l’eau potable ?

Oui, à condition que les acteurs en fassent un moyen de renforcer leur collaboration, travaillent davantage en synergie et en bonne intelligence. Les solutions sont œuvre des différents acteurs publics ou privés, étatiques ou non. Chacun a une part de responsabilité et une part de génie et d’effort à apporter quelleque soit sa position, pour faire de la préservation de l’eau et son accèsune réalité pour chacun et pour tous.

Pensez-vous qu’avec cette initiative, l’on pourra atteindre les Objectif du millénaire pour le développement dans le secteur ?

Non, nous sommes à la veille de l’échéance des OMD. 2015 c’est demain et je ne vois pas comment l’on pourrait par un coup de baguette magique relever ce défis. La plupart de nos pays ont encore 40 à 50% de leurs habitants qui n’ont pas un accès durable à l’eau potable et pour l’assainissement la situation est catastrophique. L’année 2013 sera sans doute une pierre nouvelle à l’édifice mais le chemin reste long et c’est par un travail et un effort continu et soutenu dans la durée que ce défi sera relevé.

L’on associe généralement l’assainissement à la question de l’eau. N’aurait-il pas été plus intéressant pour la communauté internationale de dédier l’année 2013 à l’assainissement, domaine dans lequel beaucoup de pays en développement sont très en retard ?

L’assainissement reste en effet le parent pauvre et il faudra se réjouir de l’intérêt qui lui a été porté ces dernières années par les acteurs nationaux et internationaux. Le sous secteur a fait de grands pas dans les consciences et le lien clairement établie entre l’assainissement et la santé, l’assainissement et la dignité humaine amène à croire que les choses changent. Elles changeront véritablement que sur plusieurs générations du fait du facteur comportemental qui est humain et sociétal. Il faut donc continuer d’y croire, d’y travailler au quotidien et à tous les échelons de la société même si les résultats tardent souvent à suivre.

C’est l’UNESCO qui a été désignée pour mener les préparatifs de cette Année internationale de l’eau. Pourquoi ce choix de l’UNESCO ?

Le choix de l’institution mère du savoir par excellence du système des Nations Unies peut bien se comprendre. Le monde entier est invité à célébrer la coopération dans le domaine de l’eau autour de grandes questions tel que la sécurité de l’eau pour tous, sa gestion transfrontalière, la sensibilisation sur les enjeux de l’eau, etc. La coopération dans le domaine de l’eau est multidimensionnelle : culturelle, éducative, scientifique, sociale, politique, économique, religieuse, etc. La question de l’eau est à considérer dans une vision globale. Les acteurs sont invités durant l’année 2013 à renforcer leur coopération sur les questions liées à l’eau et à tous les niveaux. Du fait de sa grande expérience dans la coopération culturelle, éducative, scientifique, politique, etc., l’UNESCO est à même d’impulser la dynamique de coopération tant souhaitée autour de l’eau aujourd’hui mais surtout d’inscrire cette dynamique dans le temps des générations futures.

Votre organisation, Eau Vive Internationale, a une certaine expérience en matière de prise en compte des aspects culturels, éducatifs, sociaux, politiques et autres sur les questions d’eau potable et d’assainissement. Quelle pourrait être votre contribution pour le succès de l’année ?

Comme beaucoup d’autres acteurs engagés pour cette cause, nous participons et participerons à un certain nombre d’évènements planifiés avec nos idées et notre expérience de terrain pour témoigner et confirmer que la coopération est non seulement possible mais nécessaire entre acteurs ; chacun apportant son avantage comparatif. Je rappelle que le lancement de l’Année Internationale de la coopération dans le domaine de l’eau 2013 aura lieu le 11 février courant au siège de l’UNESCO à Paris.
Dans la foulée, nous participerons dans divers pays à la célébration de la Journée Mondiale de l’Eau le 22 mars 2013 et qui sera consacrée à la coopération dans le domaine de l’eau. Plusieurs autres évènements sont prévus durant l’année à divers niveaux pour promouvoir le partage d’expérience et de savoir- faire dans le domaine de l’eau. Nous prévoyons également des formations sur l’eau et la coopération en direction de divers partenaires de terrain dans les bassins versants de cours d’eau en partage ainsi que la participation à plusieurs animations radiophoniques sur le sujet.

Il est également question d’un concours pour avoir un slogan court, accrocheur, attractif et facile à comprendre pour un large public cela pour assurer la participation des citoyens aux activités. Ce slogan est-il disponible aujourd’hui ?

Le slogan officiel ainsi que les messages clés et fruits de ce concours seront connus le 11 février 2013 au lancement de l’Année à Paris.

Au niveau national, y-a-t-il des activités spécifiques au programme de l’année ?

Les manifestations ont commencé dès le mois de janvier avec par exemple La conférence annuelle d’ONU-Eau, à Saragosse en Espagne du 8 au 10 janvier 2013. Elles vont se poursuivre dans les quatre coins de la planète après le lancement officiel de l’Année les jours à venir.
Au Burkina Faso et comme chaque année, les acteurs de l’eau ne manqueront pas de se retrouver autour de la Journée Mondiale de l’Eau le 22 mars prochain pour magnifier la coopération nécessaire. Le pays s’étant doté d’un département ministériel en charge de l’eau, cela ne pouvait pas mieux tomber pour confirmer tout l’intérêt qu’accordent les plus hautes autorités au secteur. Reste aux différents acteurs de poursuivre le dialogue amorcé en décembre 2011 lors du 1er Forum National de l’Eau et de faire de l’eau un véritable levier de développement économique et social du pays au profit des générations actuelles et futures.

Entretien réalisé par Grégoire B. BAZIE

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