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Produits de contrefaçon : Que faire des saigneurs de l’économie ?

Publié le mercredi 6 février 2013 à 19h42min

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Produits de contrefaçon :  Que faire des saigneurs de l’économie ?

Au Burkina Faso la contrefaçon est devenue un problème très sérieux. Et qui, faute d’être totalement éradiqué, plombe l’économie nationale. Malheureusement elle prend sa source dans les conditions de vie difficiles des populations.

Elle n’a que ses yeux pour pleurer et sa colère est à la hauteur du préjudice que vient de subir sa société. Elle, c’est la responsable d’une entreprise de la place. Grâce à un travail de fouine particulièrement bien mené, les services de répression de la fraude ont pu mettre la main sur une impressionnante quantité de marchandises contrefaites. Celles-ci ont été détruites.

Ces produits, imités (illégalement) sur ceux que la maison à l’habitude de commercialiser dépassaient l’entendement par leur importance. Et le préjudice lui, est énorme : Plus de 100 millions de FCFA de pertes enregistrées.

Préjudice financier et moral

Certes, l’auteur principal du forfait est entre les mains des autorités judiciaires et pénitentiaires, depuis son arrestation et sa mise en détention à la maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou, MACO. Mais comme on a souvent l’habitude de le dire, l’eau est déjà versée. Et il faudra songer à recoller assez vite les morceaux pour espérer repartir sur de bonnes bases. En n’oubliant pas un fait : le plus dur sera de regagner la confiance des consommateurs dont certains ont sans doute pris leurs distances d’avec la maison.

Et c’est bien ce qui choque la direction de cette importante structure de la place. Elle ne comprend pas ce qu’elle considère comme étant une volonté délibérée de nuire. Tout comme d’ailleurs ce consommateur furieux de son côté, d’avoir acheté, dit-il, un dentifrice au goût de savon. Il se rendra plus tard à l’évidence, selon ses explications, qu’il a acheté un produit de contrefaçon. Au même prix que le bon !

Ecœurante ingéniosité

De fait, la contrefaçon a envahi toutes les sphères de la vie sociale et économique. Des médicaments aux produits alimentaires en passant par la technologie et les moyens de paiement, la cosmétique, les matériaux de construction, il y a peu de domaines sinon quasiment pas, qui échappent aux tentacules du monstre.

Selon l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), basée à Ouagadougou au Burkina Faso, l’industrie de la fraude et de la contrefaçon concerne l’ensemble des pays de la zone.
Elle représente en moyenne des pertes estimées à plus de 100 milliards de Fcfa annuels pour les économies de la sous-région et touche 60 à 70 % des biens de consommation importés.

Coupable complicité

Pour l’Uemoa, seul une réponse communautaire peut permettre de lutter efficacement contre ce phénomène. D’où l’organisation régulière de formations au profit des systèmes douaniers et des structures de coordination nationales de la fraude pour affiner les dispositifs de lutte. Il s’agit principalement de se doter d’outils de détections rapide de produits contrefaits afin d’éviter qu’ils n’entrent sur le marché communautaire.

Plus facile à dire qu’à exécuter en réalité ! Car le phénomène prospère assez souvent grâce à la bienveillance des consommateurs, pourtant les premières victimes. Ces dernières, faute d’avoir toutes les clés en mains, ne prennent pas le temps de s’informer avant d’acheter. Ce n’est d’ailleurs pas la première de leurs préoccupations.

Pas demain la veille

Et même si parfois des soupçons existent sur la qualité de tel ou tel produit, la dénonciation est souvent rare. Le boutiquier du coin qui est mis en cause est souvent un enfant du quartier. Ou un ami qui fait affaires avec la masse. Et qui n’hésite pas à accorder quelques remises ou à donner des crédits pour joindre les fins de mois difficiles. Il faut donc assez souvent plus que le simple courage pour faire démasquer les délinquants.

Que dire alors lorsque les médias eux-mêmes véhiculent dans l’inconscient du consommateur des comparaisons entre « le générique » et « l’original ». Tout juste pour éviter d’« acheter sans se ruiner ».

Dans l’espace sous régional, la population totale est évaluée à plus de 80 millions de personnes avec un taux de croissance qui dépasse 3% annuellement. Plus de la moitié de cette population, faut-il le noter, vit en dessous du seuil de pauvreté. Une équation difficile à résoudre dans le contexte de la lutte contre la fraude et la contrefaçon. Surtout lorsque l’on connaît les disparités qui subsistent entre les différents pays.

Juvénal SOME
Lefaso.net

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