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Côte d’Ivoire : brève psychanalyse de la crise ivoirienne

Publié le vendredi 17 décembre 2004 à 10h16min

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Dans cette interview exclusive réalisée par le journaliste ivoirien Philippe Kouhon, Bernard Doza, journaliste-écrivain, observateur de la vie politique de son pays la Côte d’Ivoire, nous donne sa logique du nouveau bras de fer qui oppose désormais Laurent Gbagbo à Jacques Chirac.

Deux ans après les fameux accords de Marcoussis et de Kléber, parisiens, Après plusieurs jours de balades et de pique nique à travers les pays de la sous région à la recherche de solution à la crise ivoirienne qui dure maintenant trois ans.

Au moment où la Côte d’Ivoire d’Houphouët Boigny, (ex-pré carré) de la France de De Gaule vient d’être sanctionnée par l’ONU, à l’instigation du deuxième,
Au moment où, la date du 15 décembre prochain comme toutes les autres dates à retenir de cette crise, s’apprête à entrer dans les annales, nous avons tendu notre micro, à un intellectuel ivoirien basé en France depuis des années.

Philippe Kouhon :
Ce n’est pas la première fois que vous vous exprimez sur ce qui se passe dans votre pays la Côte d’Ivoire. Après les récents évènements du mois de novembre dernier, remettant en cause tous les efforts de médiations pour la résolution de cette crise dite ivoirienne et qui semble faire mentir tous les pronostics, quelle est selon vous la vraie logique de cette guerre qui « n’aura pas lieu » ?

Bernard DOZA :

La situation en Côte d’Ivoire est très compliquée pour ceux qui ne suivent pas de très près ce qui se passe en Afrique. J’ai vu des chefs d’Etats africains voter une motion pour soutenir la France dans sa condamnation contre la Côte d’Ivoire. Parce que chacun avait peur de son siège.
Il va falloir expliquer clairement ce qui se passe en Côte d’Ivoire aux africains :

Abidjan- Paris : les premiers rapports de force.

La Côte d’Ivoire est le seul pays en Afrique francophone dont la liberté est liée à celle des peuples africains. Pourquoi ?
Par ce que depuis la colonisation, c’est le seul pays où l’impérialisme français a crée les conditions de l’enrichissement d’une bourgeoisie africaine à travers le café et le cacao. C’est dès 1932, qu’Houphouët Boigny qui est une création de la colonisation s’est rebellé contre le colonialisme et a débauché des jeunes africains de l’administration pour créer un syndicat agricole africain qui était allié au syndicat agricole européen.

Lorsqu’en 1940, Hitler, prend le pouvoir à Paris, nomme le maréchal Pétain, ce dernier impose le code de l’indigénat en Afrique francophone et principalement en Côte d’Ivoire. Houphouët Boigny qui était alors « lettré » et qui bénéficiait des mêmes droits qu’un européen, tombe sur les coups de ce code au même titre que les noirs africains.

Les « lettrés » donc qui constituaient la force d’appoint du colonialisme se sont mis aux côtés du peuple et ont crée le 10 juillet 1944, le syndicat agricole africain. C’est ce syndicat qui se mettra en guerre contre le syndicat agricole européen dirigé par le colon Jean Rose. Ce dernier voyant que Félix Houphouët Boigny était devenu très vindicatif, fera appel à l’administration coloniale. C’est ce système, qui depuis Paris a décidé par le biais de François Mitterrand, alors ministre des colonies, d’envoyer sur le terrain le gouverneur Péchoux.

Le gouverneur Péchoux interdira tout mouvement politique en Côte d’Ivoire. Le syndicat agricole africain convoque à son tour une première réunion pour dénoncer cet impérialisme français. Mais il sera divisé et ses membres les plus radicaux tels que, Dignan Bailly, Djédjé Capri et autres iront créer un parti de la coloniale, sur la base que le Pdci-Rda d’Houphouët était allié au parti communiste français. C’est donc sur cette base de l’anti communisme que beaucoup d’africains quitteront le pdci-rda, pour rejoindre les colons.

Après les élections de 1945, quand Houphouët devient député à l’assemblée nationale française, il s’engage une bataille de rapport de force opposant Péchoux qui venait de remplacer son homologue français, Latrille, à Houphouët.

Houphouët trahit la lutte

Le 01 décembre 1949, le PDCI réunit un comité directeur qui, demandera à Mme Anne-Marie Ragi, son porte parole, de lancer le boycott du commerce français et des gens de maison. C’est-à-dire, qu’en Côte d’Ivoire, aucun Ivoirien ne doit rien acheter, ni travailler chez un français.
Voilà comment nous avons assisté du 01 décembre 1949 en juin 1950, un véritable massacre de la population de la part de l’armée française en Côte d’Ivoire.
Pour donc comprendre l’histoire actuelle de la Côte d’Ivoire, ce passage est très significatif.

Deux bourgeoisies vont donc s’affronter : une agraire africaine conduite par Houphouët et une agraire européenne, protégée par l’armée coloniale. Et quand le gouverneur Péchoux demande à Houphouët de se rendre à Bassam pour être jugé pour s’être rebellé, ce dernier ira se réfugier à Yamoussoukro. L’armée coloniale ira jusqu’à Dimbokro. Mais convaincu du sort qui lui était réservé, qu’Houphouët enverra M. Biaka Boda, son conseiller et ancien sénateur de la Guinée Conakry, pour rencontrer les autorités coloniales à Dimbokro.

Logé chez l’Almamy Diaby devenu membre du parti colonial à l’insu de son parti le PDCI-RDA, Biaka Boda sera cueilli vers 2 heures du matin par les troupes françaises. Il sera tué puis brûlé dans une forêt proche.

Le peuple voyant qu’Houphouët était harcelé par les colons, va alors se constituer en bouclier humain autour de sa résidence à Yamoussoukro. C’est donc la même situation que nous vivons actuellement en Côte d’Ivoire. Voilà pourquoi j’avais écrit dans mon livre en 1991(cf. Liberté Confisquée, le complot Franco-Africain. Ed. Biblieurope) que Gbagbo Laurent était Houphouët Boigny en miniature. Voilà comment à force de combattre Houphouët, son premier opposant a fini par récupérer tout ce qui a fait sa grandeur.

Pourquoi, Houphouët est-il présenté jusqu’aujourd’hui dans les médias français comme un bon président ?

C’était simplement l’adversaire que les colons ont gagné sur le terrain de la bataille. C’est lui qui encerclé par l’armée coloniale en 1950 et défendu par le peuple ivoirien, finira par être contacté pour venir à Paris.
Houphouët demandera à Raphaël Sallère (qu’il nommera ministre de l’économie de la Côte d’Ivoire libérée), de dire officiellement à l’assemblée nationale française qu’il se désengage de l’alliance avec le PCF. C’est donc Raphaël Salière qui enclencha la dynamique de négociation.

Cette dynamique de négociation aboutira à un pacte. Un document signé des propres mains d’Houphouët en présence de François Mitterrand. C’est un document dans lequel Houphouët dira qu’il prend l’engagement de ne plus menacer les intérêts français en Côte d’Ivoire. Mais vu l’ambiguïté de la conclusion des propos d’Houphouët, Mitterrand lui-même prendra le stylo pour rectifier la dernière phrase. Ce document est encore présent dans les archives du ministère des colonies devenu, ministère d’Outre-Mer.
Voilà comment avant de devenir ministre du gouvernement Guy Mollet en 1956, déjà, Houphouët parlait de la Françafrique en 1955 au congrès du RDA en Guinée Conakry.

Les faux complots d’Houphouët Boigny

Quand Houphouët devient premier ministre de la Côte d’Ivoire en 1959, commencèrent alors les faux complots.
Mais ce qu’on ne dit pas assez, est que de décembre 49 à juin 50, tous ceux qui se sont rebellés contre l’armée française, ont été emprisonnés. Je veux parler de Jean Baptiste Mockey, Koffi Gadeau, anne-Marie Raggie, Sery Koré...Ils seront oubliés en prison par leur chef de file. Il a fallu que leurs épouses, dirigées par Marie Koré, se mobilisent pour obtenir leur libération de la prison de Bassam.

A partir de 58-59, quant au congrès de la jeunesse du PDCI, Mockey, demande à ses camarades que les dirigeants du parti soient votés et non nommés par Houphouët, ce dernier fera l’objet d’un complot fétichiste. Le complot du chat noir. Mais en réalité, il fallait procéder à l’élimination de l’aile progressiste du parti.

Plus tard, Houphouët, profitera du coup d’Etat au Togo contre Sylvanus Olympio pour arrêter l’ensemble des militants RDA anti colonialistes en 1963. Après plus de trois ans passés derrière les barreaux, ils seront conduits au boxing club de Treichville (quartier d’Abidjan) où ils demanderont publiquement « pardon » à Houphouët.

La nouvelle Côte D’Ivoire sans Houphouët

Voici donc la Côte d’Ivoire pacifiée dans laquelle nous avons vécu jusqu’en 1993, date de la mort d’Houphouët.
Et quand M. Gbagbo prend le pouvoir en 2000, il sait très bien qu’il n’y a pas de démocratie en Côte d’Ivoire et que le pouvoir ne repose que sur le tribalisme. Or, selon les dernières estimations démographiques, on compte près de 3,8 millions de Baoulé sans compter le reste des « Akan » de la tribu d’Houphouët base électorale du PDCI de Bédié ; environ 2,5 millions du peuple du nord, fief du RDR et enfin près de 2 millions du peuple krou, à moitié favorable au président Gbagbo après la mort de Guei Robert de la même tribu.

Si nous allons donc aux élections, les populations étant beaucoup mues aux instincts tribaux, il est claire que le candidat élu proviendra du premier groupe. Dans ces conditions comment voulez—vous que monsieur Gbagbo aille aux élections dans un pays où la démocratie n’a pas encore pris racine pour permettre à tous les candidats d’être jugés au programme de société.

Gbagbo-Houphouët : Copie conforme

Gbagbo sachant alors qu’il n’a pas d’autres moyens pour briguer à nouveau la magistrature suprême du pays, va donc défier officiellement la France comme Houphouët à l’époque, pour signer un nouveau pacte.
Dans cette défiance, la France lui impose une rébellion par le biais des réseaux. Nous savons tous que le pauvre étudiant Soro Guillaume n’a pas les moyens pour s’acheter des armes. Nous savons que le pouvoir de Ouagadougou a été mis en place par la France en assassinat Thomas Sankara. Mais comment la France de Chirac s’est-elle piégée sur le dossier ivoirien ?

Qui aurait pensé à Paris que les hommes qui sont au pouvoir à Abidjan ne sont plus la vieille garde des indépendances africaines. Ils ont fait tous des études en europe. Ils sont docteurs, professeurs...Ils ont pour la plus part milité dans des organisations anti impérialistes. Ils sont Staliniens, Maoïstes, Trotskistes voire Léninistes. Ce sont des avisés du combat contre l’impérialisme. Et comme ils ont à affaire à des gens comme Alassane Ouattara et Konan Bédié qui en réalité n’ont jamais fait l’école du militantisme, il est simple de se jouer de ces derniers.

Mais ce qui est surprenant c’est qu’aucun journaliste français ou occidental n’a réfléchi sur les vraies causes des évènements du 6 au 9 novembre dernier en Côte d’Ivoire.
Je vous donne la démarche.

Dans un premier temps on a vu la Côte d’Ivoire officielle de Gbagbo mettre la France en accusation depuis le déclenchement de la crise en septembre 2002. La France voyant que malgré qu’elle se soit interposée, puis est allée chercher le mandat de l’ONU au lendemain des accords de Marcoussis, elle restait toujours dans le camp des pros Gbagbo comme ayant financé la rébellion. Voilà pourquoi, elle a fermé les yeux sur les interventions des avions ivoiriens vers le nord.

Mais en réalité comment s’est passée cette intervention ?
Une réunion a eu lieu la veille. Au cours de cette réunion, une décision a été prise. Les radios étrangères devraient être coupées avant les premières frappes, suivi de l’incendie des sièges des partis d’opposition pour empêcher de donner une version des évènements, saccager les journaux d’opposition pour ne pas qu’ils intoxiquent le peuple, prendre possession de la télévision nationale pour qu’elle soit au service du pouvoir.

On a donc muselé les médias de l’intérieur et on a coupé l’électricité et l’eau au nord pour isoler les populations et mieux, fragiliser les rebelles. C’est donc une technique qui a été réfléchie. Je suis étonné que les gens se demandent pourquoi les seules images que nous avons de ces récents évènements viennent de la télé ivoirienne. Mais c’est un régime qui travaille. C’est un pouvoir qui a compris qu’après la bataille aérienne, allait suivre celle des médias.

Aujourd’hui il est installé dans les locaux du palais présidentiel à Abidjan des centres de décryptage de tous les médias européens et africains évoquant la question ivoirienne. Nous ne sommes plus dans l’Afrique de l’époque. Certes certains pays africains continuent à fonctionner encore à l’état brut, mais la Côte d’Ivoire, a compris qu’il était possible de combattre l’étranger avec ses propres moyens.

Tout a été conceptualisé. Voilà pourquoi, après que Gbagbo ait galvanisé son entourage sur le rôle ambigu de la France, l’expédition du Nord a pris la responsabilité sur elle de frapper la position française. C’est par ce que les hommes de Gbagbo savaient qu’en frappant ces cantonnements, la France allait réagir. Mais à Abidjan l’on a pensé qu’à Paris, il y avait des gens qui réfléchissaient et qui pouvaient se retenir dans leur comportement pour éviter à la Côte d’Ivoire de les mettre dans un piège.

Gbagbo a atteint ses objectifs.

Malheureusement, au lendemain de ce bombardement, c’est la France officielle qui a réagi vigoureusement en détruisant les avions de Gbagbo et en se déployant dans les rues d’Abidjan. A travers cette réaction, elle s’est découverte en tant que force belligérante et colonialiste tirant sur des populations à mains nues. Gbagbo venait là d’atteindre ses objectifs. Objectifs qui étaient d’éliminer le débat avec la rébellion et une opposition qui était à l’extérieur.

Le clou fut enfoncé par Alassane Ouattara l’homme des gaffes qui applaudira la France lorsque le président Chirac annonce qu’il est parti en Côte d’Ivoire pour y apporter la liberté et l’état de droit. Dites-moi depuis quand, dans l’histoire des peuples, un Etat étranger vient apporter la liberté et l’état de droit à un autre Etat. On appelle cela de l’impérialisme ou du colonialisme.

Quand tu aimes ton pays, quel que soit le débat intérieur, lorsqu’il y a une intervention étrangère, tout le monde s’unit pour combattre cette invasion et après on discute sur la question de la démocratie interne. En Irak, personne n’aimait Sadam Hussein. Mais quand les Etats-Unis ont décidé d’envahir l’Irak, qu’ils soient sunnites ou chiites, tout le monde s’est uni pour combattre l’invasion américaine. C’est après cela que les Irakiens eux-mêmes chercheront certainement à mettre en place un gouvernement issu d’un vote populaire.

L’ivoirité, un bon vieux prétexte

L’on nous parle de l’ivoirité en Côte d’Ivoire. De quoi s’agit-il ?
C’est bien une conception de la bourgeoisie agraire du PDCI qui ne voulant pas perdre le pouvoir l’a utilisé comme bras extérieur de l’akanité (le concept clanique de l’époque du parti unique).

C’est un concept bien réfléchi, pensé et écrit par des intellectuels d’Abidjan constitués en cercle nommé, « le Curdiphe. Des écrits sur ce concept existent encore en bibliothèque. Je rappelle que ce concept a même été voté à l’assemblée nationale puis introduit dans les textes fondamentaux du pays (loi électorale de 94) ; qui disait clairement que pour être candidat à l’élection présidentielle il faut être de père et de mère ivoiriens, eux-même ivoiriens de naissance.

C’est donc un concept qui est pensé pour exclure la masse ouvrière étrangère qui jusque là formait le gros du travail en Côte d’Ivoire. Le tout pour brouiller les pistes de la révolte du peuple ivoirien pour ne pas aller au jugement de ceux qui avaient volé pendant le parti unique. Voilà le fond des débats politiques en Côte d’Ivoire.

Quelle doit être la nouvelle réflexion des intellectuels ?

La réflexion des intellectuels aujourd’hui doit être la suivante : Monsieur Gbagbo a défié la France. A Paris, le débat de l’ivoirité est éclipsé. Le débat de la rébellion est oublié, le seul débat aujourd’hui, c’est la guerre des images.

Les seules images que nous avons sont celles que monsieur Gbagbo et ses amis ont travaillées, montrant l’armée française tirant sur le peuple ivoirien. A cela, les intellectuels français ont une lourde responsabilité. Les médias français qui sont arrivés à Abidjan et encadrés par l’armée française ont une lourde responsabilité en ce sens que ce sont des médias indépendants.

Et en tant que médias issus d’un pays dit démocratique, ces médias adoptent aujourd’hui le profile bas. C’est à ce niveau que monsieur Gbagbo vient de démontrer qu’il est très avancé politiquement que tous leurs experts qu’ils (les Français) forment ici. Voilà comment le débat s’est déplacé. Et cela se passe face à un Gbagbo, minoritaire dans son pays, qui a donc chevauché le discours du colonialisme, du combat anti colonial afin de devenir l’interlocuteur de la puissance coloniale qu’est la France. quel pourra être l’issu de ce combat ?

L’Issue des débats

C’est là tout le sens donné par la comparaison d’un Gbagbo sur les traces d’un Houphouët.
Car, et c’est cela qui est aussi la vérité. Gbagbo, dans sa démonstration avec les jeunes « patriotes » veut montrer au pouvoir français que si lui, n’est pas président en Côte d’Ivoire, les intérêts français ne seront pas sauvegardés.Il l’a une fois dit dans le journal « le Monde », que s’il était écarté du pouvoir, la Côte d’Ivoire vivrait une guerre civile qui durera plus de dix ans. Voici en clair, la logique dans laquelle nous sommes dans ce nouveau bras de fer qui oppose désormais le pouvoir central ivoirien à la puissance colonisatrice.

A propos du retrait de la base militaire française, le double langage de Gbagbo.

Nous avons un président démocratiquement élu en Côte d’Ivoire en la personne de monsieur Laurent Gbagbo. Veut-il que l’armée française quitte la Côte d’Ivoire ? Alors qu’il signe un décret qu’il fera voter par l’assemblée nationale par la suite. Si dans les 24heures qui suivent, on constate que cette armée française résiste, alors je pense que le peuple ivoirien a le droit et le devoir de rentrer dans les maquis pour se battre contre cette armée y compris tuer un soldat français par jour.

Mais quand on demande à monsieur Gbagbo s’il souhaite que l’armée française évacue la Côte d’Ivoire, il répond que la question n’est pas à l’ordre du jour. Et en sous main on demande aux « patriotes » d’aller manifester contre la présence de l’armée française. Mais quel est le pouvoir de ces « patriotes » ? Ce ne sont que des éléments de la rue. Car seuls, ils ne peuvent arriver à bout de l’armée française à mains nues. A condition qu’ils soient eux-aussi armés, ce qui nous conduira à une guerre de libération.

A chacun son opinion

Voilà la logique de cette crise que je m’efforce à longueur de journées d’expliquer aux gens. Mais pendant que nous parlons de cela, des personnes sont encore accrochées aux problèmes d’individus. Au moment où on parle de la liberté de la Côte d’Ivoire, on nous parle de Gbagbo, au moment où on parle aux militants du RDR de la liberté et la sauvegarde du peuple de Côte d’Ivoire, eux parlent d’Alassane Ouattara.

Au moment où on dit aux partisans du PDCI que les dignitaires doivent être jugés pour les massacres pendant le parti unique, eux parlent de Bédié. Par ce que simplement nous avons en Afrique la fibre ethnique, religieuse et régionaliste. C’est cela que nous avons combattu depuis les années 80 et c’est de cette Côte d’Ivoire que nous voulons sortir.

Paris 12 décembre 2004.

Propos recueillis par Philippe KOUHON , journaliste
E-mail : pkouhon@hotmail.com

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