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Grève du SNAID : 48 heures sans recettes

Publié le vendredi 17 décembre 2004 à 07h10min

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Face au "silence méprisant" réservé aux préoccupations des travailleurs des impôts, le Syndicat national des agents des impôts et des domaines (SNAID) avait lancé un préavis de grève pour les 16 et 17 décembre 2004 (cf. Observateur paalga du vendredi 3 décembre).

Le 9 décembre, il a été reçu comme il le souhaitait par son ministre de tutelle qui, dit-on, n’a même pas examiné la plate-forme dite minimale. Conséquence, la grève a été maintenue et les services des impôts et des domaines ont tourné au ralenti hier et peut-être aujourd’hui aussi.

Les services des impôts et des domaines grouillent du monde en temps normale dès 7h 30. Mais la journée d’hier nous avons fait le constat contraire, à la Division fiscale Kadiogo I, à la Direction régionale des impôts du Centre, à la Division des grandes entreprises et à la Division fiscale Kadiogo III. Pour cette dernière division, nous nous y sommes rendu dès 7h 30.

Un agent que nous avons rencontré, qui n’est certainement pas un gréviste, nous a fait le reproche suivant : "Vous n’êtes pas un bon observateur, il aurait fallu venir après 8 heures, comme nous sommes au Burkina, et de conclure de façon lapidaire que "tout fonctionne ici". Comme pour nous corriger, nous nous sommes transformé en "bon observateur" pour observer jusqu’à 9 heures.

Au bureau d’attestation de situation fiscale où on délivre les certificats d’imposition et de non imposition, les déclarations d’existence, les fiches de décompte pour ne citer que ceux-là, c’est le receveur Jean Marie Ouédraogo qui se débattait pour faire assurer le service minimum. Une première dame sollicitée fouillait et refouillait les dossiers sans réussir à exécuter la tâche qui lui était confiée.

Le receveur fera appel à une deuxième dame. Si des usagers repartaient satisfaits, ce ne fut pas le cas d’autres dont : la fiche de décompte, la formule de déclaration de mutation de décès pour l’acquisition desquelles les deux dames se contentaient de dire avec résignation : "revenez le lundi". Pour le chef de la Division fiscale de Kadiogo III, Gilbert Palm, le service minimum est assuré par un redéploiement ponctuel du personnel.

Selon lui, au niveau du service d’assiette, sur 16 personnes, il y a 4 grévistes, pour le service des domaines, 9 sur 26 et pour le recouvrement 8 sur 16. A la Direction régionale des impôts du centre, nous avons pu contracter le premier responsable, Amadou Diallo, qui évalue le taux de suivi de la grève pour toutes les divisions (Kadiogo I, II, III, IV) à 60%. A Kadiogo I, la grève semble être plus suivie ; seule la caisse I TVA IUTS pantente, etc, était fonctionnelle.

La Division des grandes entreprises qui a à sa charge 500 grands contribuables a subi le même dysfonctionnement. Depuis 2004 cette division, selon son chef, Jean-Baptiste Yoni, a pour objectifs de sécuriser les recettes fiscales, d’améliorer la surveillance des obligations et le service des usagers avec l’alignement des procédures.

Pour monsieur Yoni, il est difficile de combler le vide laissé par les grévistes. Du côté de la Bourse du travail, le secrétaire général du SNAID, Moyenga D. François, entouré de ses camarades militants s’attelait à faire les décomptes : Ouaga 64%, Boulkiemdé 93,10 %, Boulgou 83,83 % Kouritenga 72,178 %, Yatenga 64% (Ça y est, avec ceux-là seulement, on a 90% du personnel), conclut-il avant d’ajouter à l’intention des autorités : "s’ils veulent la preuve de notre combativité, ils en ont eu".

Pour M. Moyenga, ces 48 heures sont un avertissement. Si rien n’est fait, la grève sera illimitée. S’il n’y avait pas grand monde dans les différents services c’est parce que la plupart des usagers sont informés par voie de presse de ce mouvement de grève. Le service minimum même s’il est assuré ne saurait combler le manque à gagner pour ces 48 heures ; c’est ce qui nous a fait dire qu’elles seraient sans recettes.

Abdou Karim Sawadogo
L’Observateur Paalga

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