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Afrique-Europe : Des tares communes

Publié le jeudi 16 décembre 2004 à 07h15min

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Les élections constituent des moments décisifs dans la vie de toute nation. C’est l’occasion privilégiée pour les populations d’exprimer leur choix en toute âme et conscience. L’avenir des Etats dépend donc en bonne partie de la crédibilité des élections.

Un scrutin mal organisé, empreint de fraudes, peut conduire à des contestations incontrôlables, susceptibles de faire basculer le pays dans de terribles zones de turbulences.

A l’évidence, le manque de transparence cloue au pilori les efforts nationaux en matière de développement. Jusque-là, l’Afrique a péché, en mettant notamment à nu, son incapacité à fonder des actes forts, à même de donner de la sève nourricière au processus démocratique. Certes, certains Etats font preuve de dynamisme et construisent au fil des années, un label dont devraient s’inspirer la majorité des pays africains. L’Occident, lui, dispose de conditions d’évolution favorables à la sauvegarde de l’intérêt supérieur de ses Etats. Mais en dessous de cette belle image, se cachent souvent des draps sales aux odeurs nauséabondes dans certains pays.

Ainsi, des tares jusqu’ici, apanage de l’Afrique, sont observables aussi en Europe. Trop de mensonges ont émaillé les relations entre le continent africain et l’Occident. A l’époque coloniale, les Noirs ont été considérés comme des citoyens de seconde zone, faisant ainsi passer les Blancs pour les maîtres de l’humanité. Et des conditions psychologiques et physiques particulières ont été mises en branle pour entretenir cet état de fait.

La défense acharnée de la qualité et de la supériorité de la race blanche, l’imposition du parti unique dans certains pays, la traite négrière et bien d’autres actes obscènes ont contribué à fonder l’injustice sociale, propulsant ainsi l’Afrique à la périphérie des grands enjeux mondiaux. Les crises sur le continent noir avaient sytématiquement, dans la vision occidentale, des fondements tribaux. Depuis plus d’une décennie, à la suite du drame yougoslave, on sait que l’Europe a aussi ses prob lèmes tribaux et ethniques.

Aujourd’hui, petit à petit, le label occidental s’effrite, mettant à nu des insuffisances cachées depuis plusieurs décennies. On a ainsi pu constater que les fraudes électorales ne sont pas le monopole de l’Afrique. Le cas de l’Ukraine est assez illustratif. Mais, fait remarquable, des voix se sont tout de suite élevées pour condamner la prise en otage de la transparence du scrutin, obligeant ainsi les organisateurs à revoir leur copie.

Certes, en Afrique, les contestations ne manquent pas pour dénoncer notamment les fraudes. Mais ceux qui s’évertuent à dénoncer les pratiques malsaines prêchent généralement dans le désert. Au Cameroun par exemple, le clergé est monté au créneau lors de la dernière élection présidentielle pour dénoncer des "irrégularités criardes".
Malheureusement, la cahorte des mécontents aboie, la caravane du pouvoir passe. Il importe donc que les acteurs politiques et sociaux soient plus actifs pour barrer la route à toutes sortes de dérives.

Sur ce point, l’Occident a le mérite de se plier à la volonté populaire. Le bel exemple a été donné en Géorgie où les manifestants ont exigé et obtenu la prise en compte de leurs préoccupations. De façon générale, les pays de l’Europe de l’Est ont connu des soubresauts populaires, signe que des couacs freinent l’élan du développement. Les manifestations publiques et pacifiques entreprises, permettent de rectifier le tir et d’entamer un nouvel élan de développement.

Mais en Afrique, les manifestations riment trop souvent avec cafouillage. Cela signifie, à l’évidence, que les canaux d’expression sont verrouillés par les pouvoirs en place. Et que les partis d’opposition et les organisations de la société civile ne sont pas exempts de tout reproche. Or, c’est bien connu, lorsque les contre-pouvoirs ne sont pas efficaces ou sont inexistants dans certains cas, dame dérive s’installe inéluctablement.

La situation est telle que certains partis ou ONG, du fait de leurs comportements antagonistes, contribuent à créer les conditions d’un pouvoir à vie. Surtout que déjà, dans la plupart des situations critiques, certains chefs d’Etat se liguent pour défendre les intérêts de ce que certains qualifient de "syndicat des gens d’en haut".

Mais les Africains ne doivent pas pour autant baisser les bras. L’Union africaine porte en elle les germes de l’espoir. A condition, bien sûr, de savoir gérer convenablement ses potentialités et de convertir, autant que possible, ses échecs en espoirs. Le président de la Commission de l’Union africaine, Alpha Omar Konaré, a donné le ton. Mais il faut bien qu’il bénéficie du soutien ferme et indéfectible des chefs d’Etat du continent. Là, réside le véritable problème.

"Le Pays"

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