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Médias : Le calvaire des Bobolais

Publié le jeudi 16 décembre 2004 à 07h12min

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Les quotidiens paraissant au Burkina sont, pour la plupart, acheminés par la route vers les différentes régions. Située à environ 365 km de la capitale, Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays, ne fait pas exception à la règle. Et comparativement à certaines localités comme le Bulkiemdé, le Yatenga ou le Kourittenga, elle subit encore plus les contraintes du temps du fait de son éloignement.

Il faut au minimum cinq heures de route pour que les différentes publications y arrivent dans les kiosques. Ce qui revient à dire que les lecteurs bobolais ne peuvent espérer feuilleter les canards du jour qu’à partir de douze heures. Et avec les incertitudes du voyage, les cars ont souvent accusé de longs retards, causant ainsi d’énormes préjudices aussi bien aux dépositaires qu’aux lecteurs, qui ne découvrent certains journaux qu’au lendemain de leur publication. Autant de désagréments qui ne sont pas de nature à favoriser la diffusion de la presse écrite à Bobo-Dioulasso.

Dans un monde en pleine mutation, marqué surtout par une véritable révolution des moyens de communication, les médias continuent de jouer pleinement leur rôle d’information, de sensibilisation et d’éducation des populations. Ils constituent de ce fait un maillon sûr et même incontournable des systèmes de communication, qui restent caractérisés en ce 21e siècle par les nouvelles technologies de l’information et de la communication.

En dépit de la diversification de ces nouveaux outils, la presse écrite continue de s’imposer dans le paysage médiatique de notre pays, où des journaux sont devenus à des lecteurs ce que la Bible est au chrétien ou le Coran au musulman.

Au Burkina, nul ne peut nier le rôle prépondérant que la presse écrite a joué et continue de jouer dans l’édification d’une société plus juste et plus équitable, et aussi pour l’instauration d’une véritable démocratie. Constamment sollicitée par les gouvernants, les institutions de la république, les organisations de la société civile, les syndicats, les structures associatives, etc., la presse écrite reste à tout point de vue un instrument dont l’efficacité dans la diffusion des messages n’est plus à démontrer.

Il s’avère alors nécessaire et même impérieux de la rendre accessible à l’ensemble de la population en tout temps et en tout lieu. Ce qui malheureusement est loin d’être le cas aujourd’hui avec ces perpétuels désagréments que vivent les lecteurs bobolais, relatifs aux fréquents retards ou à l’insuffisance des journaux qui sont mis en vente sur le marché.

L’indignation des abonnés

L’Observateur n° 6286 du jeudi 09 décembre 2004 n’a pas été aperçu dans les kiosques. Durant toute cette journée, les lecteurs n’ont cessé de faire des va-et- vient chez les revendeurs, qui, à leur tour, s’adressaient à l’agence du journal pour avoir des explications sur cette malheureuse situation. Le véhicule qui transportait l’édition de ce jeudi a en effet accusé un long retard suite à une panne survenue à Boromo.

Parti de Ouaga vers 06 heures, le car n’arrivera à Bobo qu’aux environs de 22 heures. Et ce n’est que le lendemain vendredi que l’édition de ce jeudi fut disponible dans les kiosques, soit 24 heures après. Tout comme L’Observateur, les autres quotidiens, "Le Pays" ou encore "Sidwaya" , qui font acheminer leurs journaux dans des conditions identiques, connaissent, eux aussi, le même problème, devenu récurrent.

Nous préférons souvent passer des journées entières à attendre les journaux à la gare, plutôt que de rester au bureau, afin d’éviter les complaintes de nos lecteurs, déclare Idrissa Tiendrébéogo du journal "Le Pays" ; et ce qui est frustrant pour lui, c’est que les responsables de la compagnie de transport ne sont pas toujours en mesure de leur donner la position exacte d’un car en retard.

C’est donc avec beaucoup d’amertume que certains dépositaires nous parlent des conséquences de ces retards, qui influent négativement sur leurs recettes journalières. « Nous avons de fidèles clients, qui achètent régulièrement les journaux, mais quand il y a du retard, on n’est plus certains de faire de bonnes affaires parce que las d’attendre, ces lecteurs finissent par se décourager et s’en vont pour ne revenir que le lendemain ; et cette fois pour s’intéresser uniquement au journal du jour.

Et avec ça, on n’arrive plus à vendre normalement l’édition de la veille, qui est arrivée en retard », nous a confié Alassane Nombré, dépositaire de Sidwaya. Outre ces lecteurs qui s’approvisionnent dans les kiosques, il y a aussi les abonnés qui sont directement servis à partir des représentations des différentes publications.

A tarif égal, traitement égal

A l’agence de l’Observateur par exemple, cette journée du jeudi 09 décembre, comme tant d’autres de par le passé, a été un véritable calvaire pour certains abonnés, qui, après plusieurs heures d’attente, ne cessaient de manifester leur colère et leur indignation.

Tout en nous excusant pour ces désagréments, on a essayé de leur faire comprendre que cette situation était indépendante de notre volonté, explique Evariste Dayamba du service commercial de l’Observateur. Souscrire et ne pas disposer de son journal à temps constituent, au dire de certains lecteurs, un problème sérieux, que les directeurs de publication se doivent de résoudre au plus vite afin, ajoutent-ils, de remédier à ce traitement inégal entre les abonnés de la capitale et ceux des autres localités.

« Nous sommes tous soumis au même tarif d’abonnement, mais on a l’impression que les différents journaux ont choisi de privilégier les populations de la capitale et ses environs. A tarif égal, traitement égal », affirme ce lecteur, qui souhaiterait lire ses journaux en même temps que ceux de Ouagadougou.

Un sentiment somme toute légitime, mais qui ne tient pas compte de certaines réalités ; car pour Evariste Dayamba, l’une des alternatives à ces retards intempestifs serait par exemple d’assurer le transport des journaux par avion comme c’était le cas il y a quelques années.

Mais avec seulement deux vols matinaux par semaine entre Ouaga et Bobo, Air Burkina était encore loin de résoudre définitivement le problème ; même que le partenariat entre cette compagnie aérienne et les journaux a été rompu depuis sa privatisation.

La route reste alors pour l’instant la seule solution possible pour l’acheminement des journaux vers Bobo, où se pose un autre problème et pas des moindres à savoir, l’insuffisance numérique de certains titres dans les kiosques.

Augmenter les dotations

Hormis les abonnés qui ont choisi de souscrire directement au journal, il n’est pas toujours aisé pour le lecteur bobolais de disposer de son canard. Dans les kiosques comme à la représentation des différents journaux, on est souvent obligé de batailler ferme pour avoir son exemplaire.

C’est surtout dû à cette autre forme d’abonnement parallèle qui s’opère entre les revendeurs et des lecteurs et qui fait que les journaux sont souvent distribués sous le manteau. De quoi alors irriter les autres clients, obligés qu’ils sont de regagner leur domicile ou leur bureau, sans leur journal. Dans ces conditions, pourquoi ne pas augmenter la dotation comme le souhaitent de nombreux clients ?

Nous y pensons, affirme Evariste Dayamba, pour qui même si le taux d’invendus est en baisse constante au niveau de l’Observateur comme chez d’autres confrères, il n’en demeure pas moins qu’il reste encore beaucoup à faire pour intéresser davantage le plus grand nombre de Bobolais à la lecture des journaux afin d’augmenter sensiblement les taux de vente.

C’est peut-être à ce prix que les directeurs de publication des différents quotidiens accepteront de consentir des sacrifices pour trouver des solutions à ces problèmes de retard et d’insuffisance, qui minent considérablement la diffusion de la presse écrite à Bobo-Dioulasso et dans sa région.

Dans tout les cas, les journaux font désormais partie du quotidien de bon nombre de Bobolais et il appartient aux responsables des canards de prendre les dispositions qui s’imposent pour rendre les différents quotidiens accessibles au plus grand nombre et en temps opportun.

Jonas Appolinaire Kaboré
L’Observateur Paalga

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