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Assassinat de Norbert Zongo : Une soirée avec Geneviève et ses enfants

Publié le lundi 13 décembre 2004 à 07h35min

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13 décembre 1998 - 13 décembre 2004 ; voilà 6 ans, jour pour jour que notre confère Norbert Zongo a été assassiné. En ce 6e anniversaire, nombre de gens s’interrogent sur ce que deviennent ses ayants droit. La veuve Zongo, que nous avons rencontrée le 11 décembre 2004 à son domicile de Wemtenga, nous en parle.

11 décembre 2004, jour du 44e anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance, au moment où le président Compaoré décorait des citoyens pour services rendus à la nation, nous étions les hôtes de la veuve Geneviève Zongo, à son domicile. A notre arrivée, c’est le benjamin des trois fils de Norbert, un garçon très éveillé qui nous a accueilli à l’entrée de la cour et a annoncé à sa mère notre présence. La mine sereine, après nous avoir souhaité la bienvenue, elle s’enquit de l’objet de notre visite.

Avec ce sourire discret qu’on lui connaît, veuve Zongo, avant de se prêter à nos questions, nous dira qu’elle est parfois déboussolée à la lecture de certains articles de la presse nationale sur sa personne. « Je suis parfois l’objet d’attaques dans certains journaux. Et je me demande souvent à quelles fins. Peut-être pour me dénigrer sans raison ou pour se faire des sous. Que leur ai-je fait ?

Comment vous pouvez imaginer que des gens soient aussi méchants à l’encontre d’une femme qui pleure la disparition de son mari. Comment pouvez-vous comprendre qu’un Germain Nama, hier ami de Norbert Zongo, profère des menaces contre moi ? ». Après avoir écouté ces propos émouvants de la veuve, notre première préoccupation a porté sur sa situation professionnelle. Comme on le sait, veuve Zongo exerçait comme secrétaire de direction à SITARAIL, société qui éprouve, depuis le début de la crise ivoirienne, d’énormes difficultés pour satisfaire ses employés.

Ainsi que tant d’autres de ses collègues, son contrat de travail a été suspendu. C’est dire qu’à l’instar de tout salarié se trouvant dans cette situation, les temps sont durs pour elle. Pour joindre les deux bouts, Geneviève a ouvert un secrétariat public (dénommé "Constant", sis à Dassasgho, Cité de l’Avenir) ; elle vend également du gaz domestique et des produits Aloès. Des activités dans lesquelles, à ses dires, elle s’épanouit. Elle est confiante et affirme que tant qu’elle sera en bonne santé, elle se débrouillera avec ses dix doigts pour assurer la pitance quotidienne de ses enfants.

Et le ranch ?

Sur cette question, Veuve Geneviève Zongo est restée silencieuse un moment avant de nous répondre que c’est la famille qui le gère. Mais ne tire-t-elle aucun revenu de cet héritage de son mari ? lui avons-nous demandé. « Les informations que je vous ai données sont suffisantes », s’est-elle contentée de nous rétorquer.

Que deviennent les enfants ?

Guy Bonaventure, l’aîné (24 ans), est actuellement en première année de droit à l’université de Ouagadougou ; Arnold, le cadet (15 ans) en classe de 3e, et le benjamin, Constant (7 ans), en cours préparatoire deuxième année. Leur scolarité, nous a-t-elle dit, est prise en charge par le journal L’Indépendant.

« Qui a tué mon père et pourquoi ? »

Le 13 décembre 1998, date de l’assassinat de Norbert Zongo, son benjamin avait un an. Aujourd’hui, il a sept ans et naturellement, comme tout enfant, l’absence de son père pèse sur lui. Lui arrive-t-il de vous réclamer son papa ? Avons-nous demandé à sa mère. Après un profond soupir, elle nous a confié : « Depuis l’âge de 3 ans, les questions relatives à son père sont très fréquentes. J’avoue qu’il m’est impossible de répondre à toutes ses interrogations. Je choisis donc parfois de me taire puisque moi-même je n’ai pas les réponses. La dernière énigme qu’il m’a posée était de savoir qui a tué son père et pourquoi. Je me suis contentée de le consoler, en lui demandant de garder patience et qu’il le saurait plus tard ». Veuve Zongo ne perd pas espoir que la lumière sera faite un jour sur l’assassinat de son mari.

Avec la volonté de Dieu, dit-t-elle, drapée dans une robe aux motifs religieux sur la naissance de Jésus, rien ne peut empêcher la lumière de jaillir un jour sur le dossier. A tous ceux qui sont mobilisés pour que justice soit rendue à Norbert Zongo, elle dit merci et les encourage à ne pas désarmer. Comment se prépare le 6e anniversaire de l’assassinat de Norbert Zongo par ses ayants droit ? Comme les anniversaires passés : une veillée de prières dans la grande famille et une messe de requiem, qui ont eu lieu hier, veille du 13-Décembre, à Koudougou et au Scolasticat, et aujourd’hui une messe de requiem au collège de la Salle à partir de 18 heures 30 minutes.

Hamidou Ouédraogo
L’Observateur Paalga

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