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Sidi Sanogo, maire de l’arrondissement de Dafra : « Il ne peut y avoir un meilleur avenir que dans la cohésion, la compréhension et les concessions »

Publié le vendredi 2 novembre 2012 à 03h20min

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Sidi Sanogo, maire de l’arrondissement de Dafra :  « Il ne peut y avoir un meilleur avenir que dans la cohésion, la compréhension et les concessions »

A la veille de la fin du mandat des conseils municipaux, les regards sont plus fixés sur les successions et autres bilans. Même si nombre de maires n’aiment pas s’adonner à leur propre bilan, d’autres ne vont pas du dos de la cueillère pour faire le diagnostic de ce qui ont été les forces et les insuffisances de leur passage à la tête de leur conseil. A Bobo-Dioulasso, dans la capitale économique, le maire de l’arrondissement de Dafra, Sidi Sanogo, entre deux activités, fait le tour d’horizon en répondant aux différentes questions que nous avons bien voulu lui poser. Entretien…

Le Progrès (L.P) : Monsieur le maire, en fin de mandat, s’il vous était demandé de faire en quelques mots essentiels un bilan de votre gestion ?

Sidi SANOGO (S.S) : En la matière, on ne peut pas être exhaustif. Mais ce qu’on peut retenir d’abord, c’est que notre conseil municipal a travaillé dans la collégialité avec de grandes ambitions. Mais il faut reconnaître que les moyens financiers, liés à la modestie de notre budget communal, ne nous ont pas permis de réaliser tous ceux que nous envisagions. Il s’agit, par exemple de l’assainissement dont les réalisations ne nous ont pas permis d’atteindre nos objectifs. Indépendamment de cela, nous croyons avoir été à l’écoute des populations de l’arrondissement. Nous avons toujours été à leurs côtés pour essayer de les orienter, les guider et les conseiller. Ce qui participe de l’esprit de la décentralisation et de l’implication des populations elles-mêmes à la gestion et au développement. C’est pourquoi avons-nous mis l’accent sur la sensibilisation afin qu’au niveau de la base, l’on comprenne qu’il ne faut pas tout attendre de l’Etat. Il faut qu’elles soient invitées à la participation aux activités et aux différentes contributions…

L.P : Certains estiment que votre gestion n’a pas donné satisfaction, surtout à Sarfalao….

S.S : Je suis à l’aise quand on me pose une question relative au foncier. Ceux qui le disent, ces détracteurs, sont en réalité des adversaires politiques qui se sont révélés au grand jour. A travers tout ce qu’ils ont fait, à travers tout ce qu’ils ont posé comme actes, nous avons compris. Si je prends le cas de Sarfalao, durant le temps de la suspension, aucune parcelle n’a été distribuée. C’est vrai, il y a eu un bornage, il y a eu un lotissement, mais aucune parcelle n’a fait l’objet d’attribution. Où est donc le problème ? C’est de la délation.

En ce qui concerne les autres secteurs, il y a une grande sensibilisation à faire. C’est pourquoi je me réjouis de la décision de l’Etat selon laquelle il n’y aura plus de recensement dans les zones non-loties. Parce que c’est là le nœud du problème. Les gens s’installent dans les non-lotis avec la bénédiction de certaines catégories de personnes et se font un droit légitime. Non ! Aucune autre personne venant d’ailleurs ne doit bénéficier de propriété dans la zone de personnes illégalement installées. Le faire aussi, c’est tourner le dos à toute la législation foncière au Burkina Faso. Il y a des critères d’attribution fixés par la commission d’attribution afin de satisfaire le maximum, voire la totalité de ceux qui remplissent ces critères. Maintenant, venir nuitamment, parce qu’il y a le recensement qui est en train de se passer, construire rapidement une maison, l’arroser pour qu’elle donne l’apparence d’un vieux bâtiment n’est rien d’autre que la spéculation.

Ce sont des personnes qui habitent ailleurs et veulent profiter des lotissements parce qu’elles ont des moyens. Si quelqu’un peut se construire un bâtiment en trois jours, c’est qu’il a les moyens. Sinon, nous autres, nous ne pouvons pas ériger un bâtiment en trois jours, le couvrir et aller trouver de l’eau pour l’asperger pour lui donner l’allure d’une construction qui date. Dans ce milieu, il faut être prêt à faire face à ces spéculateurs qui agissent souvent avec la bénédiction de nos adversaires.

L.P : Quelle est la plus grande difficulté que vous avez traversée ?

S.S : Je ne dirai pas que j’ai eu des difficultés insurmontables, mais lorsque je sens des situations et que j’instaure un dialogue, je sens que, dans la plupart des cas, les gens arrivent à nous comprendre au niveau du conseil.

L.P : Qu’est-ce qui vous tenait réellement à cœur que vous n’avez pas pu réaliser ?

S.S : Les réseaux de drainage des eaux pluviales qui dégradent les voies et qui sont vraiment sources d’accidents et d’insécurité.
C’est vrai que nous avons pu éclairer certaines voies, mais les voies où il n’y a pas de réseau de drainage, malgré l’éclairage donne un goût d’inachevé. Nous avons été soutenus par le Fonds permanent du développement des collectivités pour la réalisation de certains réseaux de drainage, mais ce n’est que le cinquième de ce que nous avons voulu. Il faut dire que ce côté, nous n’avons pas atteint nos objectifs.

L.P : Quelle a été votre grande satisfaction durant votre mandat ?

S.S : La cohésion au sein du conseil. J’ai trouvé des conseillers prêts à soutenir nos actions. Cela nous a permis de ne pas disperser nos forces et d’atteindre certains objectifs qu’on s’est fixés.
C’est un très beau souvenir et même si je ne suis pas reconduit, je sais que j’ai fait un bon mandat dans la cohésion avec les conseillers et j’en suis fier.

L.P : Quelle était la coloration de votre conseil municipal ?

S.S : La majorité des conseillers étaient du CDP. Un (1) était de l’UNDD, mais il nous a rejoint. Il y avait également trois (3) de l’ADF/RDA dont un (1) nous a rejoint. Il y avait donc en réalité une homogénéité.

L.P : Les élections sont là, et une faune politique bien fournie avec l’arrivée de nouveaux partis politiques qui s’ajoutent à l’existant. Quel est l’avenir de votre parti, le CDP, dans le Houet ?

S.S : L’avenir du CDP dans le Houet dépend de tous les acteurs. Pas seulement de notre arrondissement. Il ne peut y avoir un meilleur avenir que dans la cohésion, dans la compréhension et dans les concessions. Tant qu’un acteur politique ne ‘’bombe pas’’ la poitrine pour dire que tout doit être fait par lui et passé par lui, tant qu’il écoute ses camarades dans la concertation, nous pouvons vous assurer d’un avenir meilleur pour le parti.

L.P : Vous avez été reconduit responsable de votre parti dans votre arrondissement, quel sens donnez-vous à votre engagement en ces moments à grands enjeux ?

S.S : Nous avons toujours été membre de ce parti. Nos premiers responsables nous ont fait confiance, nous avons toujours lutté pour accomplir toutes les missions que le parti nous a confiées. Ce qui est reconnu par ceux qui sont de la province du Houet. L’engagement de l’arrondissement de Dafra, notre sous-section, si vous regardez les résultats aux élections de 2006, dans la province du Houet à l’élection présidentielle de 2010, vous constaterez que l’arrondissement de Dafra, le 5ème arrondissement, n’est pas derrière. Il suffit de voir les mobilisations, de comparer les chiffres et vous verrez que nous tenons la tête dans le cadre de la mobilisation pour les élections. Ce qui nous a valu le titre d’être comme les professionnels de la mobilisation. Chaque fois qu’il y a une organisation de mobilisation, cela a été confié à l’arrondissement de Dafra. Nous ne pouvons avoir d’autres ambitions que toujours évoluer dans le cadre du respect des principes du parti et dans la confiance que nous ont placée nos responsables au niveau du Secrétariat exécutif national et de la section provinciale. Ce qui nous donne encore plus de courage pour avancer.

L.P : La période électorale rime en général avec des tensions… Quel appel avez-vous à l’endroit de vos militants ?

S.S : L’appel est surtout celui à la cohésion. Accepter les uns, s’accepter, et s’accorder sur le minimum. Parce qu’il y a toujours un minimum sur lequel il faut s’accorder. Avec la cohésion, nous sortirons encore gagnant au soir du 2 décembre 2012. A tous ceux qui nous ont soutenu durant notre mandat, nous leur disons, merci. Et nous sollicitions toujours leur appui afin de réussir ce que nous n’avons pas pu faire…

L.P : A quelques semaines de la fin de votre mandat. Qu’est-ce que vous tenez à dire à vos mandataires que sont les populations de votre arrondissement ?

S.S : Ce ne peut être que des mots de remerciements pour cette population qui nous a fait confiance, qui a beaucoup attendu de nous. Nous avons fait ce que nous pouvons faire et, en fonction du budget que nous avions. Mais nous avons eu le soutien des jeunes, des femmes et des personnes âgées et nous ne pouvons que leur témoigner nos reconnaissances pour ce soutien qui nous a permis de réussir notre mandat. Si Dieu le veut et que le parti décide que nous revenions, nous allons toujours continuer à compter sur leur soutien.

Entretien réalisé par

Oumar OUEDRAOGO & Jonathan YAMEOGO et transcrit par Kader PALENFO (palenfokader@yahoo.fr)

Le Progrès

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