« C’est un canular qui n’est pas le premier et qui n’est peut-être pas le dernier », a-t-il soutenu sur RFI. Puis de dire « Ce qui est surprenant, ce n’est pas le fait qu’on m’accuse pour une énième tentative de coup contre Yayi Boni. C’est le caractère ultra-grotesque de ce scénario ». En faisant sienne, la philosophie qui dit que la meilleure façon de se défendre est de contre-attaquer, le roi de l’or blanc, a déclaré : « Tous ceux qui connaissent le président savent qu’il peut utiliser n’importe quoi pour arriver à ses fins.

C’est triste. Je ne vais pas dire plus… » Comme si cela ne suffisait pas, il cite Yayi Boni, qui aurait promis de le faire ravaler sa propension à chevaucher en toute indépendance : « Patrice, tu sais, tu cours un risque en résistant, parce que je suis, après tout, le président de la République du Benin. Le président a beau être ton père, ton frère, ton fils, il faut savoir qu’un chef d’Etat peut être dangereux pour toi. Révise ta position ».

De quelle position s’agit-il ? A en croire Patrice Talon, c’est son refus d’accompagner le président dans son projet politique de révision de la Constitution en vue de briguer un troisième mandat. Avec ce langage qui charrie une certaine forme d’acrimonie, M. Talon, qui se gausse d’avoir généreusement ouvert les lacets de son porte-monnaie à Yayi Boni, veut le faire descendre bien bas dans l’estime de ses concitoyens. Même s’il il n’y a que ceux qui veulent croire au magnat du coton qui le croiront, il faut avouer qu’ils en sont tout de même nombreux. Et ils se comptent par milliers dans les rangs de l’opposition qui n’hésiteraient pas à avancer que le chef de l’Etat agit sans se sourciller des lendemains. L’homme d’affaires le dit si bien et son argumentation ne va pas tarder à faire mouche. « …Dieu fasse que le président retrouve ses esprits et qu’il sache qu’après le pouvoir, la vie continue ».

Ce n’est ni plus ni moins qu’une mise en garde à peine voilée au président de la République. On ne peut pas ne pas accorder d’importance au propos de ce géant qui a survécu aux différents régimes qui se sont succédé à la tête du pays, puisqu’il avance qu’il est coutumier des périodes de creux. C’est à croire qu’avec ou sans Yayi Boni, les nuages qui se sont amoncelés sur sa tête vont se disperser.

Le problème, c’est que cette fois, des supposés complices reconnaissent les faits. Et l’homme d’affaire ne nie pas qu’il a rencontré les trois personnes écrouées à la prison de Cotonou alors que le chef de l’Etat était en visite à Bruxelles, le 17 octobre 2012. Il déclare : « Le nombre de personnes qui sont venues me voir sont au-delà de celles qu’on a citées. Ils le savent très bien. »

Que se sont-ils bien dit ? Mystère complet. Ce qui est pour le moins sûr, c’est qu’à la présidence de la République, l’esprit ne tourne plus à l’aise sur ses charnières. Dans ce climat de suspicion emphatique, il faut dire que le chef de l’exécutif ne tardera pas à réorganiser, de fond en comble, l’architecture de l’appareil de commandement. Ainsi, on pourrait assister à un remue-ménage au niveau du personnel. Le tout étant de s’attacher les services des agents serviables et dévoués. Pendant ce temps, il est inutile de souligner que le flamboyant homme d’affaires, ne se ferait pas prier pour vivre loin de son pays.

De même, il ne s’aventurerait pas dans des Etats qui entretiennent des relations poussées avec le président Thomas Yayi Boni. Il devrait en être ainsi tant que Yayi Boni sera aux affaires. Le pis, c’est que des ouailles du président pourraient entreprendre des actions en vue de geler les fonds du multimilliardaire aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur. A ce jeu-là, ne donnerait-on pas raison à ceux qui prétendent qu’il s’agit d’un complot ?

Adama BAYALA ( badam1021@yahoo.fr)

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