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Karim Guira, maire de Boromo : « Je ne me retire ni de Boromo, ni du CDP »

Publié le dimanche 21 octobre 2012 à 23h23min

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Karim Guira, maire de Boromo : « Je ne me retire ni de Boromo, ni du CDP »

Ingénieur de formation à la retraite, Karim Guira est maire de la commune urbaine de Boromo depuis 2000. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, il dresse le bilan de 12 ans d’activités de la mairie, ses attentes, ainsi que son avenir politique.

Sidwaya (S.) : A quelques mois de la fin de votre mandat, quel bilan fêtes-vous des 12 années passées à la tête de la mairie de Boromo ?

Karim Guira (K. G.) : Quand je prenais la tête de la mairie de Boromo en 2000, on était en déficit de quelques milliers de F CFA. A l’époque, j’avais demandé à l’Etat d’éponger cette dette pour que je puisse partir de zéro. Mais je n’ai pas eu gain de cause. Aujourd’hui, c’est-à-dire douze ans plus tard, la commune de Boromo a un budget d’environ 200 millions de F CFA. Un bon terrible a été fait. Et je remercie l’ensemble des conseils municipaux de 2000 à 2012 pour m’avoir épaulé à atteindre ces résultats. Beaucoup de réalisations ont été faites dans le domaine de la santé, de l’éducation, du social, l’approvisionnement en eau, d’électrification et le service administratif.

Aujourd’hui, nous pouvons être fiers de savoir qu’à Boromo, nous avons tous les services techniques. Nous ne partons plus à Dédougou, Ouagadougou ou Bobo-Dioulasso, pour établir des documents. Tout est désormais fait sur place. Nous pouvons aussi être fiers que dans la commune de Boromo, grâce à l’appui des ONG, nous ayons pu installer dans les huit villages de la commune, au moins, des forages à grand diamètre, des toilettes, des écoles…

L’auto-gare a été construite à 200 millions de F CFA sur financement de la République fédérale d’Allemagne. Elle est une référence au plan national. Elle est tellement achalandée à nos jours que grâce à elle, les habitants de Boromo s’en sortent avec leurs petits commerces. Il y a des gens qui me disent, qu’à Boromo, à peine on descend du car, qu’on est assailli par les vendeuses. J’ai répondu en riant : « Mais ce sont des commerçants ! ».

A cela, il faut ajouter les multiples actions posées en faveur des femmes : des moulins à grains grâce à la coopération décentralisée. Beaucoup de coopérants ont travaillé avec nous, la communauté des communes de la Bretagne, des jeunes de l’Alsace qui, chaque année, viennent avec des panneaux solaires pour dépanner des écoles. De même, grâce à la coopération décentralisée, des jeunes de Boromo vont chaque année en Europe dans le cadre de la musique. Tout cela constitue une fierté pour moi ainsi que tous ceux qui m’ont accompagné.

S. : A vous entendre, la santé a occupé une place de choix dans vos activités…

K. G. : En prenant la mairie, nous avions un certain nombre d’objectifs. Il s’agissait de la santé, l’éducation et le développement. La réhabilitation du CSPS de Boromo était primordiale. Le CMA étant souvent saturé, il fallait envoyer certains malades là-bas. En plus, il y a des amis marseillais qui viennent ici deux à trois fois par an pour les opérations de fistules. Quant ils sont là, vous verrez des malades couchés par terre. Nous avons donc décidé d’agrandir le CSPS pour permettre une prise en charge beaucoup plus appropriée des malades et rendre service à la population.

La mairie a donc dépensé près de 18 millions de FCFA pour la réhabilitions du CSPS de Boromo et la construction de logements pour les infirmiers et environ 12 millions de FCFA pour l’érection d’une salle d’hospitalisation. Nous avons construit un autre CSPS hors de Boromo, à Koho, à 25 km de la ville et qui a coûté 28 millions de F CFA à la mairie. Il est vrai que nous pouvons faire plus. J’ai fait 12 ans et ce n’est ni 12 semaines, ni 12 mois. Mais vu le travail abattu, vous pouvez le constater vous-même, le bilan est positif. Je souhaite beaucoup de courage à la nouvelle équipe.

S. : Cela veut-il dire que vous n’êtes pas candidat à votre propre succession ?

K.G : Je ne serai plus candidat. J’ai annoncé, il y a à peu près six mois, que je souhaiterais me retirer pour permettre à d’autres personnes de jouer leur partition. Car en général, lorsqu’on est toujours au même endroit pendant longtemps, les gens font des jugements qui ne tiennent pas debout. Seuls ceux de l’extérieur voient l’évolution des choses, pas les autochtones. Mais je ne me retire ni de Boromo, ni du CDP. C’est pour permettre simplement à d’autres d’ajouter leur pierre à la construction de Boromo.

S. : Quelles sont, selon vous, les défis qui attendent la nouvelle équipe en 2013 ?

K. G. : Je souhaiterais que la prochaine équipe mette l’accent sur un certain nombre de secteurs. J’ai effectué de nombreux déplacements en Europe pour plaider la construction d’un lycée technique. Pourquoi un lycée technique ? C’est pour le simple fait qu’à l’heure actuelle, il faut savoir compter sur ses dix doigts. Un technicien, avec une certaine volonté, ne peut pas rester en chômage.

Les autorités de la Bretagne m’ont compris et ils ont pris contact avec les autorités administratives qui ont donné leur accord de principe. Je souhaiterais que ce lycée puisse être érigé dans l’intérêt de la commune de Boromo. Toujours dans le domaine de l’éducation, j’ai toujours plaidé aussi pour l’obtention d’un lycée communal. Grâce à nos efforts, nous avons présentement un fonds de 27 millions de F CFA. Ce n’est pas grand-chose, mais cela nous permettra quand même de débuter la construction du lycée. Ce projet est très important car, le lycée provincial de Boromo qui est là présentement, n’arrive pas à absorber tous les élèves, malgré les établissements privés existants. En plus, Boromo est un endroit où il pleut beaucoup.

Nous avons entrepris des démarches pour la création d’une usine d’égrenage. La quantité de production de coton a évolué et ce sera une bonne chose, si nous pouvons transformer un peu notre coton et le mettre en valeur pour permettre aux jeunes d’avoir de l’emploi. Je souhaite de tout cœur que cette usine voit le jour. Enfin, je souhaiterai que les habitants de Boromo comprennent que sans efforts, on ne peut pas avancer. Il faut que chacun fasse violence sur soi-même et sache que personne ne viendra développer notre ville. J’ai tourné pendant 40 ans, dans le cadre de mes activités professionnelles, avant de devenir maire ici en 2000. Je souhaite que l’équipe qui va nous remplacer, puisse avoir du dynamisme, l’ouverture d’esprit et s’appuyer sur la coopération décentralisée. Car aucune commune ne peut se suffire à elle-même. Il y a, c’est vrai, l’effort de l’Etat, mais il est minime.

Il faut que nous nous battions pour avoir d’autres ressources. La coopération décentralisée doit se poursuivre, car elle permet à la population d’avoir une ouverture sur le monde. Et à la commune de Boromo de bénéficier des investissements pour lui permettre d’évoluer. Nous le faisons déjà assez bien à Boromo. C’est ce qui fait d’ailleurs que nous fermons les yeux sur le paiement de certaines taxes. Mais ça ne doit pas continuer. Il faut que le conseil sensibilise les gens pour qu’ils payent leurs taxes. Cela nous permet d’investir et aller de l’avant au profit de tous. C’est pareil pour les permis de port d’armes (fusils). J’en ai signé beaucoup, mais il y a très peu de personnes qui paient les droits.

Propos recueillis par Sié Simplice HIEN

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 22 octobre 2012 à 16:19 En réponse à : Karim Guira, maire de Boromo : « Je ne me retire ni de Boromo, ni du CDP »

    Bonjour M le maire,
    Vous avez un bilan plus que respectable. Merci pour ce que vous avez fait dans ’intérêt des populations. Vous avez aussi montré que vous avez une hauteur de vue au dessus des "mangeurs" en décidant de vous retirer pour laisser d’autres personnes apporter leur expérience, bonne ou non. Les populations apprécieront. Vous n’en sortez que grandi.
    Tous mes respects.
    Un anonyme

  • Le 22 octobre 2012 à 19:36, par azerty En réponse à : Karim Guira, maire de Boromo : « Je ne me retire ni de Boromo, ni du CDP »

    Bravo À vous. Pour un bilan aussi brillant qu’ il en paraîtrait presqu’ incroyable.nous avons tellement l habitude de diriereants du cdp qui ont pour seul mérite de savoir s en mettre plein les poches et encore

  • Le 22 octobre 2012 à 19:36, par Decisionel En réponse à : Karim Guira, maire de Boromo : « Je ne me retire ni de Boromo, ni du CDP »

    « Je ne me retire ni de Boromo, ni du CDP »
    « Je ne serai plus candidat. J’ai annoncé, il y a à peu près six mois, que je souhaiterais me retirer pour permettre à d’autres personnes de jouer leur partition »

    Faut savoir ce que tu veux mon cher maire

    • Le 29 octobre 2012 à 16:48, par Tintin En réponse à : Karim Guira, maire de Boromo : « Je ne me retire ni de Boromo, ni du CDP »

      Cela me semble clair.
      Il laisse la place, mais n’a aucune raison de s’exiler ou d’abandonner la politique. Il me paraît fort sage, votre Maire.
      Un breton de Rance Frémur

      • Le 15 novembre 2012 à 13:57, par Bonisseur En réponse à : Karim Guira, maire de Boromo : « Je ne me retire ni de Boromo, ni du CDP »

        Clair, peut-être ; mais pas pour les raisons évoquées. Et puis pourquoi parler de se retirer à moins que l’on se reproche quelque chose. Vous êtes tout de même natif de Boromo où les restes de vos geniteurs reposent, et où la famille n’a jamais douté que vous lui reviendrez au terme de votre mandat.. Maintenant il vous sera loisible de mesurer le travail accompli en toute objectivité sans les jugements non fondés des autres.

  • Le 29 octobre 2012 à 13:59, par Alexio En réponse à : Karim Guira, maire de Boromo : « Je ne me retire ni de Boromo, ni du CDP »

    J ai ma souche plus ou moins de Boromo et une maratre fillette du roi.Jeg mentionnes que le monsieur le Maire reconnait qu il pleut beaucoup a Boromo.Quelle politique de l eau,pour la recuperation,la maitrise de cette manne du ciel ?Je vous felicite davoir opte pour les branches techniques a cette ere numerique.Les pays asiatiques ont pu etre emmergent grace ,en passant,en integrant les branches techniques et le resultat er palpant.Quand aux commercant ambulants et autres une organisation de ce sectorielle doit etre instaurer.

  • Le 2 décembre 2012 à 11:20, par Ivan Illich En réponse à : Karim Guira, maire de Boromo : « Je ne me retire ni de Boromo, ni du CDP »

    Merci bien mon cher maire qui passé 12 ans .Il faut noter que le maire a de bonnes idées peut etre.Mais il n a pas fait grand chose a Boromo. Le regrette t-il au soir de sa vie politique ? Et les lotissements monsieur le maire, parlons en ? C est une page triste et sombre de vos 2 mandats . Je vous donne comme note 5/10. Cest pas arrivé mon sieur Guira. Laisser la place.

  • Le 4 décembre 2012 à 15:37, par FOUSSEINI En réponse à : Karim Guira, maire de Boromo : « Je ne me retire ni de Boromo, ni du CDP »

    En lisant votre bilan,je ne peux que vous feliciter pour le travail fait,effectivement,certaines réalisations:ecoles,gare routière,forages grace à vos relations.Seulement,vous avez été negligeant quand aux comportements de vos parents.C’est la famille GUIRA qui dirigeait et faisait tout ce qu’elle voulait sans tenir compte du reste de la population ;en exemple,le lotissement à boromo a été réalisé sur la base familiale et celui qui voulait voir son nom sur le tableau devait etre une autorité ou verser une somme à tes frères ou cousin,en occurence le françois compaoré de boromo(BOUBA).BOROMO aurait pu être parmi les villes moyennes si le lotissement avait été fait dans les normes et dans le temps.Bon repos à toi et pitié aux gens de boromo si BOUBA devient maire

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