Ce département souligne également que Moscou a averti, à maintes reprises, Washington sur les activités « suspectes » de l’USAID, notamment dans le Caucase du Nord. Une région minée par une rébellion islamiste armée, où les Organisations non gouvernementales (ONG) dénoncent régulièrement des exactions de la part des forces de sécurité russes. Prenant connaissance de cette « regrettable » décision, les autorités américaines n’ont pas tardé à réagir. "Les Etats-Unis ont appris la décision du gouvernement russe de mettre fin aux activités de l’USAID en Russie.

Nous sommes fiers des résultats obtenus par l’USAID en Russie, ces vingt dernières années et nous continuerons de coopérer avec nos partenaires et employés en vue de mener au bout les programmes de l’USAID ou de transmettre les compétences", a déclaré la porte-parole du département d’Etat américain, Victoria Nuland. Et d’ajouter : « Bien que la présence physique de l’USAID en Russie touche à sa fin, nous poursuivons notre mission de soutien à la démocratie, aux droits de l’homme et au développement d’une société civile saine en Russie, et souhaitons toujours coopérer avec les ONG russes". Pour l’analyste politique, Victor Kremeniouk, "cette décision est un geste visant à détériorer les relations entre la Russie et les Etats-Unis".

« Le Kremlin poursuit sa ligne dure et suit la voie de Loukachenko", a soufflé de son côté, l’expert Louri Korgouniouk, en référence à l’autoritaire président bélarusse, Alexandre Loukachenko. L’annonce de la fin des activités de l’USAID n’est pas non plus une bonne nouvelle pour certaines ONG russes, qui se voient en premières victimes. Elles ont indiqué « craindre » pour leur avenir, puisque l’aide financière « significative » de l’agence américaine y est pour beaucoup dans la réalisation de leurs activités. Depuis la chute de l’Union soviétique en 1991, note-on, l’USAID a dépensé 2,7 milliards de dollars en Russie dans divers projets, tels que la lutte contre le SIDA ou la protection de l’environnement. Sans compter le soutien aux ONG de défense des droits de l’homme !

En réalité, l’interdiction des activités de l’USAID en Russie intervient, sur fond de durcissement du régime, depuis le retour au Kremlin en mai 2012 de Vladimir Poutine. Celui-ci, faut-il le rappeler, fait face ces derniers temps à une contestation d’opposants, laquelle dure depuis son arrivée au pouvoir il y a 12 ans. Ayant un goût prononcé pour le pouvoir (il en a même fait un jeu de passe-passe avec son prédécesseur Dimitri Medvedev), le président russe voit le mal partout. Même chez l’ « ennemi » américain. Il n’est un secret que les relations américano-russes ne sont pas vraiment au beau fixe, depuis deux ans. Elles butent, entre autres, sur la question du bouclier antimissile en Europe de l’Est et la crise syrienne, qui bat actuellement son plein.

Et il est évident que la suspension des activités de l’USAID en Russie ne va pas améliorer les liens entre les deux pays. Les désaccords sur des questions internationales majeures sont déjà patents, et ne feront que s’accroître avec ce revirement. Les Américains ne détiennent-ils pas maintenant la preuve palpable de la « haine » que l’ancien colonel des services secrets russes, Vladimir Poutine voue à leur égard ? Il n’y a pas l’ombre d’un doute. Aussi le président russe ne veut-il pas montrer clairement que les Etats-Unis veulent « déstabiliser » son régime en procédant tapis dans l’ombre.

C’est sans équivoque. En somme, il est fort à craindre que les relations américano-russes ne se détériorent sérieusement dans les prochaines semaines, au point d’engendrer une rupture. La crise de confiance est tellement aigüe, que l’on se pose mille et une questions au sujet des liens entre les deux pays. Puissent les jours à venir nous situer davantage sur ce feuilleton.

Kader Patrick KARANTAO (stkaderonline@yahoo.fr)

Sidwaya