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Ram Ouédraogo : « Les élections doivent se tenir impérativement le 2 décembre »

Publié le dimanche 2 septembre 2012 à 22h38min

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Ram Ouédraogo : « Les élections doivent se tenir impérativement le 2 décembre »

Les élections couplées législatives et municipales du 2 décembre 2012 avancent à grands pas. Au sein des états-majors des partis politiques, l’heure est aux préparatifs pour aborder sereinement ces échéances électorales. C’est le cas notamment au Rassemblement des écologistes du Burkina Faso (RDEBF). Le président du parti, Ram Ouédraogo, présente dans cet entretien les enjeux et les défis que le RDEBF compte relever au cours des compétitions électorales à venir.

Fasozine.com : Quel est l’état d’esprit du RDEBF à quatre mois de la tenue des élections législatives et municipales couplées ?

Ram Ouédraogo : Nous nous portons très bien au RDEBF. Nous sommes un parti écologiste et chaque jour que Dieu fait nous avons toujours quelque chose à faire. En dehors des questions politiques, nous sommes des acteurs de développement avant tout. Nous sommes sur le terrain 365 jours sur 365. Nous n’attendons pas les élections pour agir. Les meilleures stratégies sont celles qui sont silencieuses. Nous travaillons tous les jours sur le terrain pour coller à la réalité et être plus proche des populations. Pour le moment c’est le porte-à-porte, c’est le marquage serré. Très bientôt vous aurez le résultat de notre travail.

Pourquoi avoir choisi comme thème de votre congrès ordinaire en 2011, « Elections couplées 2012 : quels enjeux pour le RDEBF » ?

Dans le monde entier, les écologistes ont le vent en poupe. Au Sénégal, en France au Mexique… Les enjeux pour les écologistes aujourd’hui, y compris en Afrique, c’est d’être dans les sphères de décisions. Mais nous, au Burkina, en dehors de quelques conseillers municipaux que nous avons, nous ne sommes ni au Gouvernement, ni à l’Assemblée nationale. Et pourtant, nous sommes de ceux qui travaillent sur le terrain. Il faut que tout ce travail se traduise en termes de suffrages. Il n’est pas question que les écologistes ne soient pas au Parlement où l’on décide, où l’on parle de la vie de la Nation. Nous ne sommes pas à l’Assemblée nationale parce que nous avons été victimes de beaucoup de cabales.

Il est vrai que le combat politique est dur et qu’il ne faut pas être naïf. C’est à nous de nous battre. Cette fois-ci, il est impératif que les écologistes arrivent à l’Assemblée. Si possible que nous puissions avoir des mairies. A défaut, que nous ayons beaucoup de conseillers municipaux afin de pouvoir influencer la gestion de la cité au profit des populations.

Des partis demandent le report des élections couplées en 2013, quel est votre avis ?

J’ai un avis très tranché sur la question : Les élections couplées doivent se tenir impérativement le 2 décembre 2012. Elles ont déjà été reportées (elles devraient se tenir en mai dernier, Ndlr). Il n’est pas question encore de repousser les élections pour permettre aux mêmes personnes de rester scotchés au pouvoir. L’actuelle Assemblée nationale est dominée par le CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès, au pouvoir, Ndlr). Ils ont fini leur mandat, mais celui-ci a été prorogé. Le gouvernement n’est composé que des membres du CDP et de la majorité présidentielle.

Si les élections doivent être reportées en 2013, on devra encore les supporter. Il est vrai que quelques partis ont demandé le report, arguant de la nécessité d’enrôler le maximum de personnes. Mais je pense que la démocratie est perfectible. Nous avions moins de deux millions d’inscrits pour la présidentielle en 2010. On se retrouve aujourd’hui avec un peu moins de quatre millions et demi d’inscrits sur un potentiel de huit millions. Ce n’est déjà pas mal puisque, à l’occasion d’autres échéances électorales, on pourra continuer à consolider le fichier électoral.

Le RDEBF prévoit-il d’aller aux élections en alliance avec d’autres partis ?

Non. Il y a près d’une centaine d’associations de femmes et de jeunes qui travaillent avec nous. Nous sommes donc rassemblés, comme le nom de notre parti l’indique, et nous avons plein de monde avec nous. Nous nous sommes battus depuis des années pour des alliances ou des coalitions. Malheureusement, toutes nos tentatives ont été vaines. Depuis 1991 ! Pour la petite histoire, dans les années 90-91, nous avons travaillé avec les partis regroupés au sein de la Coordination des forces démocratiques (CFD). Quand nous avons échoué à obtenir une Conférence nationale souveraine, nous avons fait la proposition, pour les législatives de 1992, de faire des listes communes pour aller aux élections.

Je vous assure que nous avons fait le pied de grue devant le siège du RDA (Rassemblement démocratique africain) présidé à l’époque par Gérard Kango Ouédraogo. Les « grands partis » de l’époque, le RDA, la Convention nationale des patriotes progressistes/Parti social démocrate (CNPP/PSD) et l’ADF (Alliance pour la démocratie et la fédération), nous ont fait marcher avant de déserter le siège du RDA, justement pour ne pas faire des alliances. Evidemment, le résultat à l’Assemblée des députés du peuple (ADP, la dénomination du parlement à l’époque, Ndlr) n’était pas bon pour l’opposition. En 1997, nous avons encore tenté, avec le Parti pour la démocratie et le progrès du professeur Joseph Ki Zerbo et le Bloc socialiste burkinabè, parti sankariste de Nongma Ernest Ouédraogo. Là aussi ce fut l’échec. Depuis ce jour, nous avons pris la ferme résolution de ne plus faire une quelconque alliance structurée.

Cependant, nous avons tenté, il y a environ deux ans, de formaliser une autre coalition pour préparer les élections. Nous avons travaillé dur pour mettre sur pied une coalition, mais au moment fatidique, tous les partis ont disparu, sauf un : celui des refondateurs du CDP.

Qu’est-ce qui vous empêche par exemple d’aller sous la bannière des Refondateurs ou en coalition avec les autres partis qui se réclament de l’idéal écologique ?

Nous sommes dans un regroupement (la Refondation) depuis près de trois ans. L’objectif de la refondation est d’obtenir des avancées démocratiques. C’est pour cette raison que nous sommes allés au Conseil consultatif sur les réformes politiques. Nous y avons obtenu quelques avancées démocratiques. Mais rien ne dit que nous sommes liés par un quelconque sort pour aller à des élections ! Cependant, au sein du groupe, j’ai fait la proposition depuis un an et demi…
Tous les autres partis écologistes qui existent au Burkina ont disparu. Les vrais écologistes ont inscrit leur action dans la durée : c’est de la formation, de la patience, beaucoup de sacrifices, de souffrance et surtout de courage. Ceux qui sont partis n’ont pas été endurants. Ils nous ont quittés et ont crée des partis. Ils n’ont pas voix au chapitre aux plans africain et international parce que nous avons, au niveau de la Fédération des Verts d’Afrique, un texte stipulant que dans un pays on ne pas compter deux partis écologistes.

L’une des causes de mésentente au sein des partis, à l’approche d’élections, c’est le choix et le positionnement des candidats sur les listes. Quelle stratégie votre parti a-t-il retenu pour éviter les dissensions internes ?

Il faut que les gens soient réalistes. On ne met pas quelqu’un à la tête d’une liste parce qu’il est beau. Il faut qu’il soit crédible, qu’il soit un militant convaincu. Il y a des gens qui se battent sur le terrain…

Avez-vous érigé des critères pour classer les candidats ?

Ce sont des critères d’intégrité, d’honneur, de dignité, de patience, de courage, de don de soi. Et il faut être un farouche partisan de la non-violence. Nous nous connaissons. Nous travaillons ensemble depuis des années. Ceux qui sont performants sur le terrain, convaincus, fidèles, qui ont inscrit leur action dans la durée sont ceux que l’on peut coopter. Nous avons par exemple déjà eu des primaires dans notre parti qui ont permis de départager deux dames en concurrence pour le même poste. Nous avons, dans un premier temps, tenté la conciliation et comme cela n’a pas marché, nous sommes passés au vote. Il y a des litiges que nous devons arbitrer et nous allons les régler au plus tard le 10 septembre prochain. Notre différence avec le parti au pouvoir, c’est que celui-ci rassemble les dossiers de tous les prétendants retenus pour arbitrer ensuite.

Nous avons moins de difficultés car il n’y a pas de bousculade. Nous ambitionnons d’être dans les 45 provinces, mais nous auront peut-être des problèmes pour avoir des candidats : vous comprenez, il n’y a pas à boire et à manger chez nous comme ailleurs.
Notre parti ne fera ni T-shirt, ni casquettes. Aucun gadget publicitaire pour les écologistes. Cela même pour être conforme avec nos convictions. Au cours des travaux du CCRP, nous avons demandé la suppression pendant les campagnes de tous les objets de la corruption. Le CDP et ses amis ont bien sûr refusé. Nous allons nous appuyer sur notre programme.

Le RDEBF sera-t-il en mesure d’honorer le quota de 30% de femmes comme l’exige la loi ?

Nous n’avons pas ce problème. Les écologistes ont toujours prôné la parité homme-femme. Sur les listes que nous allons présenter, vous verrez la parité. Cependant, je suis contre le quota genre. Tout doit se passer sur la base de la compétence et du mérite. Imposer des femmes parce que ce sont des femmes ne va pas faire avancer la cause de celles-ci. Il faut qu’elles se battent pour mériter. Ce qui est sûr, nous allons respecter le quota car il y a tout à gagner (rires). Il y a un bonus de financement en cas de respect et pour les partis pauvres comme le nôtre, ce n’est pas mal.

Quelles sont les réelles chances du RDBEF pour ces élections ?

Ces élections seront très rudes surtout pour le parti au pouvoir, car il est aux affaires. De même, les opposants indélicats, qui font des entourloupes en pensant qu’on ne les voit pas, vont également payer.

Les gens sont assis dans leurs fauteuils chez eux mais ils observent et analysent.

Cette fois-ci, si les élections sont un peu transparentes, nous jouerons notre partition. Je pense qu’avec la biométrie et le travail formidable que la Céni est en train d’abattre, sans compter que la conscience des citoyens s’éveille de plus en plus, nous allons peut-être tirer notre épingle du jeu. Nous allons nous battre. Si nous gagnons tant mieux. Et comme nous avons inscrit notre action dans la durée nous continuerons le combat si ce n’est pas le cas. Même si nous obtenons un seul siège de député à l’Assemblée nationale nous serons contents car il portera la voix des écologistes.

GUY YAMÉOGO

Fasozine

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