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OGM et barrages : en débat à l’Assemblée

Publié le mardi 9 novembre 2004 à 06h36min

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Deux questions orales avec débats étaient inscrites à l’ordre du jour de la 2e session extraordinaire de l’Assemblée nationale le vendredi 5 novembre 2004. L’une était relative aux mesures envisagées par le gouvernement pour réglementer le marché des semences et l’autre, au manque de petits barrages et retenues d’eau dans certaines provinces.

C’est le ministre des Ressources animales M. Alphonse Bonou qui a répondu aux deux questions en lieu et place de M. Salif Diallo empêché.

La première question, passée au peigne fin par le ministre Bonou est celle du député K. Madeleine Bonzi du groupe parlementaire du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Le député Bonzi a souhaité connaître les mesures idoines que le gouvernement envisage prendre pour réglementer le marché des semences et faciliter l’accès des groupements d’agriculteurs auxdits marchés. Cela, afin de permettre aux producteurs spécialistes de bénéficier du fruit de leur labeur. La deuxième question était : "Peut-on avoir un tableau des aménagements hydro-agricoles sur l’étendue du territoire national et qu’envisage le ministère pour remédier au manque de petits barrages et de retenue d’eau dans les régions qui s’y prêtent naturellement ?" Le député Toussaint Abel Coulibaly de la Convention des forces républicaines en était l’auteur.

M. Alphonse Bonou dira que le gouvernement vulgarise déjà les campagnes de productions des semences à travers la Semaine nationale du paysan (SNP). "Au cours de cette fête de l’agriculture, citera-t-il comme exemple, le président Blaise Compaoré, achète des semences pour les producteurs spécialistes pour les inciter à améliorer leur production". Le ministre Bonou, s’exprimant sur la confusion qui règne dans la vente des semences-graines, a regretté le fait qu’il n’y ait pas encore de législation pour la production semencière. Selon lui, "Il faut une législation globale afin d’éviter que tout le monde ne devienne vendeur de semences". Pour cela, un projet de loi sera soumis aux députés en ce sens d’ici la fin de l’année 2004 ou au début de 2005.

OGM ou semences améliorées ?

Après l’exposé du ministre, la parole a été donné aux députés par le président de séance, le deuxième vice président de l’Assemblée, M. Oubkiri Marc Yao. Les représentants du peuple ont posé des questions d’éclaircissement portant sur la production, la consommation et les conséquences des organismes génétiquement modifiés, baptisés au jour d’aujourd’hui "semences améliorées". Devant un hémicycle clairsemé, le ministre Bonou a affirmé qu’il y a un avantage certain à produire les semences améliorées. Car, dit-il, "Une plante améliorée apporte 40 % de rendement productif". A cet effet, comparées aux graines locales, les graines "modifiées" sont plus productives selon le ministre Bonou. De ce fait, elles ont des conséquences positives pour la production. Pour lui, "l’agriculture a toujours évolué par modification de germes".

Faisant le bilan des semences graines améliorées ventilées auprès des producteurs, le chef du département des ressources animales, dira que sur 3000 tonnes de semences, 1564 ont été placées dans 12 fermes reparties sur les 5 sites agricoles du pays. Ces semences sont le niébé, le maïs, le sorgho, le mil etc. Bref, toutes sortes de semences.

"La campagne 2004 ne sera pas déficitaire"

L’occasion faisant le larron, les députés ont interpellé le ministre sur la campagne agricole 2004 pour un bilan exhaustif. M. Adolphe Bonou a d’abord reconnu que 16 provinces sont déficitaires, les autres sont soient en équilibre, soient excédentaires. Cependant, "la campagne agricole ne sera pas déficitaire". Sa stratégie ? "Les provinces déficitaires seront ravitaillées par celles excédentaires". Et cela en fonction des besoins de chaque zone. Déjà, dira le ministre 500 tonnes de céréales ont été acheminées vers la région du Sahel pour stabiliser les prix qui commençaient à grimper de façon vertigineuse. Le bilan agricole exhaustif 2004 qui prend en compte les stocks de l’année dernière est positif. Alors pas de panique.

Une province, un barrage

C’est à 18h 15 mn que la réponse à la question du député Toussaint Abel Coulibaly retentissait dans l’hémicycle. A l’occasion, le ministre Alphonse Bonou a articulé son intervention autour de trois points. D’abord, le rappel historique de la construction des barrages et retenues d’eau, ensuite les réalisations physiques opérationnelles et enfin les perspectives d’évolution en matière de constructions de barrages et de points d’eau.

Ainsi, pour M. Bonou, depuis 3000 ans des barrages se construisent dans le monde. Au Burkina, cela a débuté il y a seulement 84 ans. Les barrages sont importants pour un pays au vu des retombées socio-économiques qu’ils engrangent. Ils servent à faire de l’agriculture, à approvisionner la nappe phréatique et à "désaller l’eau qui s’infiltre dans le sol".

Après le rappel historique, le ministre a décrit le tableau des aménagements hydroagricoles sur l’étendue du territoire. Il a cité les barrages, leur date de création, leur capacité et leur fonction région par région, disons province par province. Au total, il existe 1468 retenues d’eau sur l’ensemble du territoire national dont 632 points d’eau permanents. De nos jours, 874 barrages ont été construits soit par des organisations non gouvernementales (ONG), soit par des associations et ou des organisations charitatives. Expliquant les déséquilibres dans la répartition des cours d’eau sur le territoire national, le ministre Bonou dira que le rythme de réalisations des barrages dépend de la dynamique des associations et des partenaires au développement. Aussi, des difficultés dues au coût d’investissement ne permettent-elles pas à l’Etat de faire face à la construction des points d’eau."Il ne faut pas moins de 100 millions de francs CFA pour la construction d’un petit barrage" souligne le ministre. Nonobstant cet état de fait, la réalisation d’un barrage ne se fait pas sur n’importe quel terrain. Des études notamment sur la biodiversité, l’hydrologie, la zone de ruissellement, la pluviométrie, la topographie, l’existence de bassin versant, de réservoir et de points d’encrage sur les deux rives ainsi que la géotechnique pour ne citer que ceux-là doivent auparavant être menées.

Pour combler le manque de barrage dans certaines provinces, le ministre a annoncé aux députés la construction prochaine, dans le cadre des perspectives de Burkina 2015, de 114 barrages réparties sur l’ensemble du territoire national. "A cette occasion chaque province aura au moins un barrage" dixit Alphonse Bonou.

397 milliards dans l’irrigation

Depuis 1970, le Burkina Faso connaît régulièrement à certaine période de l’année une pénurie d’eau. Pour remédier à ce problème, il est prévu dans le cadre du développement durable de l’hydraulique l’aménagement de 60 000 hectares de terres irriguées. A cet effet, 397 milliards de francs CFA seront débloqués à long terme pour la construction de cours d’eau et de barrages a annoncé le ministre Alphonse Bonou aux députés.

A l’heure où le SIAO battait son plein (18h 45) une portion congrue de députés entamait le débat avec le ministre des ressources animales. Leurs préoccupations ont tourné autour des ressources et des besoins en eau du Burkina Faso et le problème d’aménagement des barrages endommagés.

A ces questions, le ministre a répondu que les besoins en eau du pays sont difficiles à quantifier parce que ceux-ci intéressent non seulement les hommes, mais aussi les industries et les animaux. Cependant, le Burkina possède comme ressource 8 milliards de m3 d’eau de surface et 9 milliards de m3 d’eau souterraine. Quant à l’aménagement des barrages endommagés, le ministre a révélé qu’il est prévu l’aménagement d’un barrage chaque année par son équipe. Alors, le barrage de Douna fera peut-être, selon le ministre, l’objet d’une visite l’année prochaine en vue de son éventuel réaménageaient.

La poignée de députés qui restait à la fin des débats à 19h 45 mn ont unanimement salué la précision des réponses du ministre Alphonse Bonou sur les barrages et retenues d’eau existants à travers le Burkina Faso.

Daouda Emile OUEDRAOGO
Sidwaya

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